Les rois des Francs : les Carolingiens

(751-987)

  1. Pépin le Bref
  2. Charlemagne
  3. Louis Ier
  4. Charles II
  5. Louis II
  6. Louis III & Carloman
  7. Charles III
  8. Eudes
  9. Charles III
  10. Robert Ier
  11. Raoul
  12. Louis IV
  13. Lothaire
  14. Louis V

PEPIN LE BREF (715-768)

Roi des Francs de 751 à 768

Né en 715, il est placé sur le trône ainsi que sa femme Berthe « par l’élection de tous les Francs, la consécration des évêques et la soumission des Grands ». Il est sacré et couronné à Soissons en 752 par Saint Boniface, archevêque de Mayence. Il commence par défendre le Pape contre les Lombards et lui fait donation d’un Etat. Il expulse définitivement les Musulmans au siège de Narbonne. Sa plus importante conquête est celle de l’Aquitaine dont il chasse le Duc Waifre après 7 campagnes consécutives. La province d’Aquitaine fait désormais partie du royaume franc. Il porte également la guerre au-delà du Rhin contre les Germains. En dehors de ses brillantes victoires, son règne est surtout marqué par l’institution du sacre des rois. Celui-ci n’existait pas en effet sous les Mérovingiens, élevés sur le trône par une inauguration guerrière, « élevés sur le pavois » (bouclier franc) par leurs guerriers. Il meurt en 768 et est enterré à l’abbaye de Saint-Denis. Marié à Berthe dite « au grand pied », il eut deux fils, Charles et Carloman.

CHARLEMAGNE (742-814)

Roi des Francs de 768 à 814

A la mort de Pépin, ses deux fils sont « élevés à la royauté », l’un à Noyon, l’autre à Soissons. Mais les deux frères ne s’entendent pas. Charles est favorable au pape et Carloman aux Lombards, barbares païens d’Italie qui veulent s’emparer des états pontificaux. Par chance, Carloman meurt le 4 décembre 771, laissant la totalité du royaume à son frère. L’ « empereur à la barbe fleurie » n’a jamais porté de barbe, comme le chantèrent les poètes, dans les chansons de gestes, ni les riches vêtements dont le para l’imagerie. Il n’a pas non plus la majesté d’un César. C’est un homme aux goûts simples, s’occupant lui-même de ses fermes, s’adonnant à la chasse et à la natation. De haute stature, corpulent, il porte la moustache et la chevelure abondante des Francs. Le moine Eginhard, son historiographe, le décrit comme un homme très pieux, aimant par dessus tout la guerre, mais surtout la guerre sainte, pour convertir les païens. En quarante-sept ans, Charlemagne va conquérir un immense empire, tel que la France n’en connaîtra jamais plus. Il s’empare du royaume des Lombards : en 774, il bat et dépose le roi Didier, ennemi du pape. Pour éviter les razzias des Saxons, il mène contre eux des campagnes non moins acharnées que cruelles. Il lui faudra vingt expéditions pour venir à bout de la résistance de leur roi Widuking, expéditions au cours desquelles il massacrera sans pitié, mais dont l’issue est la soumission et la conversion de tout un peuple. Il marche également contre les Emirats arabes du nord de l’Espagne. C’est à cette époque que se situe la « Chanson de Roland ». Ses succès sont moins éclatants que ne le dit le poème. Il soumet enfin les Avares, les Slaves et les Danois, peuples de l’Est, qui tout en gardant leurs rois et leurs coutumes, reconnaissent la souveraineté de Charlemagne ; si ce dernier est cruel à la guerre, il n’en traite pas moins bien les soumis. Le seul peuple qu’il ne soumettra jamais est le peuple breton. Aux frontières de son royaume, il crée, comme les empereurs romains, des Etats défensifs, les Marches, toujours prêts à riposter à toute attaque. Charlemagne est, en effet, considéré par tous comme le « Maître de la Terre », comme le « successeur des empereurs romains ». C’est pourquoi, en l’an 800, à la messe de Noël, célébré à Rome, le Pape place la couronne de l’Empereur sur sa tête, sans qu’il s’y attende, puis d’agenouille devant lui, comme c’était la coutume sous Constantin, et… « l’adore ». Charlemagne en est très irrité, nous dit Eginhard ; voulait-il s’en parer lui-même comme le fera Napoléon longtemps après ?
Le nouvel empereur est désormais appelé « le Grand » (magnus), moins à cause de ses conquêtes que de l’éclat et du renouveau de la civilisation qu’il engendre. On parle même de « Renaissance » par comparaison avec la barbarie mérovingienne. Il réorganise les comtés, unités administratives gouvernées par les comtes et les évêques. Il les fait surveiller par les « Missi Dominici », les « envoyés du Maître », sorte d’inspecteurs qui veillent à l’application des lois. Les lois deviennent écrites, sous forme de petits chapitres, les « Capitulaires ». En ce domaine son autorité est d’ailleurs limitée, car ce sont les Grands, ses « vassaux », qui lui dictent ces lois. Ces vassaux sont d’autant plus puissants que le système de la « recommandation » se renforce : les plus faible se mettent sous la protection des plus puissants seigneurs, ils se font leurs vassaux. Ce régime, qui permet une bonne organisation militaire dans les provinces éloignées, porte en lui les germes d’un grand danger : celui de la féodalité qui fera trembler la royauté. Bien que ne sachant pas écrire lui-même (ce qui ne l’empêche pas de connaître le grec et le latin), Charlemagne professe le goût des Lettres et des Arts. Il s’entoure d’érudits, ainsi Alcuin, qu’il charge de réorganiser les études dans le royaume, en particulier dans les écoles épiscopales. Il crée l’Université de Paris. La « minuscule caroline », notre calligraphie actuelle, est instituée pour faciliter la rédaction des manuscrits latins, œuvre des moines. Charlemagne eut quatre femmes : Désirée, Hildegarde, Fastrade et Liutgarde qui lui donnèrent de nombreuses filles et trois fils, qu’il associa à son trône. Il meurt de maladie en 814, et est enterré à Aix-la-Chapelle, sa capitale.

