Sa biographie

(Lille, 1890 / Colombey-les-Deux-Eglises,1970)


Avec la précieuse aide de l’Amiral Philippe de Gaulle qui m’a fait l’honneur d’apporter quelques précisions sur des faits concernant le Général, son père, et notamment la Résistance.

L'artisan de notre France

Plan :

III - Le fondateur de la Ve République : la traversée du désert

Aspect physique
Attitude
Le RPF (1947-1953)
L'âge gaullien : 1958-1962

 

III - Le fondateur de la Ve République : la traversée du désert

1945 est loin d'être une année d'insouciance. Certes, l'Allemagne vient de signer la capitulation. A Reims d'abord, le 7 mai, et à Berlin, le 8. Mais la France n'a pas été invitée à l'ouverture de la Conférence des Vainqueurs à Yalta, et de Gaulle s'en affecte assez pour refuser la proposition que lui fait Franklin Roosevelt d'une rencontre à Alger. Si la carte du monde de demain veut se faire sans lui, il obtient néanmoins par Churchill que la France soit membre de droit du Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies (ONU).

En France, les signaux politiques ne donnent guère d'optimisme. Libérateur du territoire, chef de l'exécutif, de Gaulle se heurte au système des partis, qu'il a contribué à ranimer en 1943 après l'échec de la création d'un grand parti de la Résistance. Après le référendum du 21 octobre 1945 approuvant le projet de Constitution qu'il appuie, de Gaulle doit surmonter une grave crise politique au sein du gouvernement "tripartite". Certes, la consultation du peuple comportait deux questions : "Voulez-vous que l'Assemblée élue ce jour soit constituante ?" et "S'il y a une majorité de oui à la première question, approuvez-vous l'organisation provisoire des pouvoirs publics organisée par le gouvernement ?", celle-ci n'en est pas moins une réussite (96 % de "oui" à la première, 66 % à la deuxième) ce qui crée des hostilités. Dès le 15 novembre, Maurice Thorez du Parti Communiste exige, en tant que premier parti de France, obtenir l'un des trois ministres clés, à savoir, la Défense nationale, l'Intérieur ou les Affaires Étrangères.

De Gaulle refuse et le PC renonce à ses exigences après que le Général menace d'en appeler le peuple. Pourtant, une nouvelle crise au sein du gouvernement se produit. L'homme du 18 juin est convaincu de l'impossibilité de faire coexister "régime des partis" et "intérêts de la Nation". Aussi, de Gaulle annonce brusquement le 20 janvier 1946, sa décision de se retirer.

Après être resté quelques mois à l'écart de la vie politique, de Gaulle fait sa rentrée lors de son discours de Bayeux, en juin 1946, au cours duquel il expose dans un discours programme les grandes lignes de son projet de Constitution, préfiguration de celui de 1958, s'opposant au projet adopté en octobre 1946 lors de la fondation de la IVe République. En effet, Charles de Gaulle est un adversaire résolu du "régime des partis". En avril 1947, il annonce à Strasbourg la création du Rassemblement du Peuple Français (RPF), dont le courant conservateur devient vite dominant.

- Aspect physique -

Charles de Gaulle mesure 1m92, avec de grands pieds, de grandes mains, et un grand nez. La taille lui vaut d'être surnommé à Saint-Cyr "la grande asperge", "le dindon", le "saut-en-hauteur", "double mètre".

Son allure gauche se transformera avec l'âge et deviendra majestueuse. Sa taille influence son comportement : ainsi, ses examinateurs à l'École de Guerre lui reprochent-ils de "le prendre de haut".

