Sa biographie

(Lille, 1890 / Colombey-les-Deux-Eglises,1970)


Avec la précieuse aide de l’Amiral Philippe de Gaulle qui m’a fait l’honneur d’apporter quelques précisions sur des faits concernant le Général, son père, et notamment la Résistance.

L'artisan de notre France

Plan :

IV - La présidence de la République : premier septennat (1958-1965)

Grandeur et déclin
Un second septennat difficile (1965-1969)
Les enfants du Général
La mort de De Gaulle

 

IV - Présidence de la République : premier septennat (1958-1965) -

Élections présidentielles du 21 décembre 1958 :

Candidats : Le 2 décembre 1958, le Président Coty a confirmé, dans un communiqué, qu'il ne se représenterait pas. Au cours d'un congrès extraordinaire à Issy-les-Moulineaux, la SFIO a déclaré qu'à défaut de la candidature de Coty, elle accorderait son appui à celle du Général de Gaulle.

Georges Marrane (1888-1976) : Sénateur communiste de la Seine, maire d'Ivry, il se portera le premier candidat.

Charles de Gaulle (1890 - 1970) : Il confirme officiellement à René Cassin, vice président du Conseil d'État, qu'il est candidat, le 13 décembre, en fin de matinée.

Albert Chatelet (1883 - 1960) : Doyen honoraire de la Faculté des sciences, grand Officier le la Légion d'honneur, présenté par la gauche non-communiste, candidat de l'UFD (Union des Forces Démocrates), soutenu également par le Parti Socialiste Autonome.

Résultat de l'élection : le scrutin a lieu au suffrage restreint. Un seul tour suffira.
Inscrits : 81 764 Votants : 81 290 Suffrages exprimés : 79 471

Ont obtenu :

De Gaulle 62 394 voix 78,5 %
Marrane 10 335 voix 13,1 %
Chatelet 6 791 voix 8,4 %

Entrée en fonctions : Le 8 janvier 1959, Charles de Gaulle s'installe à l' Elysée.

Les années qui s'annoncent seront celles de l'indépendance algérienne, de la décolonisation et de la modernisation de la France. L'Algérie d'abord, sollicite l'énergie du chef de l' Etat, qui adopte une ligne pragmatique évoluant par adaptations successives aux circonstances.

Après l'appel du 4 juin 1958, où le général prononce devant la foule algéroise le célèbre "Je vous ai compris !", de Gaulle opte en 1959 pour une pacification, base de l'autodétermination des Algériens, que refusent les partisans de l'Algérie française. Les insurrections de janvier 1960 et d'avril 1961, appuyées par l'Organisation Armée Secrète (OAS), ne parviennent néanmoins pas à enrayer l'autodétermination, dont le droit est reconnu aux Algériens par les accords d'Evian signés le 18 mars 1962, grâce aux négociations menées par Georges Pompidou, alors directeur de cabinet du Général de Gaulle, et Louis Joxe, ministre des Affaires algériennes.

Le 3 juillet 1962, Charles de Gaulle reconnaît l'indépendance de l'Algérie. Mais, le 22 Août 1962, il est victime d'un attentat perpétré au Petit-Clamart, à proximité de l'aéroport de Villacoublay, où il échappe de peu à la mort. La voiture présidentielle est mitraillée tandis que Francis Marroux, son chauffeur, se trouve au volant. Cette action de l'OAS témoigne, au lendemain de la signature des accords d'Evian, de l'état d'esprit des partisans de l'Algérie française qui n'ont pas accepté l'indépendance algérienne.

- Grandeur et déclin -

Dès 1956, Charles de Gaulle a compris que la France ne peut plus conserver "l'Empire", et il entame une politique de décolonisation qui passe par l'instauration d'une communauté franco-africaine (1958 et 1960) au sein de laquelle l'indépendance des États membres est reconnue.

