Louis VII le Jeune (1120 - 1180)

Roi de France de 1137 à 1180

Associé au trône et sacré à Reims le 25 octobre 1131, il est roi le 1er août 1137. Il épouse Aliénor d'Aquitaine le 27 juillet 1137, juste avant de monter sur le trône. La France allait enfin s'étendre vers le sud. Hélas, il n'en sera pas ainsi : en effet, Louis VII, en guerre contre le comte Thibaut de Champagne, met le feu à l'église de Vitry et tue 1 300 personnes réfugiées dans l'église. Pris de remords, il jure d'expirer son crime et part pour la IIe croisade prêchée par saint Bernard à Vézelay, en 1146, malgré les remontrances de son ministre Suger. Le roi revient en 1149, après avoir essuyé des revers à Satalieh et à Damas. A son retour de Croisade, il répudie sa femme, Aliénor, soupçonnée d'adultère. celle-ci se remarie avec Henri Plantagenêt, reprenant sa dot, l'Aquitaine, qui échoit à son nouveau mari. Or, ce seigneur français qui possède déjà la Touraine, l'Anjou, la Normandie, va devenir roi d'Angleterre en 1154, sous le nom de Henri II. Henri II est le vassal de Louis VII, mais est beaucoup plus puissant car il possède la moitié la plus riche de la France. Ennemi juré de ce prince, Louis VII soutient Thomas Becket, l'archevêque de Cantorbéry, contre lui. Il épouse ensuite, en décembre 1154, Constance de Castille, qui meurt en couches en 1160, puis Alix de Champagne, mère de Philippe Auguste. Suger ordonne la construction de le nouvelle abbaye de Saint-Denis et du château de Fontainebleau. En 1170, Louis VII donne la prérogative du sacre des rois à l'église de Reims. Il adopte définitivement la fleur de Lys comme emblème de la Maison de France. Le roi meurt le 18 septembre 1180 à Paris de cachexie paralytique, et est enterré à l'abbaye de Barbeaux qu'il avait fondé près de Melun.

Au même moment...

Rome (Papes) Innocent II (1130-1143) ; -Anaclet II, antipape (1130-1138)- ; -Victor IV, antipape (mars-29 mai 1138)- ; Célestin II (1143-1144) ; Lucius II (1144-1145) ; Bienheureux Eugène III (1145-1153) ; Anastase IV (1153-1154) ; Adrien IV (1154-1159) ; Alexandre III (1159-1181) ; -Victor IV, antipape (1159-1164)- ; -Pascal III, antipape (1164-1168)- ; -Calixte III, antipape (1168-1178)- ; -Innocent III, antipape (1179-1180)- .

Saint Empire Romain Germanique Lothaire III de Supplinburg (1125-1138) ; Conrad III de Hohenstaufen (1138-1152) ; Frédéric Ier Barberousse (1152-1190).

Angleterre Etienne de Blois (1135-1154) ; Henri II Plantagenêt (1154-1189).

Navarre Garcia Ramirez le Restaurateur (1134-1150) ; Sanche VI (1150-1194).

Aragon Pétronille (1137-1162) et Raimond Bérenger IV (1151-1162) ; Alphonse II Raimond le Chaste (1162-1196).

Castille Alphonse VII le Bon (1126-1157) ; Sanche III le Désiré (1157-1158) ; Alphonse VIII le Noble (1158-1214).

Portugal Alphonse Henriques (1128-1185).

