De la guerre froide au monde d'aujourd'hui


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I - La guerre froide en Europe (1947-1961)

1) L'Europe partagée en deux

Pourtant alliés en guerre contre l'Allemagne, les Etats-Unis et l'URSS sont de plus en plus en désaccord quand il s'agit de préparer le monde de l'après-guerre. des zones d'influence se dessinent en Europe à partir de 1945.

L'URSS ne respecte pas ses engagements de préparer les élections libres en Europe orientale. Au contraire, pour défendre la sécurité de son pays, Staline impose des régimes communistes en Europe de l'Est. Les démocraties populaires, crées entre 1946 et 1949, suivent sur le modèle de l'URSS...

L'ancien Premier Ministre britannique Winston Churchill dénonce, dès 1946, le "rideau de fer" qui partage l'Europe en deux ensembles politiques opposés.

2) Le camp libéral et le camp communiste

Le président des Etats-Unis, Harry Truman, est convaincu que l'extension du communisme en Europe s'appuie sur la misère et la pénurie des produits de première nécessité. Il annonce en mars 1947 une nouvelle politique américaine pour arrêter l'expansion soviétique : l'endiguement. En juin 1947, les Etats-Unis s'engagent par le plan Marshall, à aider la reconstruction des pays d'Europe ruinés par la guerre.

L'URSS se sent menacée par le monopole nucléaire américain ; elle empêche les pays qu'elle contrôle d'accepter le plan Marshall. Jdanov expose la riposte soviétique en septembre 1947 : l'URSS accorde un soutien total à tous les partis et pays communistes mobilisés dans la lutte contre le camp occidental.

3) Les crises de la guerre froide

Chaque bloc est organisé autour d'un système d'alliance militaire. Créée à l'initiative des Etats-Unis en 1949, l'OTAN regroupe la plupart des Etats d'Europe occidentale et d'Amérique du Nord. Les pays du bloc soviétique se regroupent dans le pacte de Varsovie en 1955.

Les deux Grands s'affrontent indirectement à Berlin : blocus en 1948-1949, construction du mur en 1961. Les tensions sont vives dans toute l'Europe car elles sont entretenues de part et d'autre par une active propagande. La guerre froide désigne le conflit que les Etats-Unis et l'URSS se livrent dans tous les domaines, mais sans jamais s'affronter directement par les armes.

II - L'Allemagne dans la guerre froide

1) Le pays vaincu est occupé

En 1945, les conférences réunies à Yalta (URSS) et à Potsdam (Allemagne fixent le sort de l'Allemagne. Les vainqueurs partagent son territoire en quatre zones d'occupation militaire et sa capitale en quatre secteurs. Les désaccords se manifestent très rapidement entre les alliés occidentaux et les Soviétiques. Staline revendique le contrôle total de Berlin située au cœur de la zone d'occupation soviétique, et cherche à en éloigner les Occidentaux.

Pour résister aux ambitions soviétiques sur Berlin-Ouest, et engager des réformes politiques et économiques, Américains, Anglais et Français unissent leurs zones au printemps 1948. Le mécontentement soviétique se manifeste par le blocus de Berlin-Ouest en juin 1948. La détermination des Etats-Unis à ne pas céder aux pressions soviétiques et à maintenir la présence occidentale à Berlin les conduit à ravitailler la ville par un pont aérien.

L'URSS lève le blocus en mai 1949. Il résulte de cette crise la création de deux Etats allemands : à l'Ouest, la RFA - République Fédérale d'Allemagne - (capitale Bonn) et à l'Est, la RDA - République Démocratique Allemande - (Capitale Berlin-Est).

2) Un enjeu et un symbole de la guerre froide

Les deux parties de l'Allemagne et de Berlin évoluent désormais séparément de part et d'autre du "rideau de fer". La RFA, Etat libéral et capitaliste, dotée d'une constitution fédérale, se reconstruit grâce à l'aide du plan Marshall et bénéficie de la protection américaine. La RDA est un Etat communiste et satellite de l'URSS.
Mais les autorités de la RDA refusent toujours le statut particulier de Berlin. Elles constatent aussi que trois millions et demi d'Allemands de l'Est ont fui vers l'Ouest libre et prospère, en passant par Berlin. C'est pourquoi elles font édifier dans la nuit du 12 au 13 août 1961 un mur séparant la zone soviétique et celle des occidentaux.

L'URSS et la RDA restent sourdes aux protestations internationales contre le "mur de la honte" et aux gestes de solidarité comme celui du président américain Kennedy. Lors de sa visite à Berlin Ouest en 1963, Kennedy déclare : "Ich bin ein Berlinner ("Je suis un berlinois"). Les deux Allemagne semblent durablement séparées.