L'après-guerre est dominée par l'hégémonie des deux blocs Est - Ouest. La France est devenue une puissance moyenne pour laquelle le Général conserve encore des ambitions. Fidèle à l'idée d'État-Nation, de Gaulle détermine sa politique internationale en fonction des principes de souveraineté et d'indépendance qu'il veut garder à la France. Partisan du maintien de l'Alliance Atlantique, conclue en 1949, de Gaulle refuse clairement la position subalterne qu'entraîne le "dispositif intégré" des forces militaires de l'OTAN (Organisation du Traité de l'Atlantique du Nord) en Europe. La mise au point de l'arme nucléaire, opérationnelle en 1968, lui apparaît comme l'instrument indispensable de l'indépendance nationale. Quant à l'Europe, dont les accords de Rome, signés en 1957, ont jeté les fondations, de Gaulle l'observe avec circonspection. Tout en souhaitant sa construction, il rejette fermement l'option supranationale que semble vouloir lui insuffler l'axe anglo-américain. C'est donc logiquement qu'il oppose son veto à la candidature anglaise, et tente de développer avec le chancelier Konrad Adenauer un axe Paris-Bonn qui s'effritera en 1963, surclassé par la déclaration de John Kennedy en Allemagne : "Ich bin ein Berliner". Refusant l'esprit de Yalta, de Gaulle tente d'établir des liens directs avec l'URSS et ses pays satellites (Pologne, Roumanie et Tchécoslovaquie) qu'il visite en 1967 et 1968, et auxquels il adresse un message d'indépendance. Cette stratégie d'opposition à Yalta le conduit à la reconnaissance de la Chine populaire (1964), au défi lancé à la politique indochinoise des Américains (1967). Franchissant un pas supplémentaire dans la logique d'éclatement des blocs qu'il poursuit, de Gaulle défend l'indépendance nationale des pays où s'affirme la prépondérance économique et politique américaine, lors de son voyage au Mexique et en Amérique latine (1964) puis au Québec ("Vive le Québec libre !", 1967).

- Un second septennat difficile (1965-1969) -

Elections présidentielles du 19 décembre 1965

Candidats :

Jean-Louis Tixier-Vignancourt (1907-1989) : Il évoque la nécessité de présenter un candidat contre "de Gaulle et Moscou", ajoutant qu'il pourrait être ce candidat. Le 9 septembre 1964, il se présente officiellement à l'élection présidentielle. Il mènera sur les plages une campagne fracassante et pittoresque, avec une caravane et un chapiteau de cirque en guise de salle de réunion.

Pierre Marcilhacy (né en 1910) : Sénateur de la Charente, avocat au Conseil d'État et à la Cour de cassation. Il se présente officiellement candidat le 25 avril 1965.

François Mitterrand (1916-1996) : Député de la Nièvre, maire de Château -Chinon, président du Conseil Général de la Nièvre, ayant occupé, sous la IVe République de nombreux postes ministériels. Il informe officiellement de sa candidature le 19 octobre 1965.

Jean Lecanuet (1922-1994) : Agrégé de philosophie, l'un des fondateurs du Mouvement Républicain Populaire, sénateur de la Seine-Maritime. Il se présente officiellement le 19 octobre 1965.

Charles de Gaulle : Il laissera longtemps planer l'incertitude sur son intention de se représenter. Ce n'est que le 4 novembre 1965 (alors que le 28 octobre le Conseil des Ministres a adopté le décret fixant le 1er tour des élections au 5 décembre) qu'il annonce, dans une allocution radiotélévisée, qu'il sera candidat.

Marcel Barbu (né en 1907) : Député de la Drôme de mars à juin 1946, à la première Assemblée Nationale constituante, fondateur de l'Association pour la Construction et la Gestion Immobilière de Sannois. Il adresse sa candidature in extremis au Conseil Constitutionnel, le jeudi 18 novembre 1965, à 23 h 30, une demi-heure avant l'expiration du délai légal de déclaration. Il n'est soutenu par aucune organisation politique. Sa candidature a pour but, dit-il, de révéler les scandales de la démocratie bafouée.

- Premier tour : 5 décembre 1965 -

Ouverture de la campagne officielle : 19 novembre 1965

1er tour du scrutin : Il a plu ce jour-là, sur toute la France, mais les records de participation du référendum de 1958 et des élections du Front Populaire ont été battus. En effet, le 28 octobre 1962, le référendum sur l'élection présidentielle est adopté par 61,75 % des suffrages exprimés. Pour cette première élection au suffrage universel, il n'y a eu que 15,2 % d'abstentions, 0,8 % de bulletins blancs ou nuls. Mitterrand est en tête dans 20 départements (6 du centre, 14 du Sud-Ouest et du Midi méditerranéen), dans 37 des 80 communes de la Seine, dans 90 villes importantes. D'après les sondages, il aurait recueilli 87 % des voix communistes, 55 % des voix socialistes et radicales, 6 % des voix MRP.