Philippe II Auguste (1165 - 1223)

Philippe II Auguste est né à Paris le 21 août 1165. «Auguste» parce qu'il est né au mois d'août, il a quinze ans lorsqu'il arrive au pouvoir. Associé au trône et sacré Reims le 1er novembre 1179, il est roi le 18 septembre 1180. Pour emplir le trésor royal, il commence son règne en persécutant les Juifs, qui sont les usuriers de la chrétienté, la religion catholique interdisant le prêt à intérêt. Dans la rivalité qui oppose les souverains français au Plantagenêt, il va se servir de son avantage de suzerain et exploiter avec adresse les querelles familiales entre Henri II et ses deux fils : Richard Cour de Lion et Jean sans Terre (appelé ainsi car son père ne lui a pas laissé d'apanage). Il comprend vite que leur force est plus apparente que réelle. En 1190, Richard Cour de Lion, Philippe Auguste et l'empereur Frédéric Barberousse partent ensemble pour la Troisième Croisade. Ils prennent Chypre et Saint-Jean d'Acre en 1191. Mais ils se brouillent et se séparent. Philippe Auguste regagne la France et intrigue avec Jean sans Terre contre Richard. Après maintes péripéties, le souverain anglais revient de la croisade et écrase successivement le prince Jean et Philippe Auguste. Les deux souverains se réconcilient néanmoins, juste avant la mort de Richard qui survient en avril 1199. Pour succéder à son frère, Jean sans Terre fait assassiner, en 1203, son neveu, Arthur de Bretagne, vassal de Philippe Auguste. Ce dernier le somme de comparaître devant ses pairs pour ce crime, mais Jean sans Terre refuse de venir. Plus tard, sommé à nouveau de comparaître pour avoir insulté un de ses vassaux poitevins, il s'abstient encore et Philippe Auguste confisque tous ses fiefs de France : Normandie, Maine, Touraine, Anjou et Poitou. Jean sans Terre forme une coalition contre lui, comprenant le comte de Flandre, les seigneurs de Hollande et de Lorraine et l'empereur Otton IV. Le 27 juillet 1214, il s'affrontent à Bouvines en Flandre où Philippe Auguste remporte une fabuleuse victoire, qui lui donne la prééminence sur tous les souverains d'Europe. Cette victoire entraîne contre Jean sans Terre une révolte des barons et de l' Église d' Angleterre qui l'obligent à accepter la Grande Charte (1215), base des libertés anglaises. L'année suivante, il viole la Charte et les barons le destituent. La menace de son vassal d'outre-mer a mis en garde Philippe Auguste contre les grands vassaux. Dans les querelles il intervient toujours en faveur des petits. Il réorganise complètement la cour des pairs pour mieux la dominer. Il décide que certains procès ne pourront être jugés que par lui. Comme son père, il protège les communes, augmente les privilèges. Il veut donner aux notables bourgeois des responsabilités politiques, ainsi la garde du trésor et du sceau royal, pendant qu'il est en croisade. Il fait de Paris la capitale de la France et il en fait daller les rues. Il étend les quartiers de la rive droite de la Seine, élève des Halles, construit la forteresse du Louvre et une enceinte nouvelle. Les bâtiments de Notre-dame continuent d'être à pied d' oeuvre jusqu'en 1245. Il protège l' Université de Paris, «la fille aînée des rois de France». Dans son domaine royal, il institue des fonctionnaires nouveaux : les baillis (appelés sénéchaux dans l'ouest et le sud) qui, comme nos préfets actuels, surveillent les officiers locaux, les prévôts. Il crée enfin une petite armée de métier. Il a épousé le 28 avril 1180 Isabelle de Hainaut qui meurt en 1190. Il se remarie ensuite avec Ingeburge de Danemark en 1193, qu'il répudie pour Agnès de Méranie (du Tyrol). Excommunié par le pape, il reprend Ingeburge en 1200 et l'excommunication est levée. Agnès meut de chagrin au château de Poissy en 1201. A la fin du XIIe siècle les comtés de Toulouse, de Béziers et du Béarn étaient le siège d'une hérésie originaire de l' Orient, l'hérésie cathare ou albigeoise. Le pape Innocent III veut l'extirper et organise deux croisade : l'une en 1209-1213 avec Simon de Montfort pour chef, l'autre en 1221 commandée par Louis, le futur Louis VIII, fils de Philippe Auguste. A cette occasion, le Pape crée l' Inquisition pour rechercher et punir l'hérésie. Ces croisades vont préparer l'annexion du Languedoc au domaine royal. Le Roi participe que très peu lui-même à ces croisades. Il meurt de la fièvre quarte le 14 juillet 1223 après quarante-quatre années de règne. Il est inhumé à Saint-Denis.

