Deux pays face à la crise : la France - l'Allemagne


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En 1929, une crise économique profonde et durable éclate aux Etats-Unis. En effet, la prospérité provoque un grand engouement pour la bourse : augmentation de la production industrielle mais forte baisse de la consommation. Il n'y a plus assez d'acheteurs capables de payer : les bénéfices des entreprises diminuent donc et, à la bourse, leurs actions se vendent moins bien.

Le 24 octobre 1929, un Krach boursier éclate à Wall Street. Les cours s'effondrent. L'édifice de la prospérité s'écroule.

La chute de la production entraîne une très forte augmentation du nombre de chômeurs. Ils sont 12 millions en 1932. La misère se répand et la crise gagne tous les secteurs de la production : les agriculteurs ne pouvant plus payer leurs dettes sont expulsés de leur banque.

Mais la crise s'étend aussi au monde ! Le commerce international se restreint considérablement -> accumulation de stocks invendus. L'Europe est en faillite. Seule l'URSS échappe à cette crise. Cette sous-consommation américaine entraîne une baisse de ventes :

    -> chute de la production -> chômage -> chute de la consommation.

Si cette crise se propage sur l'ensemble du monde, à l'exception de l'URSS, cela est la conséquence du rapatriement des capitaux américains, la baisse du commerce mondial et l'effondrement des prix agricoles et industriels.


I) La France.

1) La France face à la crise

    a) Une crise politique

Après une période de prospérité dans les années 1920, la France connaît la crise économique à partir de 1931. Mais durant cette période, la crise est aussi politique : la France a pour régime la IIIe république. Cette République est dotée d'une Assemblée, et d'un gouvernement, responsable devant l'Assemblée. Mais durant cette crise, les gouvernements et son chef, le président du conseil, n'ont pas de majorité stable et sont souvent renversés ; il y a une grande instabilité ministérielle qui mécontente les Français. Le Président du Conseil doit souvent démissionner.

Une multitude de partis est présente à l'Assemblée. Ces aprtis forment des alliances ponctuelles et fragiles. Les principaux partis politiques sont :


à gauche - le Parti Communiste Français (PCF)

- la Section Française de l'Internationale Ouvrière (SFIO)

- Le Parti Radical (PR)

à droite - l'Action Française (AF)

- l'Union des Droites (UD)


La République est aussi secouée par des scandales, dont "l'affaire Stavisky", début 1934.

A l'Extrême-droite, des ligues se sont constituées, et attaquent le régime de la République parlement (contre la République et le Parlement). Ainsi, le 6 février 1934, ces ligues (Croix de feu, Jeunesse patriotes...) manifestent devant l'Assemblée, ce qui provoque une émeute pour renverser l'Etat instable. Bilan de cette émeute : 15 morts et 1700 blessés.

La gauche voit dans cet évènement une tentative de coup d'Etat fasciste. Ainsi, tous les partis de gauche, attachés à la République, s'organisent afin de manifester contre le fascisme ; le PCF, la SFIO et le PR forment le Front Populaire (le 14 juillet 1935). Le Front populaire adopte un programme électoral commun avec un slogan : "Le pain, la paix, la liberté".


    b) Une crise économique et sociale

La crise économique provoque aussi des fermetures d'usines qui entraînent des faillites d'autres secteurs (le banques, les transports, les ventes).

Mais surtout, le chômage se développe et les revenus des paysans diminuent, à cause de la chute des prix agricoles.

2) Le Front Populaire 1935-1938


    a) La victoire du Front Populaire en 1936.

Aux élections législatives des 26 avril et 3 mai, le Front Populaire (PCF, SFIO, PR) obtient la majorité absolue à la Chambre des députés.

Léon Blum, le chef de la SFIO, devient le président du Conseil avec le soutien des trois partis. Cette victoire entraîne une série de grèves dans tout ce pays pour faire pression sur les patrons et le gouvernement afin qu'ils engagent rapidement des réformes.

b) Le temps des réformes.

Léon Blum réunit les représentants des patrons et de la CGT qui signent le 7 juin les accords de Matignon. Ceux -ci prévoient des hausses de salaire et la création dans les entreprises de délégués au personnel élus pour les ouvriers.

De plus, les congés payés (15 jours) et la semaine des 40 heures sont votés par les députés. Les grèves cessent peu à peu. Le gouvernement du Front Populaire entreprend d'autres réformes dont la nationalisation des usines de guerre ou des chemins de fer -> Création de la SNCF en 1938.

Le Front Populaire introduit surtout un esprit nouveau. Pour la première fois, le gouvernement comprend des femmes : il se préoccupe de la science, de la culture, du sport et des loisirs (billet de train à tarif réduit pour les congés payés). Durant l'été 1936, beaucoup d'ouvriers partent pour la première fois en vacances.

c) La chute du Front Populaire.