III - L'expansion communiste en Asie

1) La révolution communiste en Chine

En 1945, la Chine fait partie des pays vainqueurs mais est très affaiblie par la guerre menée par le Japon depuis 1937. De plus, deux grandes forces politiques s'affrontent dans une guerre civile : les Nationalistes de Tchang-Kaï-Chek sont soutenus par les Etats-Unis : les communistes menés par Mao Zedong bénéficient de l'aide de l'URSS.

Malgré l'aide américaine accordée aux nationalistes, les communistes l'emportent. Le 1er octobre 1949, Mao Zedong proclame la République Populaire de Chine. Le nouveau pouvoir immédiatement reconnu par l'URSS signe avec elle un traité d'assistance et d'amitié. Les nationalistes se replient sur l'île de Formose (Taïwan).

2) La guerre froide en Asie

Le partage de l'Asie entre les deux blocs se poursuit par plusieurs conflits notamment en Corée et en Indochine. Ancienne colonie japonaise, la COrée est divisée en deux depuis 1945. En 1950, la Chine, encouragée par l'URSS, cherche à provoquer la réunification des eux Corée par la conquête de la Corée du Sud. L'intervention militaire des Etats-Unis au nom de l'ONU empêche la victoire des communistes et impose un armistice en 1953. Depuis, la frontière séparant les deux Etats rivaux est rétablie le long du 38e parallèle.

Au Viêt-Nam, les communistes dirigés par Hô Chi Minh proclament l'indépendance en 1945. Mais la France bientôt soutenue par les Etats-Unis, engage une guerre contre les communistes vietnamiens soutenus par la Chien. Après la défaite de Diên Biên Phu en mai 1954, la France reconnaît l'indépendance du Viêt-Nam qui est divisé en deux le long du 17e parallèle : le Nord est communiste, le Sud est allié des Occidentaux.

3) Les Etats-Unis et l'Asie

Après la fin des empires coloniaux britanniques et français, les Etats-Unis deviennent la puissance dominante en Asie. Ils soutiennent tous les pays qui s'opposent au communisme.

Pour contenir l'expansion du communisme, les Etats-Unis signent des Traités avec leurs alliés : le Japon, l'Australie et la Nouvelle-Zélande, les Philippines, la Thaïlande et le Pakistan, la Corée du Sud, Taïwan.

En 1964, les Etats-Unis interviennent pour empêcher que le Viêt-Nam du Sud ne tombe dans le camp communiste. Après huit ans de guerre, le Nord communiste obtient le départ des américains en 1973 et parvient à réunifier le pays en 1975. Le Laos et le Cambodge basculent aussi dans le camp communiste. La puissance des Etats-Unis en asie s'en trouve affaiblie.

IV - La détente entre les deux Grands

1) Le rapprochement entre les deux Grands

Au début des années 1960, les Etats-Unis et l'URSS se trouvent dans une situation d'équilibre des forces nucléaires. Pour éviter tout risque d'une guerre atomique, ils engagent le dialogue. Les chefs d'Etat se rencontrent à plusieurs reprises. Le nouveau dirigeant soviétique Khrouchtchev se déclare favorable à la coexistence pacifique" avec l'Occident.

Des négociations aboutissent à la signature de traités limitant les armements nucléaires (accord SALT en 1972). Les Etats-Unis et l'URSS deviennent partenaires en signant des accords commerciaux et en inaugurant une coopération spatiale. Le vol spatial Apollo-Soyouz couronne le rapprochement entre les deux pays.

En 1975, la détente culmine avec les accords d'Helsinki où les Etats-Unis, l'URSS et les pays européens reconnaissent également leur coopération économique et réaffirment les principes des droits de l'Homme.

2) Les blocs affaiblis

La détente dans les relations Est-Ouest ne remet pas en cause la bipolarisation du monde formé de deux blocs dominés par les Etats-Unis et l'URSS. Pourtant, les deux Grands sont confrontés à des difficultés internes.

L'engagement des Etats-Unis dans la guerre du Viêt-Nam provoque la montée du mécontentement de l'opinion publique américaine : les manifestations et la presse dénoncent les atrocités de ce conflit. Les Européens critiquent également cette intervention américaine. Après leur retrait en 1973, les Etats-Unis doivent reconnaître leur échec au Viêt-Nam lorsqu'il devient totalement communiste en 1975.

L'unité du bloc communiste éclate après la brouille de l'URSS avec la Chine de Mao en 1960. Celle-ci conteste les choix de la politique extérieure de l'URSS et s'affirme comme une grande puissance capable de la concurrencer en Afrique, en Asie et à Cuba. Dans les démocraties populaires d'Europe de l'Est, des revendications de libéralisation économique et politique provoquent des soulèvements à Budapest en 1956, à Prague en 1968, en Pologne en 1980, brutalement réprimés par l'armée soviétique.