Au même moment...

Rome (Papes) Alexandre III (1159-1181) ; Lucius III (1181-1185) ; Urbain III (1185-1187) ; Grégoire VIII (21 oct.-17 déc. 1187) ; Clément III (1187-1191) ; Célestin III (1191-2298) ; Innocent III (1198-1216) ; Honorius III (1216-1227).

Saint Empire Romain Germanique Frédéric Ier Barberousse (1152-1190) ; Henri VI (1190-1197) ; Philippe de Souabe (1198-1208) ; Otton IV de Brunswick (1198/1209-1218) ; Frédéric II (1197/1215-1250).

Angleterre Henri II Plantagenêt (1154-1189) ; Richard Ier Cour de Lion (1189-1199) ; Jean sans Terre (1199-1216) ; Henri III (1216-1270).

Aragon Alphonse II Raimond le Chaste (1162-1196) ; Pierre II (1196-1213) ; Jacques Ier le Conquérant (1213-1276).

Castille Alphonse VIII le Noble (1158-1214) ; Bérengère, régente de Castille (1214-1217) ; Ferdinand III (1217-1252).

Portugal Sanche Ier o Povoador (1185-1211) ; Alphonse II le Gros (1211-1223).

Louis VIII le Lion (1187 - 1226)

Roi de France de 1223 à 1226

Louis VIII, fils unique de Philippe II Auguste et d' Isabelle de Hainaut, est né à Paris le 5 septembre 1187. C'est le premier roi capétien qui n'ait pas été associé au trône du vivant de son père. D'aspect chétif, très petit, il possédait l'esprit de décision et l'ambition de son père. Après avoir été brièvement roi d' Angleterre, il devient roi de France le 14 juillet 1223 et est sacré à Reims le 6 août suivant. Marié à Blanche de Castille, fille d' Alphonse VIII de Castille, le 23 mai 1200, il aura douze enfants. Il continue admirablement l' oeuvre de son père. Les Anglais avaient tenté de lui reprendre les annexions de Philippe Auguste sur le territoire français, faites aux dépens de Jeans sans Terre. Louis VIII reconquiert par les armes le Poitou, le Limousin, le Périgord, l'Aunis et la Saintonge. Plus pieux que son père, il se laisse entraîner par le Pape dans la deuxième croisade contre les Albigeois. Le comté de Toulouse (Languedoc) avait été conquis par Simon de Montfort entre 1212 et 1218. Depuis, son fils Amaury de Montfort l'avait cédé à Louis VIII, mais le comté avait été repris par le comte Raymond VII. Louis VIII entreprend sa reconquête en 1226. Il assiège Avignon qui se rend après une longue résistance. Les autres villes du comté se soumettent immédiatement sans se battre et Louis VIII annexe à la France sous le nom de Languedoc et met fin à l'hérésie albigeoise. Il meurt le 8 novembre 1226 à Montpensier de dysenterie. Il est enterré à Saint-Denis.

Au même moment...

Rome (Papes) Honorius III (1216-1227).

Saint Empire Romain Germanique Frédéric II (1197/1215-1250).

Angleterre Henri III (1216-1270).

Empire latin de Constantinople Robert de Courtenay (1221-1228).

