Henri VIII

(Greenwich, 1491 - Westminster, 1547)

Roi d'Angleterre de 1509 à 1547

Henri VIII est né à Greenwich le 28 juin 1491, second fils de Henri VII et d'Elisabeth d'York. Il devient héritier du trône à la mort de son frère aîné, le prince Arthur, en 1502 et succède à son père en 1509. Jeune homme, Henri VIII se montre athlétique et très intelligent. Un observateur le décrit ainsi : « Il parle bien Français, Latin et Espagnol ; il est très pieux ; il écoute trois messes quotidiennes quand il va chasser... Il est passionné de chasse, et ne revient jamais sans avoir épuisé huit ou dix chevaux... Il est également très fort au tennis. »

Les matières scolaires de Henri VIII comprennent l'écriture de deux livres et la musique, ce qui feront de lui un mécène. (Greensleeves, la mélodie populaire qu'on lui attribue fréquemment n'est cependant pas l'une de ses compositions) Auteur d'un bestseller (qui se vend à travers l'Angleterre et l'Europe par vingt éditions) attaquant Martin Luther et supportant l'Eglise catholique en 1521, Henri VIII reçoit le titre de « Gardien de la Religion » par le Pape.

De son père, le roi hérite d'un royaume stable avec des finances saines en surplus - à son accession, le Parlement n'a pas été convoqué pour des approvisionnements depuis cinq ans. Les intérêts divers de Henri VIII et le manque d'applications pour les affaires du gouvernement et de l'administration accentuent l'influence de Thomas Wolsey, un fils de boucher, qui devient Lord Chancelier en 1515.

Wolsey devient l'un des ministres les plus puissants de l'Histoire britannique (symbolisé par son immeuble d'Hampton Court Palace). Wolsey exerce ses pouvoirs vigoureusement au travers de la Chancellerie et de l'utilisation accrue de l'autorité judiciaire du Conseil. Wolsey est aussi nommé cardinal en 1515 et on lui donne les pouvoirs de légat papal qui lui offrent l'opportunité d'éviter l'archevêque de Canterbury et de « gouverner » l'Eglise en Angleterre.

Les intérêts du roi en politique extérieure sont fixés à l'Ouest de l'Europe, qui est caractérisé par un changement d'alliances centrées autour des rois d'Espagne et de France. (Le roi est connu pour ses mariages - sa femme Catherine est la fille de Ferdinand d'Aragon, sa soeur Marie est mariée à Louis XII, roi de France, en 1514, et l'Empereur du Saint Empire Romain Germanique Charles Quint est le neveu de Catherine.) Un exemple de ces changements d'alliance, les désastreuses campagnes anglo-espagnoles contre la France, finissant par une paix avec la France en 1520, dans une période où il dépense d'énormes sommes dans les tournois. Henri VIII investit également dans la marine de guerre, et augmente son importance, passant de cinq à cinquante-trois navires de guerre (dont le Mary Rose, les restes étant aujourd'hui exposés au Portsmouth Naval Museum).

La seconde moitié du règne du roi est dominée par deux problèmes majeurs pour le reste de l'Histoire de l'Angleterre et pour la monarchie : la succession et la Réforme protestante, qui conduit à la formation de l'Eglise anglicane.

Henri VIII a épousé la veuve de son frère, Catherine d'Aragon, en 1509. Catherine a laissé un seul enfant survivant (une fille, la princesse Marie, née en 1516). A la fin des années 1520, la femme du roi a atteint la quarantaine et le roi est désespéré de ne pas avoir de fils. La dynastie des Tudors a été établie par la conquête en 1485 et Henri VIII est seulement le second monarque. L'Angleterre n'a jamais eu jusqu'à présent de reine d'Angleterre, et la dynastie n'est pas assez sécurisée pour courir le risque de transmettre la couronne à une femme ce qui donnerait lieu à une succession disputée ou l'influence d'un prince étranger à travers un mariage.

Henri VIII est tombé éperdument amoureux d'Anne Boleyn, la soeur d'une de ses nombreuses maîtresses, et essaie de persuader le Pape de lui accorder l'annulation de son mariage, ce qui n'a jamais été légal. (Des divorces royaux ont eu lieu avant : Louis XII a eu l'accord pour divorcer en 1499, et en 1527 la veuve de Jacques IV, Marguerite (la soeur de Henri VIII) a aussi eu l'accord religieux). Cependant, un Pape précédent a spécialement accordé à Henri VIII d'épouser la veuve de son frère en 1509. En mai 1529, Wolsey échoue à gagner l'accord du Pape pour résoudre le problème du roi d'Angleterre. Tous les efforts de Henri VIII et de ses conseillers n'amènent à rien ; Wolsey est renvoyé et arrêté, mais meurt avant qu'il ne soit conduit en procès.