En fait, dès 1936, le Front Populaire se fissure. Les communistes voudraient que la France s'engage au côté du gouvernement républicain espagnol en lutte contre le général Franco, alors que Léon Blum refuse d'intervenir. Par ailleurs, les radicaux doutent des réformes entreprises : ce sont eux qui mettent fin au Front Populaire en 1938 en faisant alliance avec la droite modérée. En avril 1938, le Front Populaire se disloque.

Après la démission de Blum, Edouard Daladier devient alors président du Conseil en Avril 1938. Après avoir signé les accords de Munich - sans trop d'illusions - avec Hitler en septembre 1938, inquiet de la menace allemande, il donne priorité au réarmement.


II) L'Allemagne.

    1) La République de Weimar (1918-1933)

a) Après l'abdication du Kaiser Guillaume II et l'écrasement du mouvement spartakiste, les Allemands élisent une Assemblée constituante. Réunie à Weimar, elle rédige une Constitution qui donne naissance à un république fragile.

b) La guerre de 1914-1918 a abattu l'Allemagne. En 1923, l'occupation de la Ruhr par les troupes françaises, qui veulent accélérer le paiement des réparations, désorganise l'économie allemande et déclenche une inflation vertigineuse. Mais après 1924, la croissance économique est très forte et la prospérité revient. La coalition de Weimar, formée de sociaux-démocrates et des partis du centre, gouverne.

2) Hitler : son parti, ses idées

a) Après la guerre, les organisations d'extrême-droite prennent de l'importance. Le parti national-socialiste (NSDAP ou parti nazi), dirigé par Adolf Hitler, est une de ces organisations. En 1923, Hitler tente un coup d'Etat à Munich avec les SA (service d'ordre au parti nazi), mais échoue. Après 1924, il se donne pour objectif la conquête légale du pouvoir et crée une garde personnelle, la SS, pour renforcer sa position au sein du parti.

b) Dans Mein Kampf (Mon Combat), Hitler livre ses pensées ultra nationalistes et racistes du nazisme. Selon lui, les Allemands appartiennent à la race supérieure des Aryens. Ils doivent donc éliminer les Juifs, qui les affaiblissent, ainsi que le communisme et la démocratie. Sous l'autorité d'un Führer (guide), ils regroupent ensuite tous les peuples de race allemande dans un même Etat avant de partir à la conquête de l'Europe de l'Est pour élargir leur "espace vital".

3) Hitler exploite la situation

L'Allemagne est un des premiers pays d'Europe atteints par la crisse née au Etats-Unis en 1929. Dès 1930, la production s'effondre. Il y a de multiples faillites et disparitions d'entreprises. L'agriculture perd ses débouchés. En 1932, le pays compte 6 millions de chômeurs. Les ouvriers et les classes moyennes sont les plus touchés.

Puisque les partis au pouvoir ne trouvent pas de remède à cette crise, beaucoup d'Allemand se tournent vers le parti communiste et surtout le parti nazi. Aussi, le parti nazi dénonce le Traité de Versailles, la République parlementaire, promet "du travail et du pain" et apparaît comme le meilleur rempart contre le communisme. En 1932, Hitler, chef des Nazis, est candidat à la présidence de la République contre Hindenburg, président sortant. Hitler est battu mais obtient 13 millions de voix. Le parti nazi devient, en 1932, le premier parti du Reichstag (parlement allemand).

Sous la pression des milieux capitalistes et des conservateurs, Hindenburg fait appel à Hitler, qu'il nomme chancelier le 30 janvier 1933. Comme en Italie pour Mussolini, l'arrivée au pouvoir de Hitler est légale.

III) Le Troisième Reich 1933-1945

-> la dictature nazie

1) Un Empire, un peuple, un chef.

a) L'Allemagne est rapidement mise au pas et nazifiée le 27 février 1933, le Reichstag, la Chambre des Députés, symbole de la République, est incendié. Cet évènement sert de prétexte à Hitler pour éliminer les communistes et obtenir les pleins pouvoirs. Il instaure le parti unique et supprime les syndicats. Au cours d'une purge sanglante, dite "nuit des longs couteaux" il liquide les chefs des SA 'service d'ordre au parti nazi) qui défendaient les idées anticapitalistes. A la mort du Président Hindenburg (1847-1934), en Août 1934, Hitler devient le maître absolu du pays en ajoutant au titre du Chancelier celui de Reich führer.


b) Tout le pouvoir appartient désormais au Führer, chef unique. Par le salut "Heil Hitler", chaque allemand proclame sa confiance absolue dans le Führer.


c) L'Allemagne devient un Etat unifié et centralisé : chaque Land est gouverné par un représentant direct du Führer. Le Parti Nazi, fort de près de 5 millions d'adhérents, contrôle l'administration locale.

