Victoria

(Kensington Palace, Londres, 1818 - Osborne House, île de Wight, 1901)

Reine d'Angleterre de 1837 à 1901

 

Victoria est née à Kensington Palace, Londres, le 24 mai 1818. Elle est l'unique fille d'Edouard, duc de Kent, quatrième fils de George III. Son père meurt très vite après sa naissance et elle devient l'héritière du trône puisque les trois oncles qui étaient devant elle dans l'ordre de succession -George IV, Frédéric, duc d'York et Guillaume IV n'ont pas d'enfants légitimes qui survivent.

Affectueuse et vive, Victoria reçoit un cadeau pour dessiner et peindre ; éduquée par une gouvernante chez elle, elle est l'auteur d'un journal intime et gardera un journal régulier durant toute sa vie. A la mort de Guillaume IV en 1837, elle devient reine à l'âge de 18 ans.

La Reine Victoria est associée au grand âge de l'explosion industrielle britannique, au progrès économique et -particulièrement- à l'Empire. A sa mort, il a été dit que la Grande-Bretagne avait un empire universel sur lequel le soleil de ne couchait jamais.

Dans la première partie de son règne, elle est influencée par deux hommes : son tout premier Premier ministre, Lord Melbourne, et son époux, le prince Albert, qu'elle a épousé en 1840. Ces deux hommes lui apprennent beaucoup sur son rôle de souveraine dans une monarchie constitutionnelle où le monarque a, en fait, peu de pouvoirs mais qui pourrait user de son influence. Albert trouve un grand intérêt dans les arts, la science, le commerce et l'industrie ; le projet pour lequel son nom reste associé est la grande Exposition universelle de 1851, les profits de celle-ci aidant à établir les musées South Kensington, à Londres.

Son mariage avec le prince Albert apporte neuf enfants entre 1840 et 1857. La plupart de ses enfants se marient aux familles royales d'Europe : Edouard VII (né en 1841, marié à Alexandra, fille de Christian IX de Danemark) ; Alfred, duc d'Edimbourg et de Saxe-Cobourg Gotha (né en 1844, marié à Marie de Russie) ; Arthur, duc de Connaught -province d'Irlande- (né en 1850, marié à Louise Marguerite de Prusse) ; Victoria, princesse royale (née en 1840, mariée à Frédéric III, Empereur d'Allemagne) ; Alice (née en 1843, mariée à Louis IV, Grand-duc de La Hesse et du Rhin) ; Helena (née en 1846, mariée à Christian de Schleswig-Holstein) ; Louise (née en 1848, mariée à John Campbell, neuvième duc d'Argyll) ; Béatrice (née en 1857, mariée à Henri de Battenberg). Victoria achète Osborne House (plus tard offerte au pays par Edouard VII) sur l'île de Wight (île et comté anglais de la Manche) sorte de maison familiale, en 1845. Albert acquiert quant à lui Balmoral en 1852.

Victoria est profondément attachée à son mari, et elle sombre dans la dépression lorsqu'il meurt, à l'âge de quarante-deux ans, en 1861. Elle perd alors un mari dévoué et surtout son principal conseiller aux affaires de l'Etat. Durant tout le reste de son règne, elle porte du noire. Jusqu'à la fin des années 1860, elle apparaît rarement en public, bien qu'elle ne néglige jamais sa correspondance officielle, et continue à donner des audiences à ses ministres et visiteurs officiels ; elle est peu disposée à reprendre une pleine vie publique. On la persuade d'ouvrir le Parlement en personne en 1866 et 1867, mais elle est radicalement critiquée de vivre en solitude et un assez fort mouvement républicain se développe. (Sept attentats sont fomentés contre Victoria, entre 1840 et 1882 ; son attitude courageuse à l'égard de ces attaques renforce considérablement sa popularité.) Avec le temps, les conseils privés de sa famille et l'attention flatterice de Benjamin Disraeli, Premier ministre en 1868 et de 1874 à 1880, la reine retrouve enfin tout son dynanisme dans la représentation de son rôle de souveraine.

En politique extérieure, l'influence de la reine durant tout le milieux des années de son règne est généralement utilisée pour soutenir la paix et la réconciliation. En 1864, Victoria presse ses ministres dans le but de ne pas intervenir dans la guerre Prusso-Austro-Danoise, et sa lettre à l'Empereur d'Allemagne (dont le fils a épousé sa fille) en 1875 aide à prévenir une seconde guerre franco-allemande. Sur la question de l'Est, dans les années 1870 -l'issue de la politique britannique face au déclin de l'Empire turc en Europe- Victoria (à la différence de Gladstone) croit que la Grande-Bretagne, tandis que pressée par des réformes nécessaires, devrait maintenir l'hégémonie turc comme un rempart de stabilité contre la Russie, et préserver la bi-partialité à un moment où la Grande-Bretagne serait engagée dans la Guerre.