Inscrits : 28 913 422 Votants : 24 502 957 Abstentions : 4 410 465 Blancs ou nuls : 248 4036 Suffrages exprimés : 24 254 554

Ont obtenu :

De Gaulle 10 828 523 voix 44,65 %
Mitterand 7 694 003 voix 31,72 %
Lecanuet 3 777 119 voix 15,57 %
Tixier-Vigancourt 1 260 208 voix 5,20 %
Marcilhacy 415 018 voix 1,71 %
Barbu 279 683 voix 1,15 %

Deuxième tour : 19 décembre 1965

De Gaulle : des ministres et ses partisans organisent chaque soir des meetings dans des villes différentes ; le plus important aura lieu le 14 décembre au palais des Sports de paris.

Mitterrand : Il organisera trois réunions à Nantes, Nice et Toulouse (où l'on dénombrera 25 à 30 000 personnes).

2nd tour de scrutin : la proportion des abstentions (15,6 %) est comparable à celle du 1er tour. Celle des bulletins nuls ou blancs est un peu plus élevé (2,3 %=). Les villes, les éléments catholiques, les femmes de plus de 35 ans ont, en général, voté pour de Gaulle ; les campagnes, les hommes, les jeunes ont préféré en majorité Mitterrand.

Inscrits : 28 9012 704 Votants : 24 371 647 Abstentions : 4 531 057 Bulletins blancs ou nuls : 668 213 Suffrages exprimés : 23 704 434

Ont obtenu :

De Gaulle 13 083 699 55,20 %
Mitterrand 10 619 735 44,80 %

Mais en France, l'usure du pouvoir semble marquer le deuxième septennat du général de Gaulle. Les déclarations et les prises de position du chef de l'État à propos du Québec ou du conflit israélo-arabe notamment, effrite la confiance de l'opinion. En 1965, lors de la première élection au suffrage universel, il est réélu, mais au second tour, avec seulement dix points d'avance sur François Mitterrand. L'exercice solitaire du pouvoir est dénoncé, à droite comme à gauche. Et l'opposition conduite par François Mitterrand, a le vent en poupe. Le pouvoir de De Gaulle s'érode. Minijupe et bikini : la société change. De Gaulle, né dans le siècle précédent, semble de plus en plus archaïque. Au mois de mai 1968, éclate la révolte de la jeunesse française, écho inédit et violent des aspirations et de la crise sociale qui traduisent, outre l'essoufflement d'un régime, l'ébranlement profond du corps social. De Gaulle ne comprend pas et dénonce la "chienlit". Le 30 mai, après une fuite éclair à Baden-Baden en Allemagne, le Général annonce la dissolution de l'Assemblée. C'est Georges Pompidou qui met fin à l'agitation sociale en signant les accords de Grenelle avec les syndicats. dans la foulée, le Général de Gaulle obtient un raz-de-marée en sa faveur aux élections législative de juin 1968. Mais c'est déjà la fin de l'ère gaulliste. Prétextant une réforme régionale et une réforme constitutionnelle, de Gaulle pense retrouver une légitimité en proposant un référendum aux Français. Valéry Giscard d'Estaing, dénonçant "l'exercice solitaire du pouvoir", annonce qu'il votera non. Georges Pompidou, qui a été remplacé au poste de Premier Ministre par Maurice Couve de Murville, se déclare candidat à la succession du général en cas de démission.

Le 27 avril 1969, Charles de Gaulle recueille près de 53 % de "non". Le lendemain, à 0 h 10, par un communiqué diffusé à l'AFP, de Gaulle annonce "Je cesse d'exercer mes fonctions de Président de la République". Pompidou lui succède.