LOUIS Ier LE PIEUX (778-840)

Roi des Francs de 814 à 840

De ses trois fils, Pépin, Charles et Louis, seul Louis lui survécut. Charlemagne couronne lui-même son fils Louis à Aix-la-Chapelle. C’est un homme cultivé, il connaît le grec et le latin. Très dévot, il se laisse diriger par les hommes d’Eglise, d’où son surnom « le Pieux ». Il n’est pas à la hauteur de sa tâche ni de l’immense empire qui lui échoit. Son règne est marqué par le retour des querelles dynastiques. Ses propres fils, Lothaire, Louis et Pépin, qu’il a couronnés lui-même, lui font la guerre de son vivant pour le partage du royaume. Ils osent même le déposer et l’enfermer dans un couvent en 833 : en effet, Louis, poussé par sa seconde femme, Judith de Bavière, avait dépossédé son fils aîné Lothaire, au profit de Charles, fils de Judith. Il n’est rétabli sur son trône qu’en 837, par une assemblée d’évêques et d’abbés. Lothaire retrouve ses droits, un nouveau partage est prévu. Ce règne est marqué également par le début des grandes invasions normandes qui se succèdent, toujours plus terrifiantes, pendant un siècle, sur la côte atlantique, à l’embouchure des grands fleuves. Ce sont des Scandinaves, les Vikings, sur leurs drakkars, bateaux à font plat qui naviguent aussi bien en rivière qu’en mer : ils sèment la terreur et le roi n’a pas su organiser une résistance efficace. Son règne fait revenir le climat d’incertitude de l’époque des rois fainéants : l’empire se disloque à nouveau, à cause de la guerre des trois frères, des razzias normandes et du morcellement féodal qui s’instaure. Il meurt après 26 ans de règne près d’Ingelheim et est enterré à Metz.