- Attitude -

Au moral, un caractère solitaire et impérieux, une nature passionnée, impitoyablement disciplinée. Il y a en lui deux personnages : - l'homme privé et - l'homme public (dont il parle de lui-même à la 3e personne en disant "de Gaulle"). L'homme privé est capable de bonhomie, gai, appréciant les plaisanteries même triviales. Les goûts sont simples. Il aime les promenades à pied dans la campagne, les réunions de famille, la cuisine bourgeoise (pot-au-feu, potée lorraine, bœuf bourguignon et un fromage du Nord, la mimolette). Il lit beaucoup (Samain, Bergson, Valéry, Maurras, Flaubert, Racine...) mais son livre préféré est Les mémoires d'Outre-Tombe. Doué d'une mémoire prodigieuse, il peut réciter des passages entiers de classique par cœur, mais il écrit lentement, et avec difficulté. Dès l'enfance, il témoigne d'un très mauvais caractère, détestant perdre au jeu (plus tard, il trouvera difficilement des partenaires au bridge).

- Le RPF (1947 - 1953) -

Le 7 avril 1947 à Strasbourg, Charles de Gaulle déclare officiellement la naissance du Rassemblement du Peuple Français (RPF) : une entreprise de mobilisation nationale, une nouvelle Résistance. Trois semaines après sa création, le 1er mai 1947, le RPF annonce 810 000 demandes d'adhésion, le 5 octobre 1947, il compte 1 500 000 membres. Les 19 et 26 octobre de la même année, le RPF remporte un large succès aux élections municipales. Dans les communes de plus de 9000 habitants, les listes qu'il a présentées ou patronnées obtiennent près de 40 % des suffrages exprimés. Sur quatre-vingt-douze chefs-lieux de départements, cinquante-deux ont selon le Général de Gaulle, un maire élu sous le signe du RPF. Mais cet élan ne dure pas. Dès 1948, en dépit d'une certaine instabilité gouvernementale, le RPF tourne à vide. Suite aux élections sénatoriales de novembre 1948 et aux cantonales de mars 1949, qui apportent des succès appréciables, mais d'une portée limitée, le RPF en est réduit à miser sur les élections générales de 1951 pour accéder légalement au pouvoir. Les élections, qui se déroulent selon le système des apparentements refusé par de Gaulle, se traduisent par un score peu élevé pour le RPF : 21,7 % des suffrages exprimés. C'est néanmoins le groupe le plus important de la nouvelle Assemblée Nationale.

Les élections municipales d'avril 1953 se révèlent, en revanche, comme un désastre pour le RPF qui perd la moitié de ses sièges. De Gaulle en tire les conséquences : "Voici venir la faillite des illusions. Il faut préparer le recours". La fin du Rassemblement parlementaire a sonné : le groupe se scinde en Républicains sociaux et Union des républicains d'action sociale.

Après la fin du RPF, commence alors pour Charles de Gaulle, selon l'expression d'André Malraux, "la traversée du désert". Retiré à Colombey-les-Deux-Églises, de Gaulle voyage (Afrique et Océan Indien, 1953 ; Océan Pacifique et Sahara, 1957) et publie ses Mémoires de guerre (1954).

- L'âge gaullien : 1958 - 1962 -

L'année 1958 donne fin à la IVe République. L'instabilité ministérielle dont souffre le régime et la gravité du problème algérien réclament des solutions claires et urgentes. Au printemps, les appels adressés au Général se multiplient, et une antenne algéroise, du ministre de la Défense Nationale, Jacques Chaban-Delmas, travaille à préparer son retour au pouvoir. Le 13 mai, alors que Pierre Pflimlin vient de former un gouvernement, éclate à Alger un soulèvement pour la sauvegarde de l'Algérie française. Deux jours plus tard, de Gaulle déclare qu'il est "prêt à assumer les pouvoirs de la République". Le Président René Coty débloque une situation tendue à l'extrême en invitant, le 29 mai, le Général de Gaulle à former un gouvernement doté des pleins pouvoirs pour entamer une révision constitutionnelle et trouver une issue à la guerre d'Algérie. Le 1er juin, la Chambre des députés lui accorde sa confiance par 329 voix contre 224. A l'été 1958, une Constitution est rédigée, que 80 % des Français approuvent par référendum. Charles de Gaulle devient officiellement chef de l'État le 8 janvier 1959. Il vient de fonder la Ve République.

Benjamin HUS

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