La popularité de Victoria grandit avec le sentiment impérial croissant des années 1870 en avant. Après la mutinerie indienne de 1857, le gouvernement des Indes est transféré à la Couronne et en 1876, Victoria devient Impératrice des Indes, en vertu de l'Acte des Titres royaux voté par le gouvernement de Disraeli.

Durant le long règne de Victoria, le pouvoir politique direct s'éloigne de la souveraine. Une série de lois élargit au social et à la base économique de l'électorat. Ces actions incluent la loi de Seconde Réforme en 1867 ; l'introduction du scrutin secret en 1872, par lequel il est impossible de faire pression sur les électeurs par corruption ou intimidation ; et la loi de représentation des personnes de 1884 -tous les propriétaires et locataires en appartement de valeur doivent verser une somme d'au moins 10 livres par an, et les occupants de terres de valeur 10 livres par an- est dirigée vers les électeurs.

Malgré le déclin du pouvoir de la Souveraine, Victoria démontre qu'un monarque qui a un haut niveau de prestige et qui est préparé à maîtriser les détails de la vie politique peut exercer une influence importante. Ceci est démontré par sa médiation entre les Communes et les Lords, durant la phase acrimonieuse de la Loi de Désétablissement de l'Eglise irlandaise de 1869 et la loi de réforme de 1884. C'est pendant le règne de Victoria que l'idée moderne de la monarchie constitutionnelle, dont le rôle est de rester au-dessus des partis politiques, commence à se transformer. Mais Victoria elle-même n'est pas toujours une non-partisane et elle prend l'opportunité de donner ses opinions (parfois très énergiquement) en privé.

Après la loi de Seconde Réforme de 1867, et le développement de deux principaux partis (Libéral et Conservateur) dans le Système, la marge de manœuvre de la Reine diminue. Sa liberté de choisir quel individu peut occuper la place de Premier ministre est de plus en plus limitée. En 1880, elle essaie, sans succès, de stopper William Gladstone (qu'elle déteste autant qu'elle admire Disraeli et dont les politiques la rendent méfiante) à devenir Premier ministre. Elle préfère de beaucoup le Marquis de Hartington, un autre homme d'Etat du parti libéral qui vient juste de gagner les élections générales. Elle n'abandonne pas son chemin. Elle est une très grande supportrice de l'Empire, ce qu'apportent ses deux conseillers Disraeli et le Marquis de Hartington, son dernier Premier ministre. Bien que conservatrice à certains égards (comme beaucoup à l'époque elle est opposée à donner le droit de vote aux femmes) sur les problèmes sociaux, elle a tendance à être partisane d'améliorations sur le sort des pauvres, la Commission royale sur le logement l'attestant. Elle encourage également les oeuvres de charité engagées dans l'éducation, en hôpitaux et d'autres endroits.

Victoria et sa famille voyagent et voient sur une échelle sans précédent, les remerciements pour les améliorations du transport et d'autres changements techniques tels que l'invention de la photographie. Victoria est la première souveraine régnante à utiliser le train (elle fait son premier voyage en train en 1842). Au fil du temps, elle devient presque le symbole de l'Empire britannique. Les deux jubilés d'Or (1887) et de Diamants (1897) célébrant le 50e et le 60e anniversaires de l'accession au trône de Victoria, ont marqué, avec les grandes parades et cérémonies publiques. Au cours de ces deux événements, les conférences coloniales suivies par les ministres des colonies autonomes sont tenues.

En dépit de son âge avancé, Victoria continue ses devoirs jusqu'à la fin (y compris une visite officielle à Dublin en 1900). La guerre des Boers en Afrique du Sud éclipse la fin de son règne. Comme dans la Guerre de Crimée, à la moitié du siècle précédent, Victoria passe en revue ses troupes et visite des hôpitaux ; elle reste inébranlable aux réserves britanniques durant la campagne : « Nous ne sommes intéressés par les éventualités de défaite ; elles n'existent pas ».

Victoria meurt à Osborne House sur l'île de Wight, le 22 janvier 1901 après un règne qui dure presque soixante-quatre ans, le plus long de l'Histoire britannique. Elle est enterrée à Windsor à côté du prince Albert, dans le Mausolée royal, qu'elle a fait construire pour leur dernière demeure. Au-dessus de la porte du Mausolée sont inscrits des mots de Victoria : « Adieu mon bien aimé, ici enfin je resterai avec toi, avec toi près du Christ je m'élèverai encore. »

A Mouvaux, le dimanche 11 Juillet 2004

Benjamin HUS