CHARLES II LE CHAUVE (823-877)

Roi des Francs de 843 à 877

Les guerres fratricides entre les trois fils de Louis se terminent par la bataille de Fontenay, dans laquelle Charles II se ligue avec Louis dit le Germanique contre leur aîné Lothaire qui prétendait unir tout l’empire sous sa loi. La bataille n’est pas décisive mais elle aboutit en 843 au fameux Partage de Verdun qui scinde l’Empire en trois « royaumes » qui vont durer. Charles reçoit la Francie Occidentale, limitée à peu près par l’Escaut, la Meuse, la Saône et le Rhône. Louis a la Francie Orientale, à l’est du Rhin et au nord des Alpes ; Lothaire, de par son droit d’aînesse, garde le titre d’empereur et reçoit la part du milieu, de la mer du Nord au sud de l’Italie. Les deux Francie orientale et occidentale, qui préfigurent la France et l’Allemagne, vont se disputer la partir intermédiaire, le domaine de Lothaire. Charles le Chauve, désormais roi de France, est un souverain intelligent, qui a reçu de sa mère Judith une éducation savante. Il tente de rétablir son autorité dans le royaume et de ressusciter l’empire de Charlemagne. Il se fait nommer roi de Lorraine, puis roi d’Italie. Il construit des ponts fortifiés sur les rivières pour résister aux Normands. En 875, il est couronné empereur à Rome. Il meurt le 6 octobre 877 et est enterré au monastère de Nantua.

LOUIS II LE BEGUE (846-879)

Roi des Francs de 877 à 879

Fils de Charles le Chauve, il est d’abord roi d’Aquitaine puis hérite de la couronne de France en 877. Il règne deux ans et meurt. Il est enterré à l’église Notre-Dame de Compiègne.

LOUIS III (863-882) & CARLOMAN (866-884)

Rois des Francs de 879 à 882 et 884

Ils se partagent la succession de leur père, Louis II, mais curieusement gouvernent ensemble et en bonne entente. Mais l’empire continue à se morceler en royaumes. En 881, ils remportent une victoire sur les Normands à Saucourt-en-Vimeux près d’Abbeville. Les Normands fuient vers la Lorraine et concluent un traite avec le roi de Germanie, Charles le Gros. Louis III meurt en 882, et Carloman deux ans après.

CHARLES III LE GROS (838-888)

Roi des Francs de 884 à 888

L’héritier de la couronne aurait dû être Charles le Simple, fils de Louis le Bègue et d’Adélaïde, mais ce n’était qu’un enfant. En Germanie régnait Charles le Gros, fils de Louis le Germanique, empereur couronné à Rome. En 884, celui-ci est invité par les Grands à prendre le pouvoir à la place de Charles le Simple. En 885, les Normands entrent à Rouen et remontent la Seine jusqu’à Paris. Paris, à cette époque, était limitée à l’île de la Cité, entouré par une enceinte romaine. Le défenseur de Paris, Eudes, fait appel à Charles le Gros, mais celui-ci arrive trop tard, et au lieu de reprendre Paris saccagé par Siegfried et ses Normands, traite avec eux, leur livre la Bourgogne et paie très cher pour qu’ils fassent retraite. Il est déposé en 888 et meurt.

EUDES (v. 860-898)

Roi des Francs de 888 à 898

Après la déposition de Charles le Gros, évêques et comtes se réunissent pour choisir un roi. Ils élisent Eudes, fils de Robert le Fort, comte d’Anjou, défenseur de Paris qui est sacré solennellement à Compiègne et reçoit une couronne d’or en 888. Il est considéré comme plus digne de « la Majesté Royale » que Charles le Gros mais sa fortune ne dure pas. Il succombe sous le poids des envahisseurs normands et accepte leur successeur le fils de Louis le Bègue. Il meurt en 898 et est enterré à Saint-Denis.