Louis IX ou Saint Louis (1214 - 1270)

Roi de France de 1226 à 1270

Louis IX, second fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, est né à Poissy le 25 avril 1214. Il a douze ans lorsqu'il accède au trône le 8 novembre 1226. Il est sacré à Reims le 29 avril 1226. Son ami et historiographe, Joinville, le décrit comme un beau chevalier, grand, svelte, blond, au teint clair et aux yeux bleus. Sa mère, Blanche de Castille, exerce la régence jusqu'à sa majorité. Elle met fin à la croisade des Albigeois par le Traité de Paris, le 12 avril 1229 ; les sénéchaussées de Beaucaire et de Carcassonne passent à la France, tandis que le Languedoc échoit au frère de Louis IX, Alphonse. A la mot de ce dernier, en 1271, le Languedoc est réuni à la France. La reine douairière se heurte à une forte réaction des grands vassaux que Philippe Auguste avait domestiqués, mais les soumet un à un, renforçant ainsi la «monarchie féodale» inaugurée par Philippe Auguste. Louis IX est un roi sincèrement pieux. Il se fait construite à Paris une chapelle privée, la Sainte-Chapelle, pour ses prières quotidiennes. Certains seigneurs le raillent, en l'appelant «frère Louis». Sa première vertu est la charité ; il multiplie les institutions charitables comme l' Hospice des Quinze-Vingt où il recueille trois cents aveugles. Il veille personnellement à ce que les pauvres aient à manger, il leur lave les pieds le Vendredi Saint et soigne les lépreux en Terre Sainte. La justice est sa seconde vertu. IL crée un Tribunal d'Appel, le Parlement, qu'il veut accessible à tous, riches et pauvres, nobles et roturiers. Il condamne les seigneurs criminels, fait surveiller ses barons par les baillis. IL crée une monnaie d'or, plus stable, et l'impose aux seigneurs. Sa troisième vertu est un profond amour de la paix. Il interdit les duels et limite les guerres privées entre «Chrétiens», en instituant la «Quarantaine le roi», sorte de trêve de quarante jours qui doit obligatoirement précéder les guerres féodales. Lui-même se heurte à deux de ses vassaux, le comte de la Marche et Henri III Plantagenêt, qui lui refusent l'hommage. Après les avoir vaincus, il leur pardonne et leur impose une paix équitable. Il signe également avec le roi d'Aragon la paix de Corbeil en 1258, qui lui reconnaît le Languedoc. Son prestige devient tel que, partout dans le monde, on recourt à sa médiation : ainsi réussit-il à réconcilier le Pape et l'empereur Frédéric II, les barons d' Angleterre et leur Roi. Les Mamelouks eux-mêmes, lorsqu'il est leur prisonnier, l'appellent «le sultan juste». Un seul combat trouve merci à ses yeux, la Guerre Sainte. Toute sa vie, il a rêvé de se battre contre l'Infidèle. Tentant de ressusciter une ferveur éteinte, il s'embarque, en 1248, avec femmes, enfants et hommes de guerre, pour l' Égypte musulmane. Après la victoire de Damiette, son armée est surprise par une crue du Nil et Louis est fait prisonnier. Délivré par une rançon, il fait voile vers la Palestine, où, pendant quatre ans, il soigne les malades, délivre les prisonniers, répare les châteaux forts. Mais apprenant la mort de sa mère, en 1252, il regagne la France. De nouveau, en 1270, quoique malade, il entreprend une nouvelle croisade contre le sultan de Tunis. Mais à peine arrivé sous les murs de la ville, il est emporté par une épidémie de peste, le 25 août 1270. On rapatrie son corps pour l'enterrer à Saint-Denis. Louis IX est canonisé en 1297.

Au même moment...

Rome (Papes) Honorius III (1216-1227) ; Grégoire IX (1227-1241) ; Célestin IV (oct.-nov. 1241) ; Innocent IV (1243-1254) ; Alexandre IV (1254-1261) ; Urbain IV (1261-1264) ; Clément IV (1265-1268).

