Les écrits (de Napoléon , etc..)


Napoléon a écrit pas mal de lettres (comme tout individu :-)) dans sa jeunesse, lorsqu'il correspondait avec sa famille située à Ajaccio.
 

Le 6 avril 1783, il trace ces lignes dans une lettre destinée à son père :
« Brienne, 6 avril 1783.

- Mon père, si vous, ou mes protecteurs ne me donnent pas des moyens de me soutenir plus honorablement, rappelez-moi près de vous, je suis las d'afficher l'indigence et d'en voir sourire d'insolents écoliers, qui n'ont que leur fortune au-dessus de moi, car il n'en est pas un qui ne soit à cent piques au-dessous des nobles sentiments qui m'animent !

« Eh ! quoi, Monsieur, votre fils serait continuellement le plastron de quelques nobles paltoquets, qui, fiers des plaisirs qu'ils se donnent, insultent en souriant aux privations que j'éprouve ! Non, mon père, non, si la fortune se refuse absolument à l'amélioration de mon sort, arrachez-moi de Brienne : donnez-moi, s'il le faut, un état mécanique ; que je voie des égaux autour de moi, je saurai bientôt être leur supérieur ; à ces offres jugez de mon désespoir ; mais, je le répète, j'aime mieux être le premier d'une fabrique que l'artiste dédaigné d'une académie.

Cette lettre, veuillez le croire, n'est pas dictée par le vain désir de me livrer à des amusements dispendieux, je n'en suis pas du tout épris. J'éprouve seulement le besoin de montrer les moyens que j'ai de me les procurer comme mes camarades.»

Il écrivit cette lettre au roi d'Angleterre, Georges III, afin de demander la paix. Cela déboucha sur la très fragile paix d'Amiens :


"Appelé par le voeu de la nation Française à occuper la première magistrature de la République, je crois convenable, en entrant en charge, d'en faire directement part à Votre Majesté.

La guerre qui depuis huit ans, ravage les quatre parties du monde, doit-elle être éternelle ? N'est-il aucun moyen de s'entendre ?

Comment les deux nations les plus éclairées de l'Europe, puissantes et fortes plus que ne l'exigent leur sûreté et leur indépendance, peuvent-elles sacrifier à des idées de vaine grandeur, le bien du commerce, la prospérité intérieure, le bonheur des familles ? Comment ne sentent-elles pas que la paix est le premier des besoins, comme la première des gloires ?

Ces sentiments ne peuvent pas être étrangers au cœur de Votre Majesté, qui gouverne une nation libre, et dans le seul but de la rendre heureuse.

Votre Majesté ne verra dans cette ouverture que mon désir sincère de contribuer efficacement, pour la seconde fois, à la pacification générale, par une démarche prompte, toute de confiance, et dégagée de ces formes qui, nécessaires peut-être pour déguiser la dépendance des États faibles, ne décèlent dans les États forts que le désir mutuel de se tromper.

La France, l'Angleterre, par l'abus de leurs forces, peuvent longtemps encore, pour le malheur de tous les peuples, en retarder l'épuisement; mais, j'ose le dire, le sort de toutes les nations civilisées est attaché à la fin d'une guerre qui embrase le monde entier."

Signé
BONAPARTE

Il déclara au corps administratif, le 1er janvier 1814, après la désastreuse campagne de France :


«Votre commission a été guidée par l'esprit de la Gironde. Au lieu de m'aider, vous secondez l'étranger !...Est-ce le moment de parler des abus quand deux cent mille Cosaques franchissent nos frontières ? Il ne s'agit pas de liberté et de sûreté individuelle, il s'agit d'indépendance nationale. N'étiez-vous pas contents de la constitution ? Il y a quatre ans qu'il fallait en demander une autre.»
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Voici le règlement de Ste-Hélène :

Les mesures de sûreté

NOTE D'ORIGINE, ANGLAISE, RÉDIGEE A SAINTE-HÉLÈNE,
SUR LA SITUATION DE NAPOLÉON,
COPIÉE PARTIE PAR GOURGAUD, PARTIE PAR PIONTKOWSKI



Bonaparte à Sainte-Hélène,

Par les rapports qui ont été reçus de Sainte-Hélène le 14 décembre, il résulte que les arrangements pour la restreinte du dernier usurpateur du trône de France dans les étroites limites de son présent confinement sont portés dans un plein effet.

