Sa biographie

(Ajaccio, Corse, 1769- Longwood, Sainte-Hélène, 1821)

I - Naissance et apprentissage d'un soldat

1) Le patriote corse

Napoleone Buonaparte naît le 15 Août 1769 à Ajaccio. Fils de Carlo Maria et de Marie Letizia Ramolino, Napoléon est issu d'une famille corse de petite noblesse, second enfant d'une famille qui en comptera 12, et dont 8 atteindront l'âge adulte : un sera Empereur et quatre seront roi ou reine. Le patronyme de Buonaparte, le nom de Napoléon à sa naissance, est assez commun en Italie. Il a été attribué au cours des guerres civiles des XIIe et XIIIe siècles à ceux qui étaient du bon parti, d'où Buona parte. Il naît un an après l'achat de la Corse par Louis XV (1715-1774) à la République de Gênes. Son père, Charles, avocat, a lutté pour l'indépendance de la Corse contre les troupes royales au côté de Pascal Paoli jusqu'à la défaite décisive de Ponte-Nuovo. Enfant turbulent, querelleur, orgueilleux, "Corse de caractère et de nation", mais néanmoins songeur et taciturne, il n'admet pas l'annexion de son île et rêve de libérer la Corse de la domination française. Il admire Paoli, le champion de l'indépendance. Mais en 1793, il se brouillera avec son héros et devra quitter son île.

2) L'éducation de Napoléon Bonaparte

La famille Bonaparte ne peut assurer financièrement l'enseignement de ses enfants. Ainsi, Charles sollicite du roi de France des Bourses d'études pour l'éducation militaire de ses fils. Celles-ci sont accordées afin de récompenser le ralliement de la noblesse corse à la France.

Le 15 Décembre 1778, Charles Bonaparte, nommé député de la noblesse aux Etats-Généraux de Corse près du roi Louis XVI (1774-1792), emmène ses deux fils, Joseph et Napoléon, sur le continent français. Le 1er janvier 1779, les deux frères partent étudier au collège d'Autun. L'un sera prédestiné à la carrière ecclésiastique, l'autre vers les armes. Le 15 mai 1779, Napoléon entre au collège militaire de Brienne. Il a pour maître de quartier le futur général Pichegru. Il y affirme son caractère et subit les moqueries de ses camarades de classe ("la paille-au-nez"...). Excellent dans le domaine des mathématiques, il décroche sont diplôme de fin d'étude qui lui permet de rentrer à l'école royale militaire de Paris, en octobre 1784, puisque son interrogateur, Reynaud des Monts, l'a jugé apte à entrer. On l'imagine destiné à rejoindre la marine. Il en sera tout autre. Réservé, taciturne, absorbé par ses études et ses lectures (Plutarque, César, etc...), ce jeune homme étonne ses maîtres. L'élève officier Bonaparte, excellent en Mathématiques, néglige l'orthographe, et tout ce qui ne l'intéresse pas, conservant une écriture déplorable. Le 28 octobre 1785, Napoléon quitte l'école militaire, 42e promu sur 58, et, à l'âge de 16 ans, est reçu qualité de lieutenant en second dans le régiment d'artillerie de la Fère et affecté en garnison à Valence, dès le 3 Novembre. Néanmoins, 1785 est marquée par la mort, d'un cancer de l'estomac, de son père. Celui-ci laisse à son fils Napoléon le soin de prendre la défense des intérêts familiaux et de sacrifier toute sa solde de soldat pour l'entretien de ses frères et sœurs. En fait, Napoléon joue le rôle de l'aîné à la place de Joseph.

Il est doué pour les Mathématiques, dévore des traités d'art militaire, et lit les philosophes comme Rousseau, Montesquieu ou encore Voltaire, et les grands penseurs politiques (Mirabeau, Neckder, etc...). Son caractère farouche d'insulaire le rend insociable, fondeur , sauvage et silencieux avec ses condisciples, dans une métropole où ils se sent longtemps étranger.

Le 15 Septembre 1786, Napoléon, qui a obtenu une permission, arrive en Corse et retrouve ainsi toute sa famille. Pendant près d'un an, il va aider sa famille, et surtout sa mère, qui élève seule huit enfants. En septembre 1787, il quitte la Corse et arrive à Paris le 9 Novembre. Entre Novembre 1787 et janvier 1788, Napoléon erre dans les rues de Paris et découvre peu à peu la capitale. Napoléon fait peu de rencontre à cause de son aspect physique repoussant : visage creusé, cheveux raides, etc..., il a tout pour plaire ! Lors d'une de ses nombreuses et longues sorties, il rencontre au Palais-Royal une prostituée avec qui (selon ses propres récits) il aurait été dépucelé ; il a dix-huit ans.