Saint Empire Romain Germanique Frédéric II (1197/1215-1250) ; Conrad IV (1250-1254) ; Guillaume de Hollande (1254-1256) ; Alphonse X de Castille (1257-1272).

Angleterre Henri III (1216-1270).

Navarre Sanche VII le Fort (1194-1234) ; Thibaud Ier (IV de Champagne) (1234-1253) ; Thibaud II (V de Champagne) (1253-1271).

Naples Charles Ier d' Anjou (1266-1285).

Empire latin de Constantinople Robert de Courtenay (1221-1228) ; Baudouin II (1228-1261) ; Jean de Brienne (coempereur) (1231-1237) .

Philippe III le Hardi (1245 - 1285)

Philippe III, quatrième enfant et second fils de Louis IX et de Marguerite de Provence, est né à Poissy en 1245. Il est reconnu roi en 1270, à Tunis. A son retour en France, il perd sa femme, Isabelle d' Aragon, qui fait une chute de cheval mortelle en revenant de la Croisade, en Calabre, le 28 janvier 1271. Il se remariera avec Marie de Brabant en 1275. Il est sacré à Reims le 15 août 1271, par l'archevêque de Soissons, l'archevêché de Reims étant vacant. Philippe III le Hardi continue la politique de son père à l'égard des seigneurs féodaux : il force le comte de Foix à lui céder le haut comté de Foix parce qu'il lui refusait l'hommage. Il force le peuple de Navarre à obéir à sa reine, fiancée à son propre fils, Charles de Valois, lequel, frère de roi, fils de roi, oncle de roi et père de roi, n'a jamais été roi lui-même, mais a donné naissance à la dynastie des Valois, dont le premier roi sera son fils. En 1282, 8 000 Français établis en Sicile, dont Charles d' Anjou était souverain, sont massacrés, le lundi de Pâques, au son des cloches. Persuadé que le roi d' Aragon était l'instigateur de ces «vêpres siciliennes» parce qu'il était l'ennemi de Charles d' Anjou, roi de Sicile, le Pape pousse Philippe à intervenir contre Pierre III d' Aragon, en Catalogne. Une épidémie de typhus décime son armée qui, vaincue, bat en retraite. Philippe III meurt à Perpignan de ce fléau, le 5 octobre 1285. Il est enterré à Saint-Denis. Pendant son règne, le royaume s'est vu agrandir du Poitou, du comté de Toulouse, du Perche, du comté d' Alençon et des comtés de Nemours et de Chartres qui sont hérités ou achetés.

Au même moment...

Rome (Papes) Grégoire X (1271-1276) ; Innocent V (21 janv.-22 juin 1276) ; Adrien V (11 juill.-18 août 1276) ; Jean XXI (1276-1277) ; Nicolas III (1277-1280) ; Martin IV (1281-1285).

Saint Empire Romain Germanique Alphonse X de Castille (1257-1272) ; Rodolphe Ier de Habsbourg (1273-1291).

Angleterre Henri III (1216-1270) ; Édouard Ier (1272-1307).

Navarre Thibaud II (V de Champagne) (1253-1271) ; Henri Ier le Gros (1270-1274) ; Jeanne Ire (1274-1305) et Philippe le Bel (1284-1305).

Naples Charles Ier d' Anjou (1266-1285).

Aragon Jacques Ier le Conquérant (1213-1276) ; Pierre III le Grand (1276-1285).

Castille Alphonse X le Sage (1252-1284) ; Sanche IV le Brave (1284-1295).

Portugal Alphonse III (1248-1279) ; Denis (1279-1325).