Entre trois ou quatre milles de l'espace d'un petit village qui est relevé avec le titre de James Town, après avoir monté une étroite et tortueuse route bordée par des ravins et des précipices, vous atteignez une petite plaine d'un mille et un quart environ de longueur terminée par un affreux rocher suspendu à une considérable élévation au-dessus de la mer.

Environ au milieu de cette plaine est situé Longwood, qui sert au ci-devant tout-puissant corse soit de palais, soit de prison d'État, selon que son imagination embellit la scène. La maison, qui est petite, est entourée à chaque issue par des sentinelles régulièrement relevées. A un demi-mille en avant de la maison, est une petite maison où un officier de garde est stationné, ne souffrant pas qu'aucun individu passe sans un ordre écrit, signé de la main propre de l'amiral. L'autre front de la maison est à environ trois quarts de mille du rocher ci-dessus désigné. Sur un côté est un impraticable ravin ; sur l'autre, une inaccessible montagne.L'espace compris entre ces limites est tout ce qui est assigné aux mouvements du prisonnier d'État. II y a, d'ailleurs, dans l'enceinte un camp pour 250 à 300 hommes, et sur chaque éminence et sur chaque point qui puisse servir à garder ses mouvements à la vue, des sentinelles sont placées, qui, on peut dire, forment une ligne de circonvallation enfermant le monstre dans les toiles...

La sus mentionnée route de James Town est le seul chemin pour cette sûrement non heureuse vallée, mais sur toute cette route sont placés des piquets et des sentinelles de distance en distance. Tant de sûreté pour la mer. Celles pour la mer sont prises avec tant de soin qu'elles rendent l'échappe du prisonnier impossible. Aucun bâtiment ne peut s'approcher de l'île sans être vu, ou par les nombreux postes de signaux qui correspondent entre eux dans toute l'étendue de' l'île. Au moment qu'un bâtiment est en vue, les signaux en informent les bâtiments croisiers, dont il y a deux divisions qui se relèvent pour le service qui intéresse de regarder toujours l'Océan. Ils partent à une certaine distance et marchent dans telle direction que le vent et des circonstances demandent, jusqu'à ce que l'île est complètement entourée. Si un bâtiment des Indes ou d'un autre pays arrive, ils marchent tout de suite contre lui, l'examinent soigneusement et l'amène à l'amiral pour un dernier examen, si les circonstances le rendent nécessaire.

II n'est jamais permis à un bâtiment de jeter l'ancre, si ce n'est à un bâtiment de guerre du Roi, ou un Indiaman, et ces derniers sont soumis à des restrictions. Peu d'officiers peuvent débarquer et les capitaines même ne peuvent pas visiter l'intérieur de l'île. Les petits bateaux pêcheurs, qui vont à la pêche, sont exactement visités, à leur départ et à leur retour, on ne leur accorde que peu d'heures pour leurs occupations et on les tient toujours sous les canons du port ou des bâtiments de guerre. II est difficile, pour les personnes qui appartiennent à l'escadre, d'obtenir la permission de rester la nuit à terre; tous les individus sont obligés de quitter la terre avant le coucher du soleil, temps ou l'on lève le pont, qui n'est baissé qu'après le lever du soleil, et des bateaux de garde croisent pendant ce temps autour de l'île.

Telles sont les mesures pour empêcher les échappées du disturbateur du repos du continent. Les officiers militaires et de la marine assurent que ces arrangements offrent tant de sûreté que la nature des affaires humaines peut fournir contre l'échappée du plus adroit ou désespéré prisonnier.

 

Lettre (1) du commissaire autrichien, Stürmer, au prince de Metternich.

23 mai 1818

«Votre Altesse se convaincra de plus en plus que nous ne parviendrons jamais à rendre nos rapports avec le gouverneur aussi satisfaisants qu'il serait à désirer qu'ils fussent. Pour lui complaire, il faudrait ne penser, ne voir et n'agir que dans son sens et selon ses fantaisies, approuver toutes ses extravagances, ne pas prendre connaissance de ce qui se fait ici, se borner à mander que Bonaparte est en vie, ne jamais mettre le pied à Longwood, être à couteau tiré avec tous ceux qui se brouillent avec lui et dont le nombre augmente tous les jours, faire son espion et lui rapporter fidèlement tout ce qui se dit, enfin se tenir sur la sellette chaque fois qu'il le juge à propos et subir les interrogatoires les plus humiliants. Tout cela est incompatible avec notre position, avec les devoirs de notre place et même avec l'honneur."

