La France depuis 1945


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I - De nouvelles bases pour la France

1) Des droits sociaux nouveaux

Aussitôt la victoire assurée, les mouvements et les partis engagés dans la résistance s'accordent sur une nécessaire transformation de la société en rupture avec la politique du régime de Vichy. En avril 1944, un décret de l'Assemblée consultative accorde le droit de vote et, donc, l'égalité politique aux femmes.

Au cours des années suivantes, c'est la mise en place de l'Etat-providence. En octobre 1945, la création de la Sécurité Sociale donne aux travailleurs la protection financière contre les risques liés à la maladie et à la vieillesse. Les droits du travail progressent avec la mise en place des comités d'entreprises dans les entreprises de plus de cinquante salariés.

2) La reconstruction menée par l'Etat

A la libération, le bilan économique est lourd : destructions, désorganisation de l'économie et pénurie. Le rationnement dure ainsi jusqu'en en 1948.

A partir de 1944, de profondes réformes des structures économiques sont entreprises. De 1944 à 1948, les nationalisations concernent les secteurs vitaux de l'économie : l'énergie (Charbonnages de France, EOF et GOF), les transports (Air France, transports parisiens), les banques, le crédit et les assurances. Renault rejoint également le secteur public.

En 1947, un plan de modernisation et d'équipement est mis en œuvre pour encourager la production et les exportations.

3) La nouvelle République

Les Français rejettent le rétablissement de la troisième République. Les partis majoritaires à l'Assemblée constituante (PCF, SFIO et MRP), rédigent un premier projet de constitution mais il est rejeté par référendum en mai 1946.

Le second projet est finalement adopté en octobre 1946. La IVe république est un régime parlementaire : l'Assemblée nationale, élue au suffrage universel, détient le pouvoir législatif et contrôle le gouvernement.

En désaccord avec ces projets, le Général de Gaulle démissionne le 20 janvier 1946 et propose en juin 1946 un régime où le pouvoir exécutif détenu par le président de la république l'emporte sur le Parlement. il devient alors un opposant déterminé à la IVe république.

II - L'œuvre de la IVe République

1) L'instabilité politique

En 1946, la IVe République est dominée par le tripartisme, coalition de trois grands partis issus de la Résistance : le PCF, la SFIO et le MRP. Mais les communistes, critiques sur la politique coloniale, la politique sociale et l'alliance avec les Etats-Unis, sont exclus du gouvernement en mai 1947. Une nouvelle coalition qui va des socialistes à la droite modérée se constitue : c'est la troisième force.

Cette alliance est également attaquée par le RPF créé par le Général de Gaulle en 1947 dans le but de réformer les institutions. Il s'ensuit une grande instabilité politique et gouvernementale car les coalitions de gouvernement sont fragiles.

2) La modernisation de la France

La double action de l'Etat et du plan Marshall permet une rapide reconstruction. Elle est suivie d'une période de forte croissance économique et surtout de modernisation des équipements du pays : électrification des chemins de fer, construction de barrages hydroélectriques, lancement de la Caravelle... Le plein emploi, le développement du crédit et la hausse des salaires stimulent la consommation.

Le grand changement vient du rôle moteur joué par la France dans la construction européenne. En 1951, elle entre dans la Communauté européenne du Charbon et de l'Acier (CECA). En 1957, elle signe le Traité de Rome qui met en place la Communauté Economique Européenne (CEE).

Mais en 1954, elle fait abandonner la Communauté européenne de défense (CED) intégrant la FRA, à cause de l'opposition des gaullistes et des communistes.

3) Les difficultés de la décolonisation

de 1946 à 1954, la France s'enlise dans un conflit coûteux en Indochine. La défaite française de Diên Biên Phu en mai 1954 pousse le président du Conseil, Pierre Mendès France, à signer les accords de Genève (21 juillet 1954) qui accordent l'indépendance au Viêt-Nam.

Quand, en novembre 1954, éclate l'insurrection algérienne, la France attachée à cette colonie de peuplement refuse toute négociation et se lance dans une nouvelle guerre. Impuissant à résoudre la crise, le régime est discrédité quand éclate le soulèvement d'Alger le 13 mai 1958.