Philippe IV le Bel (1268 - 1314)

Philippe IV, deuxième fils de Philippe III le Hardi et d' Isabelle d' Aragon, est né à Fontainebleau en 1268. Il est sacré à Reims le 6 janvier 1286. C'est un homme impénétrable, silencieux, dont on ne cerne pas bien la personnalité. Son abord est redouté des ambassadeurs, certains le trouvent influençable, d'autres «fier comme un lion». Une chose est certaine, c'est qu'il vit entouré de légistes (on appelait ainsi les hommes qui se consacraient à l'étude du droit romain, le droit qui proclame que le Roi doit être maître de ses sujets) et que l'influence de ces légistes a donné à son règne une importance capitale. On sait aussi, son surnom le prouve, qu'il était beau, ou plutôt imposant. Il termine la guerre de son père en signant le Traité de Tarascon avec le roi d'Aragon. Il se bat ensuite contre le roi d' Angleterre Édouard Ier, allié au comte de Flandre. Par le Traité de Montreuil-sur-Mer signé en 1299, Philippe IV reçoit le comté de Flandre et donne sa fille en mariage au futur Édouard II d'Angleterre. Deux grandes affaires ont occupé son règne : un conflit avec le Pape et l'élimination des Templiers. Le pape Boniface VIII était très intransigeant. Philippe IV avait levé des impôts sur le clergé de France sans lui demander l'autorisation. De longue date, les papes voulaient exercer sur toutes les couronnes de la Chrétienté une suzeraineté non seulement spirituelle (sur les âmes) mais aussi temporelle (sur les terres et édifices). Cette prétention s'appelle l' «ultramontanisme», parce que le Pape est «au-delà des monts». Les rois de France lui opposent le «gallicanisme» qui proclame, au contraire, l'indépendance de l' Église des Gaules, laquelle dispose de la puissance temporelle en France. Le Roi en est le chef et nomme les évêques qui sont ensuite investis par le Pape. Intraitable, le vieux Boniface VIII excommunie Philippe IV. Celui-ci, poussé par ses conseillers légistes, crée en 1302 une Assemblée, composée des trois «ordres» de l' État : le Clergé, la Noblesse et le Tiers État (bourgeois, paysans, artisans que l'on appelle les «roturiers»). Cette Assemblée s'appelle les États Généraux et sera consultée ultérieurement dans tous les cas difficiles. Elle représente l'ensemble de la «Nation». Guillaume de Nogaret, légiste conseiller du Roi, propose alors de réunir un Concile pour juger le Pape. Il le somme de comparaître mais celui-ci meurt quelques semaines plus tard, en 1303. Philippe IV profite de sa mort pour faire nommer un pape français, l'évêque de Bordeaux, Clément V, qui réside désormais à Avignon. Pendant 70 ans, de 1309 à 1376, les papes vont y demeurer et y construiront un splendide palais. L'indépendance gallicane est assurée. En 1312, le Roi obtient du Pape l'abolition de l'ordres de Templiers. Ses raisons sont mystérieuses, mais il semble que ce soit une affaire d'argent. En effet, Philippe IV cherchait désespérément des subsides pour le Trésor royal. Or les Templiers étaient devenus une puissance internationale qui défiait le Roi et le Pape. Leurs fabuleuses richesses excitaient la convoitise... Cet ordre avait été créé à Jérusalem en 1119 pour garder les Lieux Saints. C'était un ordre de moines-soldats qui, malgré leur vou de pauvreté s'étaient enrichis par les donations des pèlerins. Après la perte de la Palestine, ils s'étaient réfugiés à Chypre et formaient une sorte de société secrète qui prêtait de l'argent aux rois. Philippe IV avait déjà tellement emprunté qu'il ne pouvait pas rembourser, et il en voulait davantage. Le meilleur moyen n'était-il pas de s'adjuger ce fameux trésor des Templiers ? En 1307, avait commencé leur procès, dirigé par Guillaume de Nogaret ; ils sont accusés de fraude et de vol. Or les Templiers dépendent du Pape. Clément V donne son accord et fait arrêter cent trente-huit Templiers qui sont torturés par l' Inquisition, laquelle les accuse de pratiques non religieuses. Certains meurent sous la torture, d'autres sont condamnés au bûcher, tel leur grand maître, Jacques de Molay, pourtant homme réputé intègre... Ils sont morts avec leur secret : comment avaient-ils acquis ces richesses ? Étaient-ils une société secrète fonctionnant pour son compte ou dépendaient-ils du Pape ? Étaient-ils réellement impies ? On s'interroge encore.