Le commissaire autrichien, quitta l'île deux mois plus tard, avec l'accord du prince de Metternich. Le marquis de Montchenu représentera désormais la France et l'Autriche sur l'île. Au départ du commissaire russe en 1820, il représentera également la Russie.»

Cette lettre ci-dessous, relate assez bien les sarcasmes de Sir Hudson Lowe,
infligés à l'Empereur et son entourage :


Lettre du comte Bertrand à Las Cases


comte Bertrand
1773 - 1844

18 Juillet 1818.
« Les choses sont bien changées depuis votre départ, en l'année 1817, et celle-ci 1818. Les vexations envers l'Empereur sont devenues telles, qu'on doit les caractériser d'un attentat contre sa vie. Vous allez en juger par les détails : il ne se peut que vous n'ayez lu dans les journaux du mois de mars des observations sur le discours de Lord Bathurst ; mais depuis, les choses ont bien empiré, et la haine du gouverneur de ce pays n'a plus connu de bornes.« Quand vous êtes parti, l'Empereur avait renoncé à monter àcheval pour se soustraire aux pièges et aux insultes dont on voulait le rendre l'objet en le faisant insulter par les sentinelles. Depuis, il a dû se priver même de la promenade à pied pour éviter les mêmes inconvénients. Pendant les mois de mars et d'avril, l'Empereur sortait quelquefois pour venir chez ma femme, et quelquefois aussi il s'asseyait à cinquante pas de la maison, sur le banc que vous connaissez, où il restait une demi-heure ou une heure. On a trouvé le moyen de l'en empêcher et de l'obliger à ne plus sortir de la chambre. On savait que cela n'était pas très difficile : on mit pour jardinier un soldat du 66e ; on avait stationné chez moi un sergent d'ouvriers, l'un et l'autre fort utiles à la maison, soit pour ôter quelques mauvaises herbes qui pouvaient empester l'air (car aucun jardin n'est possible dans cette localité), soit pour raccommoder la maison, qui est en ruines et fait eau à chaque pluie. Cela paraît fort raisonnable. Mais le gouverneur a investi ces deux soldats du droit d'arrêter qui leur plaît, aux portes même et sous les fenêtres de l'Empereur.

Dès ce moment, il n'est plus sorti, et voilà plus de cent jours qu'il n'a pas même mis la tête à la fenêtre. « Ce climat, ce défaut absolu d'exercice, cette mauvaise habitation ont affecté sa santé, de manière que vous ne le reconnaîtriez plus. Depuis la fin de septembre 1817, il a eu les premiers symptômes d'une hépatalgie chronique, que vous savez être mortelle en ce pays. Il avait pour le soigner le bon O'Meara, en qui vous savez qu'il a confiance. Sir Hudson Lowe, dans le mois d'avril, au moment où ce médecin lui était le plus nécessaire, l'a forcé à donner sa démission, voulant lui imposer M. Baxter, que vous connaissez ; l'Empereur a refusé de voir aucun médecin. Il a été, depuis le 10 avril jusqu'au 10 mai, sans médecin ; et enfin les commissaires russe et autrichien qui étaient ici, indignés, ont fait connaître au gouverneur que si, dans cette circonstance, l'Empereur mourait, eux-mêmes ne sauraient que dire, si l'opinion se répandait en Europe qu'il avait été assassiné. Il paraît que cela a décidé le gouverneur à restituer le médecin ; mais il n'est sorte de mauvais traitements qu'il ne lui ai fait éprouver.

Ils ont voulu le faire chasser de la table des officiers du 66e, et ces braves militaires n'ayant pas voulu participer à un acte aussi arbitraire, il a fait donner lui-même l'ordre par le colonel, à ce médecin, de cesser de manger avec ses officiers. Il a écrit à Londres, et il est probable qu'on chassera ce médecin. L'Empereur n'en recevra aucun autre ; et si le prince-régent ou le lord Liver pool ne prennent pas connaissance de ce fait, il mourra ici de maladie, même privé de l'assistance de son médecin.

Cependant l'Empereur est très malade ; depuis deux mois il se lève à onze heures du matin et se recouche à deux heures. Il eut, il y a peu de jours, une crise très violente, produite par le mercure que le docteur O'Meara lui fait prendre : cela lui était indiqué pour le mal de foie. Le docteur O'Meara, fort effrayé de sa responsabilité, me proposa de faire appeler M. Baxter et le chirurgien du Conquérant. Ce sont les deux premiers médecins de ce pays. vous savez la répugnance que l'Empereur avait contre M. Baxter, fondée sur ce qu'il était un ancien chirurgien-major du bataillon italien que commandait sir Hudson Lowe. Cette répugnance depuis s'est fort accrue, parce qu'il s'est prêté, depuis le mois d'octobre 1817 jusqu'au mois de mars 1818, à rédiger des bulletins pleins de faussetés, et qui ont trompé son gouvernement et l'Europe.