III - De Gaulle et la Ve République

1) De nouvelles institutions

Nommé président du Conseil, de Gaulle obtient les pleins pouvoirs constitutionnels le 1er juin 1958. après le référendum du 28 septembre 1958, la Ve République est proclamée le 4 octobre.

La nouvelle constitution renforce le pouvoir du président de la République : il détient les pouvoirs traditionnels de la fonction (chef de l'Etat, droit de dissolution...) ; il nomme le Premier Ministre, peut consulter le peuple par référendum et gouverner par ordonnance en cas de situation grave (article 16). Le Parlement voit son pouvoir plus strictement limité à un rôle législatif.

2) La personnalisation du pouvoir

En 1962, le Général de Gaulle, au sommet de sa popularité après le règlement de la question algérienne, fait adopter par référendum le projet de l'élection du président de la république au suffrage universel direct.

De Gaulle utilise également tous les moyens à sa disposition pour rechercher le contact direct avec le peuple : voyages en provinces, discours et conférences de presse, utilisation de la télévision alors contrôlée par l'Etat. Les partis politiques de la gauche dénoncent ces pratiques, mais ils restent divisés dans l'opposition.

3) Une majorité assurée

En 1958, de Gaulle bénéficie d'une majorité parlementaire solide dominée par les gaullistes. Ceci lui permet le retour à la stabilité gouvernementale : Georges Pompidou est Premier Ministre de 1962 à 1968. Toutefois, l'usure du pouvoir se fait sentier. En décembre 1965, de Gaulle est mis en ballottage par François Mitterrand, candidat de gauche, lors des premières élections au suffrage universel direct. En mai 1968, un mouvement de protestation étudiante et une crise sociale généralisée fragilisent le pouvoir. Mal remis de ces évènements, il perd le référendum d'avril 1969 et démissionne.

Son successeur, Georges Pompidou, s'appuie sur la même majorité, mais il décède en 1974.

IV - La Ve République entre 1958 et 1974

1) L'achèvement de la décolonisation

Le Général de Gaulle fait du règlement de la guerre d'Algérie une priorité, mais il faudra pourtant encore quatre ans pour résoudre le conflit. Il mène d'abord une politique d'intervention militaire, puis il propose, en 1959, le droit à l'autodétermination pour l'Algérie malgré l'opposition des défenseurs de l'Algérie française. Les négociations avec le FLN aboutissent au cessez-le-feu par la signature des accords d'Evian le 19 mars 1962 et à l'indépendance de l'Algérie en juillet.

Parallèlement, de Gaulle accepte l'indépendance de l'Afrique noire en 1960. Il entame alors une politique de coopération entre la métropole et ses anciennes colonies qui préserve une partie des intérêts de la France en Afrique.

2) La poursuite de l'expansion

A son arrivée au pouvoir, de Gaulle accorde la priorité au rétablissement financier du pays. Il met en œuvre une politique de rigueur (dévaluation, hausse des impôts) et crée le nouveau franc en 1959.

De grands projets industriels, telle la construction du Concorde, sont lancés. L'agriculture est dynamisée par la mise en œuvre de la Politique agricole Commune (PAC) en 1962. Mais au plan social, peu de mesures de modernisation sont prises et le mécontentement éclate comme lors de la grève des mineurs en 1963 et lors des évènements de mai 1968.

3) Le "grand dessein"

L'objectif du Général de Gaulle est de redonner à la France un statut de grande puissance indépendante. L'alliance avec les Etats-Unis est maintenue, mais la France sort du commandement militaire de l'OTAN en 1966. Il entreprend une politique d'ouverture vers les pays communistes (reconnaissance de la Chine communiste, visite dans les pays de l'Est) et vers le Tiers-Monde.

Pour garantir l'indépendance, de Gaulle fait également le choix de la stratégie de dissuasion nucléaire. En 1960, al France dispose de la bombe atomique.

De Gaulle se résout à poursuivre la construction européenne, mais il privilégie les relations d'Etat à Etat (traité franco-allemand signé en 1963) et s'oppose à l'entrée dans la CEE du Royaume-Uni, jugé trop proche des Etats-Unis. Georges Pompidou l'acceptera finalement en 1973.