En janvier 1788, il retourne en Corse et s'implique un peu à la vie politique de son île. Mais, dès juin 1788, Bonaparte rejoint son régiment à Auxonne et prend Louis, son jeune frère, avec lui pour diriger son éducation. Si l'on excepte une permission d'un an, qu'il passe dans son île, il mène jusqu'en 1789 une monotone et sage vie de garnison, meublant ses loisirs par des lectures. Tenté, peut-être, de se faire un nom dans la littérature, il écrit. en particulier, il commence à rédiger une histoire de la Corse qui révèle son attachement à sa terre natale et à son indépendance, et où il revendique le droit des Corses à l'insurrection contre la domination français. Car, officier du roi, le jeune Napoléon ne se sent pas Français (du moins, pas encore), et Paoli, le nationaliste corse, qu'il n'a jamais rencontré, est son idole.

La Révolution le surprend à Auxonne, où son régiment est cantonné. Bonaparte se réjouit du 14 juillet, qui porte un coup décisif à la monarchie absolue et à ses suppôts, mais en même temps il s'en inquiète, car la méfiance et le mépris pour la "populace" - qui resteront un trait dominant de sa personnalité, sont déjà bien ancrés dans le coeur du jeune officier. Corse nationaliste, au service du roi de France, Bonaparte veut profiter de la Révolution pour satisfaire des ambitions personnelles qui semblent alors démesurées. A cette fin, il demande et obtient un congé. De quoi s'agit-il ? De devenir le patron de la corse en poussant des membres de sa famille aux postes clés.

3) Le jeune officier français

Napoléon, arrivé dans l'île en 1789, fomente la révolution, provoque des émeutes, avec l'aide de son frère Joseph. Il fait élire un de ses cousins à la mairie d'Ajaccio. Lui-même vise le commandement de la garde nationale et prévoit, pour son frère Joseph des fonctions de premier plan qui permettraient à son clan de s'implanter solidement. Le retour d'Angleterre du patriote corse Paoli, amnistié, fait échouer ses plans. Les paolistes sont méfiants à l'égard des Bonaparte, trop compromis avec le régime français. Napoléon doit rejoindre son régiment. En juin 1791, il est à Valence, où il milite activement au club des Amis de la Constitution, filiale des Jacobins de Paris, dont il devient même le président. Il n'a pourtant pas renoncé à ses ambitions corses. En septembre 1791, il est de nouveau dans l'île, mais ses rêves s'effondrent : les paolistes font échouer la candidature de Joseph à l'Assemblée législative.

En 1792, la guerre éclate. Un combat inégal s'engage alors entre le clan Bonaparte, partisan de la Convention et ami du très jacobin Faliceti, et les Paolistes, hostiles à la Convention, qui méditent de livrer la Corse aux Anglais. La population s'insurge et les Bonaparte, déconsidérés aux yeux de leur compatriotes, doivent s'enfuir après avoir vu leur maison saccagée. Le rêve corse est terminé. Ils quittent l'île le 11 juin 1792. Deux jours plus tard, les Bonaparte débarquent à Toulon.

Ayant rejoint son régiment à Nice, Napoléon Bonaparte trouve dans le siège de Toulon (aux mains des Anglais et des contre-révolutionnaires) l'occasion de se faire remarquer par les représentants en mission et de réussir une première campagne qui le tire de l'anonymat. Nommé en septembre 1793 commandant de l'artillerie de l'armée chargée de mater la révolte dans le Midi et à Toulon, il imagine un plan hardi pour s'emparer de la ville et, le 18 décembre 1793, les Anglais évacuent Toulon.

Élevé après cet exploit au grade de général de brigade, il bénéficie de la protection des représentants en mission, et surtout de celle de Robespierre le Jeune (Augustin), frère de l'Incorruptible. Ce dernier pour lequel Bonaparte éprouve une vive sympathie, soutiendra désormais le jeune général.

Envoyé à Nice pour préparer une expédition contre la Corse, passée aux Anglais, il conçoit un plan beaucoup plus ambitieux qui permettrait de frapper le principal ennemi continental, l'Autriche, et qui lui assurerait en même temps une grande réputation : une expédition contre l'Italie.

Il multiplie les rapports au Comité de Salut Public pour le convaincre de l'efficacité de son plan et obtient le soutien de Augustin Robespierre, mais se heurte à l'opposition de Carnot qui a d'autres objectifs et songe à prendre l'offensive contre l'Espagne. Aussi, Napoléon multiplie-t-il les démarches pour arriver à ses fins lorsqu'une catastrophe survient. Le 9 Thermidor An II ( le 27 juillet 1794), la chute de Robespierre marque l'anéantissement de ses ambitions. De plus, Bonaparte est mis en état d'arrestation le 9 août, accusé de traiter avec l'ennemi. Une incarcération qui fut brève, car il est vite disculpé puis remis en liberté le 20 Août 1794.

Benjamin HUS

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