Elisabeth Ière

(Greenwich, 1533 - Richmond, 1603)

Reine d'Angleterre de 1558 à 1603

Elisabeth Iere, dernière souveraine de la dynastie des Tudor, est née à Greenwich le 7 septembre 1533, fille de Henri VIII et de sa seconde épouse Anne Boleyn. Sa jeunesse est pleine de doutes, et ses chances de succéder un jour au trône semblent très minces au moment où son demi-frère Edouard naît en 1537. Elle est alors la troisième dans l'ordre de succession, derrière sa belle-sœur catholique, la princesse Marie. En effet, les catholiques la considèrent toujours illégitime et elle échappe d'ailleurs à la tentative d'exécution manquée de la reine Marie Stuart en 1554.

Elisabeth Iere accède au trône à la mort de sa belle-sœur en novembre 1558. Elle a une très bonne éducation (elle parle six langues) et a hérité de l'intelligence, de la détermination et de la perspicacité de ses parents. Son règne, long de quarante-cinq an,s est généralement considéré comme l'un des plus glorieux de l'Histoire d'Angleterre. Pendant son règne, une solide Eglise d'Angleterre est établie. Ses doctrines sont posées dans les 39 Articles de 1563, un compromis entre le Catholicisme et le Protestantisme.

Elisabeth Iere refuse « de faire des fenêtres dans les âmes de l'homme... il y a seulement un Jésus Christ et tout le reste est une dispute de bagatelle ». Elle invite à une uniformité extérieure. La plupart de ses sujets acceptent le compromis comme base de leur culte, et son règlement de l'Eglise sauve probablement l'Angleterre des guerres de religion qui dévastent la France dans la seconde moitié du XVIe Siècle.

Bien qu'autoritaire et capricieuse, Elisabeth Iere a un astucieux jugement politique et un bon choix dans la nomination de ses ministres ; ce sont notamment Burghley (Secrétaire d'Etat), Hatton (Lord Chancelier) et Walsingham (en charge du service des renseignements et aussi d'un Secrétariat d'Etat). En général, l'administration de la reine est composée de six cent officiers administrant les grandes charges de l'Etat, et un nombre similaire portant sur les territoires de la couronne (qui financent les dépenses administratives).

Le règne d'Elisabeth Iere voit aussi le début des voyages de découverte, comprenant ceux de Francis Drake, Walter Raleigh et Humphrey Gilbert, surtout sur le continent américain. Ces expéditions préparent l'Angleterre à un âge de colonisation et d'expansion du commerce qu'Elisabeth Iere reconnaît en établissant la Compagnie des Indes de l'Est en 1600.

Les arts fleurissent pendant le règne d'Elisabeth Iere. Des maisons de campagne, comme Longleat et Hardwick Hall sont construites, les peintures miniatures atteignent leur sommet, les théâtres se développent (la reine assiste à la première représentation de « Le songe d'une nuit d'été » de Shakespeare). L'image du règne d'Elisabeth Iere est celle du triomphe et du succès. La reine est régulièrement surnommée « Gloriana », « la Bonne Reine Elisabeth » et « La Vierge Reine ». Investissant dans des vêtements coûteux et des bijoux (pour rappeler son rang, comme tous les autres souverains contemporains), elle cultive cette image en voyageant à travers tout le royaume par des visites régionales appelées « Progrès », préférant monter à cheval plutôt quand dans un véhicule. Elisabeth Iere fait au moins vingt-cinq « Progrès » (visites) durant son règne.

Cependant, le règne d'Elisabeth est celui du danger et de la difficulté considérable pour beaucoup, avec des menaces d'invasion de l'Espagne par l'Irlande et de France par l'Ecosse. Beaucoup d'Anglais du nord sont en rébellion en 1569-1570. Une bulle papale de 1570 est émise spécialement aux sujets de la reine pour leur fidélité ; cette dernière fait voter de dures lois contre les Catholiques après la découverte de complots contre elle.

L'un des plus grands complots est celui qui implique Marie Stuart, reine d'Ecosse, qui a fuit en Angleterre après la mort de son second époux assassiné. Successeur probable, Marie Stuart passe dix neuf années prisonnière d'Elisabeth puisque Marie a mis sur pied une rébellion et des complots d'assassinat possibles, comme celui de Badington en 1586. Marie Stuart est aussi une tentation pour les envahisseurs potentiels, comme Philippe II d'Espagne. Dans une lettre datée de 1586, Elisabeth écrit à sa prisonnière : « Vous avez projeté... de prendre ma vie et de ruiner mon royaume... Je n'ai jamais avancé si sévèrement sur vous ». En dépit de la répugnance de la reine de prendre une mesure radicale, sur l'insistance du Parlement et de ses conseillers, Marie Stuart est jugée, tenue comme responsable et exécutée en 1584.

En 1588, aidée par le mauvais temps, la Navy anglaise remporte une grande victoire sur la flotte espagnole d'environ cent-trente navires (l'Armada). L'Armada est chargée de renverser la reine d'Angleterre et de rétablir le Catholicisme par la conquête grâce à Philippe II qui revendique le trône d'Angleterre par son mariage avec Marie Tudor.

Durant le long règne d'Elisabeth, le pays souffre aussi de la hausse des prix et de la dépression économique sévère, surtout dans les campagnes, dans les années 1590. La guerre contre l'Espagne n'est pas faite que de succès après la défaite de l'Armada. Solide, Elisabeth garde les rênes sur les dépenses du gouvernement mais laisse de larges dettes à ses successeurs. Les guerres pendant le règne d'Elisabeth sont estimées à une dépense d'environ cinq millions de livres sterling (de l'époque) que les revenus de la couronne ne peuvent éponger. En 1588, par exemple, le revenu annuel de la reine s'élève à une somme de 322 000 livres sterling.

En dépit de la combinaison des pressions financières et de la guerre prolongée après 1588, le Parlement n'est pas convoqué plus souvent. Il n'y a que seize séances des Communes durant le règne d'Elisabeth, dont cinq dans la période 1588-1601. Bien qu'Elisabeth ait un droit de veto de législation, elle évite la confrontation et ne tente jamais de définir la position et les droits constitutionnels du Parlement.

Elisabeth choisit de ne jamais se marier. Si elle avait choisi un prince étranger, il aurait très certainement mené l'Angleterre selon ses propres intérêts diplomatiques (comme pour sa sœur Marie Tudor qui épouse Philippe II d'Espagne) ; s'il ça avait été un Anglais, il aurait mené la reine dans des querelles internes de factions. Elisabeth utilise les possibilité de mariage comme un outil politique. Néanmoins, la « Vierge Reine » est présentée comme une femme désintéressée qui sacrifie son bonheur personnel pour le bien de la nation, avec qui elle est, en substance, mariée. Elle semble avoir été très populaire pour la majorité de ses sujets.

En général, l'astucieuse Elisabeth Iere est, quand bien même par nécessité, la direction décisive qui arrive à des succès pendant une période de grands troubles. Elle meurt à Richmond Palace le 24 mars 1603, devenue une légende de son vivant. La date de son accession au trône est une journée nationale depuis deux siècles.

A Mouvaux le samedi 31 juillet 2004,

Benjamin HUS