De par son mariage, en 1284 avec Jeanne de Navarre, héritière du royaume, Philippe est devenu «roi de France et de Navarre», titre que tous les rois vont porter après lui. Il reçoit en dot le Quercy, la Champagne, la Brie et la Flandre française (cette dernière ne lui restera pas) et la ville de Lyon. Il est le créateur de l' Administration française. Non seulement, en 1302, il convoque pour la première fois les États Généraux (lors desquels, chose étonnante pour l'époque, les députés du Tiers État sont élus au suffrage universel), assemblée générale de la Nation appelée à jouer un grand rôle ultérieurement, mais il sédentarise aussi à Paris le Parlement, cour de justice créée par Saint Louis. Il en détache un conseil politique, le Grand Conseil ou Conseil d'Etat et un tribunal financier, la Cour des Comptes (qui existent encore de nos jours). Paris devient dès lors le centre de la France d'où partent les ordres, centre qui prive de plus en plus les seigneurs et le clergé de leurs privilèges. Le domaine royal est devenu un grand État. Philippe IV meurt le 29 novembre 1314 à Fontainebleau, probablement de la fièvre typhoïde, et est enterré à Saint-Denis.

Au même moment...

Rome (Papes) Honorius IV (1285-1287) ; Nicolas IV (1288-1292) ; Célestin V (5 juill.-13 déc. 1294) ; Boniface VIII (1294-1303) ; Benoît XI (1303-1304) ; Clément V (1305-1314)

Saint Empire Romain Germanique Rodolphe Ier de Habsbourg (1273-1291) ; Adolphe de Nassau (1292-1298) ; Albert Ier de Habsbourg (1298-1308) ; Henri VII de Luxembourg (1308-1313) ; Louis IV de Bavière (1314-1346).

Angleterre Édouard Ier (1272-1307) ; Édouard II (1307-1327).

Navarre Jeanne Ire (1274-1305) et Philippe le Bel (1284-1305) ; Louis Ier (Louis X le Hutin) (1305-1316).

Naples Charles II d' Anjou (1285-1309) ; Robert le Sage (1309-1343).

Aragon Alphonse III le Bienfaisant (1285-1291) ; Jacques II le Juste (1291-1327).

Hongrie Charles Martel, roi titulaire de Hongrie (1290-1295) ; Charles Ier (Carobert) (1295-1342).

Louis X le Hutin (1289 - 1316)

Roi de France de 1314 à 1316

Louis X le Hutin, second enfant et premier fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne Ire de Navarre-Champagne, est né à Paris en 1289. D'abord roi de Navarre, comte de Champagne et de Brie, il est sacré à Reims le 24 août 1315. Il règne dix-huit mois. On ne sait pas d'où lui vient son surnom. Il épouse Marguerite de Bourgogne en 1305, puis Clémence de Hongrie en 1315. Il assiste, impuissant, à une formidable réaction des vassaux qui ont perdu leurs privilèges sous Philippe IV et meurt, sans doute d'une pneumonie, à Vincennes le 5 juin 1316. Il est enterré à Saint-Denis.

Au même moment...

Rome (Papes) Vacance du siège apostolique.