Depuis l'échec des tentatives d'obtenir le divorce en pressant la papauté, le successeur de Wolsey, Thomas Cromwell (le chef des conseillers du roi depuis 1532) se tourne vers le Parlement, usant de ses pouvoirs et de l'attitude anti-cléricale (encouragée par les excès de Wolsey) pour trouver une issue favorable. Le résultat est une série d'Acts réduisant les pouvoirs du Pape et son influence en Angleterre et provoquant la Réforme anglaise. En 1532, une loi contre les annates (impôts perçus par le Saint-Siège) - bien que suspendus pour « le plaisir du roi » - résonne comme un avertissement pour le Pape car ce sont ses revenus qui sont menacés. En 1532, Cranmer est promis archevêque de Canterbury et, à la suite de l'accord du Pape pour sa nomination, en mai 1533, Cranmer déclare le mariage de Henri VIII annulé ; Anne Boleyn est couronnée reine la semaine suivante.

Le Pape répond immédiatement par l'excommunication, et la législation parlementaire promulguant la décision du roi de casser avec l'Eglise catholiqe est bientôt suivie. Un Act interdit les prières de Rome, indiquant que l'Angleterre est un empire, gouverné par un roi, chef suprême qui possède toute l'autorité en son royaume ; dans ce contexte, ni jugement ni excommunication de Rome ne sont valides. Un Act de Submission du clergé et un Act de Succession suivent, ainsi qu'une loi de Suprématie (1534) qui reconnaît le roi chef suprême de l'Eglise d'Angleterre appelée l'Eglise Anglicane. La brèche entre Henri VIII et le Pape ouverte, le clergé, les employés de l'Etat et les autres doivent maintenant choisir leur camp - le plus célèbre étant Sir Thomas More, qui est exécuté pour trahison en 1535.

L'autre effet de la Réforme protestante anglaise est la dissolution des monastères, qui comprend les terres monastiques et les possessions, démolis et mis en vente. Dans les années 1520, Wolsey ferme les petites communautés monastiques pour payer ses nouvelles fondations (il a des collèges construits à Oxford et Ipswich). En 1535-1536, deux cent autres petits monastères sont dissouts par la loi ; résultat, les revenus de la couronne doublent en quelques années.

Le second mariage du roi fait naître des espoirs sur la naissance d'un héritier mâle. Mais Anne Boleyn donne naissance à une autre fille, la princesse Elisabeth, et ne réussit pas à donner un garçon à la couronne. Henri VIII se débarasse d'Anne Boleyn en l'accusant de haute trahison (avec l'aide de Thomas Cromwell), ce qui est entièrement faux. Elle est finalement exécutée en 1536. En 1537, sa remplaçante, la troisième femme du roi, Jane Seymour, lui donne enfin un fils, qui devient plus tard roi sous le nom d'Edouard VII. Jane meurt douze jours après la naissance d'Edouard en 1537.

Bien que Cromwell ait démontré être un ministre efficace en provoquant le divorce royal et la Réforme anglaise, sa position est peu solide. Le Pélerinage de Grâce, une insurrection en 1536, précipite le renvoi de Cromwell (les rebelles sont réprimés) mais c'est le quatrième mariage manqué et bref de Henri VIII avec Anne de Clèves qui conduit à la chute de Cromwell. Même si ce dernier a été fait Comte d'Essex en 1540, trois mois plus tard il est arrêté et exécuté.

Henri VIII fait deux autres mariages, avec Catherine Howard (exécutée pour des raisons d'adultère) et Catherine Parr (qui survit au roi et meurt en 1548). Aucune des deux ne donne d'enfants.

Après l'exécution de Cromwell, il n'y a plus de grands ministres qui apparaîssent au cours des sept dernières années du règne de Henri VIII. Empâté, coléreux et en mauvaise santé, le roi tourne toute son attention vers la France une fois de plus. En dépit de la formation d'une armée de 40 000 hommes, seule la ville de Boulogne est prise et la campagne de France échoue. Bien que plus de la moitié des biens monastiques ont été vendus, les prêts et dépréciations monnétaires doivent également être dépensés pour la guerre, ce qui contribue à l'inflation. Henri VIII meurt le 28 janvier 1547.

Pour beaucoup, le roi est un souverain fort et impitoyable, forçant par des changements les relations Eglise-Etat qui excluent la papauté et amènent le clergé sous contrôle, renforçant la position de la couronne et acquérant la richesse des monastères.

Néanmoins, la Réforme de Henri VIII a provoqué de dangereux désaccords Protestants-Catholiques en Angleterre. La richesse des monastères est dépensée dans les guerres et elle a fortement contribué à développer la puissance économique de l'aristocratie et d'autres familles dans les comtés, ce qui encourage les factions ambitieuses à la cour des Tudors.

La participation du Parlement, en faisant des changements religieux et dysnastiques, a été fermement établie. Toutes ces affaires, menées dans un unique but d'établir sa dysnastie, et dont le résultat est un bouleversement religieux, ont apporté, au terme des six mariages de Henri VIII, un fils malade atteint de tuberculose et une succession peu solide avec deux princesses (Marie et Elisabeth) qui ont été déclarées illégitimes ; aucune des deux n'a d'enfants.

A Mouvaux le samedi 17 juillet 2004,

Benjamin HUS