2) Un système totalitaire.

a) Le régime nazi nie les libertés fondamentales. La société allemande est solidement encadrée et militarisée. Etudiants, médecins, enseignants, travailleurs...sont regroupés en associations nazies, réunies dans un Front du Travail Obligatoire à partir de 1935. Les mouvements de jeunesse embrigadent les jeunes pour en faire des sujets fanatisés, entraînés physiquement et militairement. L'appareil policier, dirigé par Himmler, est puissant et redoutable. Les SS et la Gestapo, police politique du parti créée en 1933 par Goering pratiquent les méthodes les plus brutales. Entre 1933 et 1939, un million d'Allemands sont envoyés en camps de concentration. La propagande, magistralement orchestrée par Goebbels, utilise tous les moyens d'information, presse, radio, cinéma pour mobiliser le peuple allemand.

b) L'hitlérisme se fonde sur une idéologie raciste. Hitler est convaincu de l'inégalité des races et de la supériorité de la race aryenne ( les Aryens sont un ensemble de tribus d'origine indo-européenne qui, à partir du XVIIIe siècle av. JC, se répandirent. Aryens -> "nobles") dont les Allemands seraient les meilleurs représentants. Il faut la préserver en éliminant les races inférieures ou corruptrices, juifs, marxistes, chrétiens..., et l'améliorer par l'aide aux familles de race pure et par stérilisation des individus tarés. Les Juifs sont les premiers à être victimes de l'application des idées racistes hitlériennes. Exclus de la société par les lois de Nuremberg en 1935, ils sont persécutés à partir de 1938 ("Nuit de cristal", 9-10 Novembre 1938) et éliminés à partir de 1941 : c'est la solution finale (entreprise d'extermination des Juifs et des tziganes, réalisée par les Nazis durant la Seconde Guerre Mondiale). Au nom de la pureté de la race, l'Etat assassine les handicapés et enferme les homosexuels dans les camps de concentration.

3) Une économie orientée vers la guerre

a) En 1933, il s'agit de remettre au travail 6 ou 7 millions de chômeurs. Dans ce but, le gouvernement lance une politique de grands travaux autoroutiers et urbains. Le régime permet à chaque Allemand d'avoir sa voiture particulière.

b) Mais à partir de 1936, Goering oriente l'économie vers la réalisation d'u n vaste programme militaire. L'autarcie (régime qui tend à se suffire à lui-même devient l'objectif prioritaire. En 4 ans, l'Allemagne doit être complètement indépendante de l'étranger. L'économie roule vers l'abîme. Les recherches sur les "ersatz" (produit qui en remplace un autre de qualité supérieure) se multiplient. Les résultats sont inégaux. Le chômage disparaît, l'industrie accède au 2e rang mondial, mais le pays reste dépendant.


IV La guerre menace l'Europe 1935-1939

1) Le réaménagement de l'Allemagne

A partir de 1935, en violation du traité de Versailles, Hitler réarme l'Allemagne : il rétablit le Service militaire obligatoire, remilitarise la Rhénanie et se lance dans la production d'armes modernes (tanks, avions...). Il crée aussi autour du Reich un réseau d'alliances : il apporte une aide militaire au général espagnol Franco, qui tente de s'emparer du pouvoir, et il s'allie à l'Italie fasciste (axe Rome-Berlin, puis pacte d'Aeur en 1939) et au Japon.

Le réaménagement signifie la fin de la crise économique car les commandes militaires de l'Etat relancent la production et, en 1939, le chômage a disparu. Mais pour financer ses dépenses, l'Etat s'endette beaucoup.

2) L'offensive du dictateur

Une fois le pays réarmé, Hitler décide de passer à l'offensive. Il pense que le Reich doit d'abord réunir tous les peuples de race et de langue allemande. En mars 1939, Hitler occupe l'Autriche et proclame l'Anschluss (rattachement de l'Autriche à l'Allemagne). En septembre, Hitler réclame le rattachement des Sudètes, une région de Tchécoslovaquie peuplée de Germanophones. Le gouvernement tchécoslovaque refuse mais par les accords de Munich (sept. 1939), la France, le Royaume-Uni et l'Italie se concertent à l'annexion ; les démocraties espèrent sauver la paix mais montrent surtout à Hitler qu'elles ne sont pas prêtes à réagir à ses agressions.

3) 1939 : le déclenchement de la Guerre

Mais très vite, Hitler envahit aussi la Bohême-Moravie (ouest de la Tchécoslovaquie), en mars 1939. Il souhaite aussi la Pologne ; pour éviter que l'URSS ne s'allie à la France et au Royaume-Uni contre lui en cas de guerre. Il signe le pacte de non-agression germano-soviétique (août 1939), moyennant le partage de la Pologne. Le 1er Septembre 1939, Hitler envahit la Pologne. Cette fois, la France et le Royaume-Uni décident de régir : le 3 Septembre, elles lui déclarent la guerre...