Le siècle des Lumières et le désir des libertés

1700-1815

V- NAPOLEON OU LE REVE IMPERIAL

1) L'Empire français

Fort de sa popularité, Napoléon Bonaparte décide de renverser le Directoire en fomentant un coup d'Etat. Au lendemain des 18 et 19 Brumaire an VIII (9/10 novembre 1799), le nouveau chef de l'Etat s'appelle Napoléon Bonaparte et va diriger la France pendant près de seize ans.

La Constitution de l'an VIII (1800) fait de Bonaparte le Premier consul, élu pour une durée de dix ans. Par plébiscite, il se fait proclamer Consul à vie en 1802 ; puis le 2 décembre 1804, Napoléon Bonaparte est sacré Empereur héréditaire sous le nom de Napoléon Ier , après un plébiscite qui lui avait donné 3,5 millions de « oui » contre 2580 « non ».

Après dix années de révolution qui ont bouleversé le pays, l'essentiel de la politique de Napoléon , dès l'an VIII est de retrouver un équilibre, de stabiliser la France, tout en inscrivant l'idée révolutionnaire dans la continuité. Il maintient en effet les principaux acquis de 1789. Il autorise le retour des noble qui s'étaient exilés après 1789 et leur propose un nouveau régime : l'Empire.

La première chose que demandent alors les Français est la paix car la guerre dure depuis 1792. La France signe d'abord la paix avec l'Empire d'Autriche à Lunéville en 1801, puis avec l'Angleterre à Amiens en 1802. La paix historique avec l'Angleterre est cependant fragile mais va contribuer à la prospérité intérieure. Napoléon veut aussi achever le conflit religieux qui règne depuis la Terreur. En 1801, il signe avec le Pape Pie VII le Concordat, qui reconnaît le catholicisme comme religion de la majorité des Français. Les prêtres sont rémunérés par l'Etat et l'Eglise renonce aux biens nationalisés. Napoléon Ier vient de rallier à lui les catholiques et une partie des royalistes à son régime.

En politique intérieure, les réformes de l'administration se poursuivent, ce qui renforce l'autorité du gouvernement. Avec les Code Civil de 1804, des principes clairs s'appliquent à toute la société française, reprenant certains principes de la Révolution comme l'égalité devant la loi. Dans le Code civil on retrouve aussi le renforcement du mari sur son épouse, du père sur ses enfants, mais suppression du droit d'aînesse. Napoléon nomme lui-même les fonctionnaires que la Révolution faisait élire. Il désigne un préfet à la tête de chaque département, chargé de « tout surveiller » : c'est une politique de centralisation. Napoléon Ier s'entoure aussi d'hommes compétents ; par le censure et la police, il contrôle tout le pays. Les lycées d'Etat, créés en 1802, forment des fonctionnaires dociles et qualifiés qui étudient les lettres classiques et prennent une discipline militaire.

La création de la Banque de la France, en février 1800, et la création d'une nouvelle monnaie, le franc germinal, en 1803, donne un vrai coup de fouet qui rend le pays prospère ; cette nouvelle monnaie stable durera jusqu'à la Grande Guerre. L'économie française est de nouveau sur le chemin du dynamisme.

La prospérité qui est revenue permet à l'Empereur d'être un mécène. Aimant le faste, il éblouit sa cour impériale à la manière de Louis XIV à Versailles ou d'un Empereur romain, comme lors de son sacre où il porte la couronne de laurier. Mais il veut aussi montrer qu'il est l'héritier direct de la Révolution : l'aigle impérial, symbole de l'Empire, se trouve au-dessus du drapeau français tricolore. Une fois de plus, la France fait figure de modèle dans les autres cours royales européennes.

2) L'Europe napoléonienne

Dès 1803, l'Angleterre rompt la fragile paix d'Amiens, en prétextant la politique impérialiste menée par la France aux Antilles, en Italie et en Suisse. L'Angleterre prouve par la bataille de Trafalgar, le 21 octobre 1805, qu'elle est toujours la maîtresse des mers, Nelson remportant ce jour-là une victoire sur la flotte franco-espagnole. Mais la suprématie anglaise n'est pas de même sur le sol. Aussi, elle préfère financer et mettre sur pied des coalitions en sollicitant les autres puissances européennes. L'Angleterre arrive à convaincre la Russie, la Prusse, et l'Autriche notamment.

Napoléon Ier écrase l'armée autrichienne et russe à Austerlitz (2 décembre 1805) et remporte une série de victoires contre les Russes et les Prussiens à Iéna (14 octobre 1806), Friedland (14 juin 1807) et à Wagran (5-6 juillet 1809). Ayant tenter d'envahir l'Angleterre en 1805 en montant le camp de Boulogne, il doit abandonner lorsqu'une Troisième coalition est lancée, fruit des anglais. Napoléon Ier , maître sur le continent décide le Blocus de Berlin, qui a pour but d'asphyxier l'économie anglais. Cela s'avère efficace mais pas décisif.