Les différents ministères sous Le président de Gaulle :

Ministère Michel Debré (8 janvier 1959 / 14 avril 1962)
1er ministère Georges Pompidou (14 avril 1962 / 28 novembre 1962)
2e ministère Georges Pompidou (28 novembre 1962 / 8 janvier 1966)
3e ministère Georges Pompidou (8 janvier 1966 / 1er avril 1967)
4e ministère Georges Pompidou (6 avril 1967 / 31 mai 1968)
5e ministère Georges Pompidou ( 31 mai 1968 / 21 juillet 1968)
Ministère Maurice Couve de Murville (21 juillet 1968 / 16 juin 1969)

Les enfants du Général :

Philippe de Gaulle (né le 28 décembre 1921 à Paris). Combattant émérite de la guerre 39-45. Il épouse le 30 décembre 1947 à Poncin (Ain) Henriette de Montalembert de Cers. Ressemblant étonnement à son père, l'amiral de Gaulle refusa toujours de se poser en "dauphin". Depuis sa retraite, en 1982, il se consacre à la mémoire du Général. Il est depuis 1986 Sénateur de paris - liste d'union RPF-UDF puis UMP. Il a quatre enfants. Dernièrement, en 2004, il a publié "De Gaulle mon père", deux volumes d'entretiens avec le journaliste Michel Tauriac, qui est un véritable succès.

Elisabeth de Gaulle (né le 15 mai 1924) : épouse le 3 janvier 1946, Alain de Boissieu Dean de Luigné (né le 5 juillet 1914 à Chartres), Compagnon de la Libération.

Anne de Gaulle (1er janvier 1928 à Trèves, Allemagne / 6 février 1948) : Mongolienne, ses parents n'ont jamais voulu se séparer d'elle. Morte à la Boisserie. Son père était très attaché à elle.

Vue du général de Gaulle : très mauvaise après l'opération de la cataracte (1956). Il doit porter des lunettes épaisses qu'il se refuse à mettre en public bien qu'il soit alors très gêné. L'aide de camp de service doit lui indiquer discrètement les obstacles ou les marches, par exemple à l'opéra, les soirs de spectacle officiel où il est de plus, gêné par les projecteurs. Sans lunettes, il ne voit que des silhouettes floues de près.

- La mort de De Gaulle -

Circonstances : de Gaulle espérait vivre jusqu'à 85 ans environ (c'est-à-dire jusqu'en 1975), ayant calculé qu'il aurait achevé ses Mémoires d'espoir. En août 1970, le plan du dernier tome est établi, et 2 chapitres sur 8 sont rédigés. Le 2 novembre, on fête la Saint-Charles (en avance de deux jours pour lui permettre de profiter de la présence de ses petits-enfants). Le lundi 9, il se promène malgré le mauvais temps, et travaille à son livre. A 19 h 10, alors qu'assis à sa table de bridge, il fait une réussite selon ses habitudes, il est saisi d'un malaise à la suite d'une rupture d'anévrisme, et perd connaissance. A 19 h 15, lorsque le curé, convoqué avec le médecin, lui administre l'extrême-onction, il respire encore mais il est dans le coma. Il s'éteint à 19 h 30, étendu sur un matelas dans le salon. La famille ne fait diffuser la nouvelle que le lendemain matin, pour retarder l'afflux de visiteurs à Colombey, sa résidence. Le 10 novembre, à 13 h 00, dans une brève allocution radiotélévisée, Pompidou, nouveau président de la République, annonce officiellement la mort du Général : "La France est veuve".

Obsèque - testament :

De Gaulle avait réglé ses obsèques dans un testament daté du 16 janvier 1952, établi en trois exemplaires remis, l'un à Georges Pompidou, le 2ème et le 3e à ses enfants Philippe et Elisabeth. Dedans, il souhaite que les obsèques soient très simples, aucun discours, aucune autre inscription que "Charles de Gaulle 1890....", que sa tombe soit celle où repose déjà sa fille Anne et où un jour reposera sa femme, tout ceci à Colombey-les-Deux-Églises.

Une cérémonie officielle aura lieu à Notre-Dame de Paris, à 11 heures, en présence de nombreux chefs d'Etat, le jeudi 12 novembre 1970, ce jour décrété jour de deuil national.

Jugements : – François Mitterrand : "On ne peut pas aimer la France plus qu'il ne l'a aimée".

– Winston Churchill : (dans son journal, le 13 / 01 / 1959) "Toujours, même quand sa conduite était la plus irritante, il paraissait exprimer le caractère de la France, une grande nation, avec tout son orgueil, son autorité, son ambition".

Benjamin HUS, finit à Mouvaux le mardi 28 novembre 2003, corrigé par l'Amiral Philippe de Gaulle, puis mis à jour le 25 Mai 2004

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