CHARLES III LE SIMPLE (879-929)

Roi des Francs de 898 à 922

Fils posthume (c’est-à-dire né après la mort de son père) de Louis II le Bègue, il est sacré roi des Francs à la mort d’Eudes sur la recommandation du roi Arnoul de Germanie et de l’archevêque de Reims. Il met fin aux guerres avec les Normands en cédant à leur chef Rollon, par le traité de Saint-Clair-sur-Epte en 911, la province de Normandie qui portera leur nom. Méprisé par les Grands pour ce traité, il est trahi et emprisonné par Héribert, comte de Vermandois en 922. Il meurt au château de Péronne en 929.

ROBERT Ier (866-923)

Roi des Francs de 922 à 923

Second fils de Robert le Fort, il n’est que duc de France jusqu’à la mort de son frère aîné Eudes. En 898, il devient en outre duc de Bourgogne. Elu roi par les seigneurs et couronné à Reims en 922, il sera tué l’année suivante par l’armée de Charles le Simple qui vient lui livrer bataille près de Soissons.

RAOUL ( ?-936)

Roi des Francs de 923 à 936

Duc de Bourgogne, allié au comte de Paris, il est élu par les Grands dans une Assemblée générale. Il remporte à Limoges une grande victoire sur les Normands qui lui rallie les seigneurs de l’Aquitaine. Mais il se querelle avec le comte de Vermandois qui avait déposé Charles III. La paix n’est rétablie qu’en 935. De nouveaux envahisseurs apparaissent sous son règne : les Hongrois. Ils sont arrêtés par Henri Ier d’Allemagne. Raoul meurt après un règne de 13 ans et est enterré à Sens.

LOUIS IV D’OUTREMER (921-954)

Roi des Francs de 936 à 954

L’alternance des descendants d’Eudes et de ceux de Charles le Chauve, sur le trône de France, se poursuit. Fils de Charles III le Simple, il avait été emmené en Angleterre par sa mère. Il revient pour être couronné à Laon en 936, par Guillaume, archevêque de Sens, puis une seconde fois à Reims. Toute sa vie, il lutta contre la famille des comtes de Paris et les seigneurs féodaux. Son royaume est restreint à son domaine de Laon et Reims. Tandis que les ducs de France sont de plus en plus puissants, il se heurte à Hugues le Grand, qui, en fait, gouverne le territoire sans s’emparer du trône, ce qui lui aurait été facile. Il meurt d’une chute de cheval. Il est enterré à Saint Rémi de Reims.

LOTHAIRE (941-986)

Roi des Francs de 954 à 986

Il est associé à la couronne de son père, Louis IV, du vivant de celui-ci et sacré à Reims. A côté de lui grandissait Hugues Capet, héritier des comtes de Paris. Lothaire essaie de lutter contre Hugues, mais sans succès. Son domaine est entouré par les fiefs de son rival. Il attaque l’empereur Otton II d’Allemagne (qui n’est plus Carolingien) mais Otton marche sur Paris, se retire, et est traîtreusement attaqué dans sa retraite, au passage de l’Aisne, par Lothaire qui le vainc inutilement.

LOUIS V LE FAINEANT (967-987)

Roi des Francs de 986 à 987

Associé au trône de son père, Lothaire, en 979, il n’a que le temps de convoquer une assemblée des Francs à Compiègne. Celle-ci doit juger l’archevêque de Reims, Adalbéron, qui a soutenu Otton II dans sa querelle contre Lothaire. Or, Louis V meurt d’une chute de cheval la veille de la réunion et l’assemblée élit Hugues Capet, fils aîné d’Hugues le Grand. Avec cet accident disparaît la lignée des Carolingiens ; une nouvelle dynastie s’établit : celle des Capétiens.

BENJAMIN HUS