Jean Ier le Posthume (1316)

Roi de France en 1316

Jean Ier, seul fils de Louis X le Hutin et de Clémence de Hongrie, est né à Paris dans la nuit du 13 au 14 novembre et mort à Paris le 19 novembre 1316. On se sait pas s'il n'a pas été assassiné ou enlevé et remplacé par un enfant mourant. Toujours est-il que du mois de juin au mois de novembre 1316 il n'y a pas eu de roi. Philippe, second fils de Philippe le Bel, exerce la régence. Louis X a une fille, Jeanne de Navarre. Est-elle en droit de régner à la place de son jeune frère défunt ? le régent Philippe convoque une Assemblée des barons qui le proclame roi (le 2 décembre 1316), en vertu de la «loi salique», une loi jamais écrite, qui exclut les femmes du trône. Cette situation va se retourner contre lui car il ne laisse que des filles qui seront, à leur tour, déshéritées au profit de son frère Charles IV en vertu de la même loi salique. La même situation va se retrouver en 1328 : à la mort de Charles IV (le dernier Capétien de la branche aînée) une nouvelle dynastie montera sur le trône, celle des Valois.

Au même moment...

Papes Jean XXII (1316-1334).

Saint Empire Romain Germanique Louis IV de Bavière (1314-1346).

Angleterre Édouard II (1307-1327).

Navarre Jean Ier le Posthume(1316).

Naples Robert le Sage (1309-1343).

Aragon Jacques II le Juste (1291-1327).

Castille Alphonse XI (1312-1350).

Portugal Denis (1279-1325).

Philippe V le Long (v. 1293 - 1322)

Roi de France de 1316 à 1322

Philippe V le Long, cinquième enfant et second fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne Ire, reine de Navarre, est né vers 1293. Il est sacré à Reims le 9 janvier 1317. Il doit réprimer un soulèvement des «Pastoureaux», bergers et vagabonds qui dévastaient les châteaux et les églises, puis régler la question de la Flandre française qui est restituée en 1320. Ensuite il s'occupe de l'administration intérieure : il uniformise la monnaie dans tout le royaume ; comme ses prédécesseurs, il continue à affranchir des serfs. Il arme des milices urbaines. Il innove peu. Jeanne de Bourgogne, sa femme, ne lui donne que des filles. Il meurt de la dysenterie le 2 janvier 1322 à Longchamp. Il est enterré à Saint-Denis.

Au même moment...

Papes Jean XXII (1316-1334).

Saint Empire Romain Germanique Louis IV de Bavière (1314-1346).

Angleterre Édouard II (1307-1327).

Naples Robert le Sage (1309-1343).

Aragon Jacques II le Juste (1291-1327).

Castille Alphonse XI (1312-1350).

Portugal Denis (1279-1325).

Charles IV le Bel (1294-1328)

Roi de France de 1322 à 1328

Charles IV le Bel, sixième enfant et troisième fils de Philippe IV le Bel et de Jeanne Ire de Navarre et frère cadet de Louis X le Hutin et de Philippe V le Long, est né en 1294. D'abord comte de la Marche, il est sacré à Reims le 11 février 1322. Très hostile à son frère, il lui succède sans que ses nièces ne songent à lui disputer le trône. Il trouve le trésor ruiné par l' «administration» de son frère et punit et dépouille les financiers lombards. Puis il aide sa sour Isabelle, femme d' Édouard II d' Angleterre à former un groupe de mécontents et à se rebeller contre son mari débauché. Édouard II est arrêté et mis à mort en 1327. Son fils Édouard III enfermera sa mère dans un château fort pour la punir et n'hésitera pas à disputer la couronne de France à Philippe de Valois en faisant valoir les droits de sa mère, en 1328. En 1324, Charles IV mène la «guerre des Bâtards» contre les seigneurs de Gascogne alliés des Anglais, qui dévastent le domaine royal. Il meurt le 1er février 1328, au château de Vincennes et est enterré à Saint-Denis. De ses trois femmes, il n'a que des filles et l'on attend la naissance de l'enfant de Jeanne d' Évreux pour pourvoir le trône. Deux mois plus tard, elle met au monde une fille et la dynastie des Capétiens directs se termine. Ils avaient agrandi le domaine royal et réussi à se faire obéir de leurs vassaux.

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