V - La décolonisation

1) Les mouvements nationalistes

Depuis le début du XXe siècle, des mouvements nationaux se constituent pour combattre la domination et l'exploitation coloniale. Les peuples colonisés revendiquent l'égalité et le droit de s'administrer eux-mêmes.

La seconde guerre Mondiale désorganise les colonies et ternit le prestige des Européens. La contestation grandit car les métropoles refusent d'appliquer les réformes promises pendant la guerre.

Les Etats-Unis, l'URSS et l'ONU réaffirment le droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Leurs déclarations encouragent les colonies à réclamer leur indépendance.

2) La décolonisation en Asie

Le Royaume-Uni est prêt à négocier avec son empire en Asie car il lui paraît impossible de rétablir son autorité. Il préfère donc abandonner sa souveraineté politique pour préserver ses intérêts économiques dans le cadre du Commonwealth. La décolonisation anglaise en Asie s'effectue pacifiquement entre 1947 et 1957 : en 1947, après deux ans de négociations, l'Inde devient indépendante. Elle est préparée par un transfert progressif des pouvoirs à des gouvernements nationaux ou "self-government".

La France et les Pays-Bas tentent au contraire de maintenir leur domination sur leurs colonies. Les indépendances sont acquises au prix de graves troubles comme en Indonésie néerlandaise ou d'une guerre d'indépendance comme en Indochine française (Viêt-Nam).

3) La décolonisation de l'Afrique

L'Afrique noire française connaît une évolution pacifique et gagne l'indépendance en 1958 (Guinée) ou en 1960 (toutes les autres colonies, sauf Ojiboute en 1977). Des liens de coopération économique, technique, militaire et culturelle sont maintenus avec la France.

En Afrique du Nord française, le Maroc et la Tunisie connaissent une période de troubles avant d'obtenir leur indépendance par la négociation en 1956. En Algérie, le soulèvement de 1945 est durement réprimé et la guerre déclenchée en 1954 ne se termine qu'en 1962.

VI - L'instabilité des pays du tiers-monde

1) La naissance du tiers-monde

Les nouveaux Etats d'Afrique et d'Asie, nés de la décolonisation, utilisent la tribune de l'ONU pour se faire entendre. Confrontés aux mêmes difficultés politiques et économiques, ils se regroupent pour condamner le colonialisme et rechercher une voie neutraliste entre les deux blocs.

Ils font naître le Tiers-Monde à la conférence de Bandoung, en 1955, où ils reprennent l'idée de la coexistence pacifique tout en insistant sur leur solidarité face aux pays industrialisés. A la conférence de Belgrade en 1961, ce troisième monde refuse de s'aligner sur le bloc américain ou soviétique : c'est le non-alignement. Pourtant, dès la fin des années 1960, ces jeunes Etats doivent choisir l'aide économique des grandes puissances et certains adoptent le modèle politique de l'URSS ou de la Chine.

2) Des conflits du Tiers-monde sont fréquemment traversés par des conflits internes provoqués par les rivalités ethniques, religieuses ou territoriales. En 1994, au Rwanda, un génocide cause la mort de 500 000 à 1 million de personnes.

Pour maintenir l'ordre et l'unité du pays, les pouvoirs en place sont amenés à demander l'intervention de puissances étrangères, d'anciennes puissances coloniales parfois. Ainsi, la France intervient-elle fréquemment en Afrique.

Des conflits entre Etats éclatent : invasion du Cambodge par l'armée vietnamienne en 1978, guerre Iran-Irak en 1980... Ces conflits ont des conséquences désastreuses. Ils limitent l'unité politique du Tiers-Monde et accroissent la misère des populations.

3) Des écarts économiques

Les situations économiques varient, opposant les pays de ressources minières et pétrolières à ceux qui en sont démunis. Seuls les pays pétroliers ont réussi à faire entendre leurs revendications. Ils ont créé l'OPEP et provoqué le premier choc pétrolier qui déstabilise les économies mondiales en 1973.

La crise économique et les différentes voies de développement ont contribué à entretenir l'éclatement du tiers-monde.

VII - Le monde au tournant du XXIe siècle

1) La disparition du bloc de l'Est

A partir de 1985, le nouveau dirigeant soviétique Mikhaël Gorbatchev relance la politique de détente. Les négociations sur le désarmement reprennent et l'URSS se retire des conflits où elle est engagée en Afrique et en Afghanistan.

