Marie Ière Tudor

(Greenwich, 1516 - Londres, 1558)

Reine d'Angleterre de 1553 à 1558

Marie Iere est la première reine à accéder au trône d'Angleterre . Courageuse et têtue, son caractère est façonné par ses plus jeunes années : un Act du Parlement en 1533 déclare son illégitimité et retire son droit à la succession du trône (elle est rétablie en 1544, mais son beau-frère Edouard l'écarte une nouvelle fois de la succession juste avant sa mort), alors qu'elle fait pression pour renoncer à la messe et reconnaît l'Eglise protestante d'Angleterre.

Marie Iere restaure la suprématie papale en Angleterre, abandonne le titre de Chef Suprême de l'Eglise, réintroduit les évêques catholiques et commence la lente réhabilitation des ordres monastiques. Elle rétablie également les vieilles lois d'hérésie pour garantir le maintien de la religion catholique dans le pays ; l'hérésie est considérée comme une religion et équivaut à de la trahison (croire en une religion différente de celle de la souveraine est un acte de défiance et déloyal). Résultat, environ 300 protestants hérétiques sont brûlés vifs en trois ans (le clergé protestant à la tête duquel on retrouve Cranmer, auteur de deux livres de Prières Communes est écarté de ces persécutions) ; Latimer et Ridley, hérétiques, sont principalement pauvres et autodidactes.

Au delà de la profonde impopularité de Marie Iere, le traitement laisse entendre que les gens sont prêts à mourir selon le règlement protestant établi au cours du règne de Henri VIII. Le progrès de la conversion du pays sous Marie Iere est limité par les droits acquis de l'aristocratie et la petite noblesse qui ont acheté les domaines monastiques vendus après la dissolution des monastères et qui ont refusé de restituer leurs possessions comme la reine l'avait exigé.

Agée de 37 ans lors de son accession, Marie espère se marier et avoir des enfants, permettant ainsi de laisser un héritier catholique pour consolider ses réformes religieuses, et écarter sa belle-sœur Elisabeth (clé de l'opposition protestante) de la succession directe. La décision de la reine d'épouser Philippe II, futur roi d'Espagne, en 1554 est très mal appréciée ; la protestation des Communes pousse Marie à déclarer devant le Parlement qu'il « n'est pas habitué à utiliser ce genre langage pour les rois d'Angleterre » et à propos de son mariage « elle choisira ce que Dieu lui inspire ».

Le mariage est sans enfants, Philippe passant la plupart de son temps sur le continent, l'Angleterre n'obtenant même pas une partie du monopole espagnol sur le Nouveau Commerce Mondial. L'alliance avec l'Espagne entraîne l'Angleterre dans une guerre contre la France. Le mécontentement populaire grandit un petit peu plus lorsque Calais, le dernier vestige des possessions anglaises sur le territoire français acquis sous le règne de Guillaume le Conquérant, est repris par les Français en 1558. Accaparée par sa mauvaise santé, Marie Iere meurt un peu plus tard dans l'année, certainement d'un cancer. Elle laisse la couronne à sa belle-sœur Elisabeth...

A Mouvaux le vendredi 6 août 2004,

Benjamin HUS