L'apogée de l'Empire napoléonien se situe dans les années 1810/1811. Napoléon Ier règne sur un pays qui compte désormais 130 départements : Amsterdam, Hambourg, Rome, Bruxelles sont des préfectures françaises. En 1805, il devient roi d'Italie et dissout le Saint-Empire Romain Germanique en 1806. A la place, une confédération du Rhin dont le Protecteur est l'Empereur. Enfin, il place sur les trônes des Etats-satellites ses frères et sours. Ainsi, Joseph Bonaparte devient roi de Naples puis d'Espagne, Jérôme roi de Westphalie, et Louis roi de Hollande. L'on se demande où s'arrêtera cet empire gigantesque, qui ne fait pourtant pas l'unanimité, les résistances se faisant sentir.

Menacés, beaucoup rejoignent les nouvelles coalitions pour combattre l'ennemi français. De plus, Napoléon va commettre plusieurs erreurs dont celle d'envahir l'Espagne en 1808. Les soldats français sont combattus par de simples paysans et ne s'en sortent pas. L'Espagne s'enflamme ; c'est la guérilla. C'est le premier échec de la Grande Armée. L'Empereur, trahi par le Tsar Alexandre Ier, veut se venger. En 1812, il commence la désastreuse campagne de Russie, qui se termine par la retraite française, avec des pertes de soldats conséquentes. L'Empire napoléonien en sort affaibli. Une sixième coalition, composée de presque tous les pays européens, défie à nouveau Napoléon et envahit la France, en 1814. Napoléon est forcé d'abdiquer le 6 avril 1814. Il s'exile sur l'île. Louis XVIII , frère de Louis XVI , est appelé à restaurer la monarchie.

3) Le congrès de Vienne

Une fois Napoléon tombé, les Alliés victorieux décident de se réunir pour redessiner l'Europe. L'Autrichien Metternich, le Britannique Castlereagh et le Français Talleyrand sont les acteurs principaux, secondés par le Tsar Alexandre Ier lui-même. Cependant, Napoléon s'enfuit de l'île d'Elbe et revient en France, désertée par le roi Louis XVIII . Le congrès est interrompu. Le retour de Cent-Jours de Napoléon s'achève par la défaite de Waterloo, le 18 juin 1815 face aux Anglais de Wellington et les Prussien de Blücher.

Le congrès de Vienne reprend mais déçoit les Etats allemands qui avaient contribué à la victoire et qui désireraient devenir indépendants. La France reste suspecte. La Hollande, quant à elle, s'unit aux Provinces-Unies et forment le royaume des Pays-Bas pour mieux se protéger. Le congrès de Vienne voit surtout la volonté des monarques européens de revenir au passé avant 1789. Mais les bouleversements qu'a connus l'Europe laissent des traces indélébiles...

4) L'impact de la Révolution française

Pour les monarques européens, Napoléon est avant tout le fils de la Révolution, qui constitue un tout de 1789 à 1815. En France, l'on souligne plus volontiers qu'il a trahi les idéaux de liberté qu'elle affirmait ; mais d'autres comme Robespierre ont fait autant... Il est à noter que le stabilité intérieure dans la durée est bien le fruit de Napoléon , et qu'il concrétise ainsi l'ouvre de la Révolution. Il est certain que la restauration de la monarchie constitutionnelle, en 1815, n'est pas, grâce à Napoléon , un retour à l'Ancien Régime.

La Révolution française a eu des répercussions considérables en Europe. Pendant plus de vingt ans, des idées nouvelles synonymes de liberté et d'indépendance ont voyagé en Europe grâce à l'influence française. De nombreux pays se sentent maintenant « patriotes » dans leur pays. Par exemple, les Irlandais chantent la Marseillaise quand ils combattent les Anglais. Avec l'Empire, on arrive même à une tentative de créer une Europe unie, par la force certes, une Europe française différente de celle des Lumières.

Même si cette tentative a échoué, en suscitant chez les occupés le sentiment de nationalisme, les Français ont tout de même laissé en partant leur système de droits, qui survit après leur départ. Des débats politiques donnent une place de premier ordre aux notions de patrie, de peuple, de nation et de liberté individuelle.

L'invasion de la péninsule a aussi d'autres conséquences. Le roi du Portugal doit se réfugier au Brésil en 1822, alors que le pays déclare son indépendance et proclame la République, reconnu en 1825. Les colonies espagnoles refusent de reconnaître Joseph Bonaparte roi d'Espagne et restent fidèles aux souverains Bourbons. Mais ce loyalisme au retour de Ferdinand VII sur le trône en 1813 n'est pas récompensé. Les colonies se révoltent et proclament leur indépendance en trois années.

A Mouvaux le jeudi 22 juillet 2004,

Benjamin HUS

SOURCES : Histoire de l'Europe par 14 historiens, Hachette Editions

RETOUR

© 2004 - 2005   Bonhus & Manuvb   Tous droits réservés