V - Les Françaises et les Français depuis 1974

1) Le droit des personnes et de la famille

De nouvelles lois élargissent des droits des personnes. Après la légalisation de la contraception en 1967, la loi présentée par Simone Veil légalise l'avortement depuis 1975. L'âge de la majorité est abaissé à 18 ans (1974). Constatant la faible représentation politique des femmes, la loi 1999-2000 "favorise l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et aux fonctions électives". En 1981, les députés votent l'abolition de la peine de mort à une très large majorité.

L'augmentation du nombre des divorces et l'évolution des mentalités font s'accroître le nombre de couples non mariés, des familles monoparentales ou recomposées. Instauré en 1999, le PACS (Pacte Civil de Solidarité) témoigne de cette évolution, non sans choquer les partisans des valeurs plus traditionnelles.

2) La question du travail

En 1981-1982, une grande réforme sociale est entreprise en faveur des salariés et des classes moyennes : loi de 39 heures de travail hebdomadaire, cinquième semaine de congés payés, droits accrus des salariés dans l'entreprise, retraite à soixante ans. Pour combattre le chômage, le gouvernement Jospin instaure la semaine des 35 heures en 2000.

Les droits des femmes au travail sont mieux garantis. Depuis 1965, elles peuvent exercer un métier ou ouvrir un compte en banque sans l'autorisation du mari. Le principe du salaire égal pour un travail égal est affirmé en 1972, mais il s'impose lentement. En 1983, une loi interdit toute discrimination professionnelle en fonction du sexe.

Des mesures ont permis de mieux prendre en charge les exclus de la croissance, comme la création, en 1988, du Revenu Minimum d'Insertion (RMI). Depuis 1999, la Couverture Maladie UNiverselle (CMU) garantit à tous l'accès aux soins gratuits.

3) Une culture élargie

Par les grands médias, radios, télévision, Internet, la culture à tendance à s'uniformiser. Elle se diversifie aussi en s'adressant à des publics variés, grâce à la libéralisation de la radio (1982) et la multiplication des chaînes de télévision.

Cette évolution vers une société des loisirs n'exclut pas que l'Etat cherche à permettre l'accès de tous à la culture ; il finance de grands projets tels la Cité des Sciences, le Grand Louvre, ou la Bibliothèque Nationale de France.

VI - La Ve République depuis 1974

1) Les alternances politiques

En 1974, Valéry Giscard d'Estaing est élu président de la République. Depuis 1958, pour la première fois, ce n'est pas un gaulliste qui dirige la France. En 1981, François Mitterrand, socialiste, lui succède : c'est la première alternance politique.

Réélu en 1988, François Mitterrand est resté président pendant quatorze ans, plus longtemps que le Général de Gaulle. L'élection de jacques Chirac en 1995 provoque une nouvelle alternance à droite. Il est réélu en 2002 pour cinq ans, suite de la réforme de la constitution.

Il arrive que le Président élu se trouve face à une Assemblée Nationale d'opposition. Dans ce cas, il peut utiliser le droit de dissolution pour provoquer de nouvelles élections législatives. Cette mesure est prononcée en 1981 et 1988 par Mitterrand.

2) La cohabitation

A trois reprises, le Président de la République et la majorité parlementaire sont issus de camps politiques différents. Ce sont les périodes de la cohabitation (1986-1988, 1993-1995, 1997-2002) qui provoquent de brusques revirements politiques. Ainsi, en 1986, le gouvernement de droite mène une politique de privatisation à l'opposé de la politique de nationalisation menée par la Gauche en 1981-1982.

Une sorte de partage des pouvoirs s'organise : le gouvernement mène la politique du pays ; le président de la République conserve un rôle important dans la politique étrangère. La cohabitation n'a pas empêché de poursuivre la construction européenne autour du pôle franco-allemand ou l'adoption du traité de Maastricht en 1992.

3) D'autres forces politiques

A l'Extrême droit, le Front National est représenté par des députés européens ou nationaux depuis 1984 sur un programme nationaliste et xénophobe. En 2002, son candidat, Jean-Marie Le Pen, est présent au second tour de l'élection présidentielle.

A gauche, de nouveaux mouvements se font entendre : les Verts placent l'écologie au centre de leur programme politique et l'extrême gauche communiste bénéficie du recul progressif du PCF.