L'URSS desserre sa tutelle sur les démocraties populaires, où les aspirations libérales se réveillent. La contestation, commencée en Pologne , aboutit à l'effondrement des régimes communistes en Europe de l'Est. Le mur de Berlin est ouvert le 9 novembre 1989 et l'Allemagne est réunifiée en 1990.

En 1991, l'Etat fédéral de l'URSS est remplacé par une CEI (Communauté d'Etats Indépendants) destinés à développer la coopération économique entre les anciennes républiques soviétiques.

Après la démission de Gorbatchev, l'éclatement de l'ex-URSS s'accélère. es guerres opposent les peuples des anciennes républiques soviétiques. En Europe, certains Etats se divisent : ex-Yougoslavie; ex-Tchécoslovaquie.

2) Un monde sous contrôle américain ?

Les régimes communistes se sont effondrés partout sauf en Chine, en Corée du Nord, au Viêt-Nam et à Cuba. Les relations économiques et militaires entre les membres du bloc soviétique ont disparu et les pays sortis du communisme s'intègrent progressivement aux organisations occidentales de type militaire, comme l'OTAN, ou économique, comme l'Union Européenne.

Les Etats-Unis sont désormais sont désormais la seule superpuissance et ils jouent le rôle de "gendarme du monde". En 1991, ils interviennent au nom de l'ONU dans la région du golfe Persique pour défendre le Koweït envahi par l'Irak et pour préserver leurs intérêts dans la première région exploitatrice de pétrole du monde.
L'affrontement Est-Ouest n'existe plus et le monde est sorti de la guerre froide. Mais les risques de guerre n'ont pas disparu. L'ONU est de plus en plus sollicitée pour résoudre les conflits régionaux qui restent nombreux : ex-Yougoslavie, région du Golfe, Proche-Orient (conflit israélo-palestinien)...

Les Etats-Unis sont aussi devenus la cible d'Etats et de mouvements qui refusent l'hégémonie américaine sur le monde. Des attentats visent les intérêts américains en Europe ou au Moyen-Orient. Le plus traumatisant est celui du 11 septembre 2001 contre les tours du World Trade Center à New York mené par des fanatiques islamistes. Cet attentat n'a pas remis en question la politique extérieure américaine.

VIII - La construction européenne

1) Les débats

En 1945, Jean Monnet (1888-1979) reprend une idée déjà ancienne de créer des Etats-Unis d'Europe. Mais avec la guerre froide, les premiers traités signées organisent la défense des pays de l'Europe de l'Ouest contre la menace communiste. Les Etats-Unis encouragent également les pays européens qui bénéficient du plan Marshall à coopérer pour faciliter le retour à la prospérité et préserver la paix.

En 1950, six pays (France, RDA, Italie, Pays-Bas, Belgique et Luxembourg) forment la Communauté européenne du charbon et de l'acier (CECA) pour relancer les échanges et la production industrielle. Un projet de défense commune, la Communauté européenne de Défense (CED), échoue en 1954 à cause de la crainte française d'un réarmement.

2) La communauté économique européenne

La réussite de la CECA pousse les six à élargir la coopération à d'autres secteurs de l'économie. En mars 1957, le traité de Rome établit la Communauté économique Européenne (CEE). Il instaure un marché commun permettant la libre circulation des personnes et des marchandises prévoyant la mise en place de politiques communautaires dans l'agriculture et les transports.

Les succès de la CEE provoquent de nouvelles adhésions : Danemark, Royaume-Uni et Irlande en 1973, Grèce en 1981, Espagne et Portugal en 1986.

Les institutions européennes se consolident. Depuis 1979, un parlement est élu au suffrage universel et siège à Strasbourg. Les décisions sont prises par une Commission établie à Bruxelles. Les chefs d'Etat et les ministres se réunissent régulièrement pour fixer les grandes orientations politiques.

3) L'union européenne

En 1986, l'Acte unique prévoit l'unification des lois et règlements et la disparition de tout contrôle aux frontières intérieures. Le Traité de Maastricht, signé en 1992, instaure une union économique et monétaire, avec la création d'une monnaie unique, l'Euro. Il renforce les liens entre les Etats en développant des politiques communes dans les domaines de la justice, de la police, de l'armée, de l'éducation et de la formation.
En 1995, la CEE devient l'Union Européenne car le Traité établit également une union politique. Les pouvoirs des institutions sont accrus et la citoyenneté européenne est reconnue. Pourtant, les désaccords entre Etats freinent le rôle international de l'Europe. Depuis 1995, l'Europe compte quinze pays (avec l'Autriche, la Suède et la Finlande).

En 2004, l'Union européenne doit s'élargir à 10 nouveaux Etats presque tous issus de l'ancienne Europe communiste.