« Le spectacle des humiliations, des vexations, de la haine auxquelles il est en proie, lui serait tout à fait insoutenable, si sa mère ou quelqu'un de ses frères venait à le partager. Même le comte de Montholon et moi, qui sommes seuls aujourd'hui auprès de lui, il nous a plusieurs fois engagés à partir, à nous soustraire à un pareil traitement, et à le laisser seul ; que son agonie serait moins amère s'il ne nous en voyait pas les victimes. Depuis longtemps vous savez que les officiers ne venaient plus chez moi ; mais sur la route, quand nous les rencontrions, ils avaient l'honnêteté de causer avec ma femme ; ils en ont eu la défense, non par écrit mais par insinuation ; de sorte qu'il est arrivé plusieurs fois que ces officiers, nous apercevant, se sont détournés de la route. « Les choses en sont venues au point que le linge sale reste plusieurs jours à être visité par le capitaine d'ordonnance, et quelquefois par l'état-major ..., scène fort indécente et fort déshonorante pour eux, mais qui n'a pour but que l'outrage et l'insulte.

« Depuis, en février dernier, le store-ship le Cambridge a apporté deux gravures du petit Napoléon, qu'il avait achetées sur les quais de Londres. Sir Hudson Lowe les a fait acheter, en disant que c'était pour en faire présent au père, et lorsqu'un mois après les officiers de ce bâtiment ont appris que c'était au contraire pour les lui soustraire, ils n'ont pu dissimuler leur indignation qu'un pareil trait fût fait par un Anglais. « Toute cette conduite du gouverneur ne peut pas être ignorée du gouvernement britannique. Si on s'est fait répéter à Londres, par lord Amherst, ce que lui a dit l'Empereur, si on a interrogé le capitaine Poppleton, qui a été deux ans officier d'ordonnance, et que vous connaissez, si on a interrogé le colonel Nicol du 66e, si on a interrogé le colonel Fehrzen du 53e, et tant d' autres, on a dû connaître quels ont été les indignes traitements qu'on se permet ici.

« S'il est des ennemis de l'Empereur en Europe qui eussent approuvé le gouvernement anglais s'il l'eût fait périr ouvertement et publiquement sur le Bellerophon, il n'en est aucun qui un jour ne couvre d'imprécations ni d'opprobre, et ne désavoue ceux qui le font périr d'une manière aussi lâche.»

Lettre (1) qu'écrivit le général Gourgaud à son retour
de Sainte Hélène, à l'impératrice Marie-Louise :

Général Gourgaud
1783 - 1852



Londres, 25 août 1818.

«Si Votre Majesté daigne se rappeler l'entretien que j'eus avec elle en 1814 à Grosbois, lorsque la voyant malheureusement pour la dernière fois, je lui fis le récit de tout ce qu'avait éprouvé l'Empereur à Fontainebleau, j'ose espérer qu'elle me pardonnera le triste devoir que je remplis en ce moment, en lui faisant connaître que l' empereur Napoléon se meurt dans les tourments de la plus affreuse et de la plus longue agonie. Oui, Madame, celui que les lois divines et humaines unissent à vous par les liens les plus sacrés, celui que vous avez vu recevoir les hommages de presque tous les souverains d'Europe, celui sur le sort duquel je vous ai vue répandre tant de larmes lorsqu'il s'éloignait de vous, périt de la mort la plus cruelle, captif sur ce rocher au milieu des mers, à deux mille lieues de ses plus chères affections, seul, sans amis, sans parents, sans nouvelles de sa femme, de son fils, sans aucune consolation.

Depuis mon départ de ce roc fatal, j'espérais pouvoir vous aller faire le récit de ses souffrances, bien certain de tout ce que votre âme généreuse était capable d'entreprendre ; mon espoir a été déçu. J'ai appris qu'aucun individu pouvant rappeler l'Empereur, vous peindre sa situation, vous dire la vérité, ne pouvait vous approcher, en un mot, que vous étiez au milieu de votre Cour comme au milieu d'une prison.

L'Empereur en avait jugé ainsi ;dans ses moments d'angoisse, lorsque, pour lui donner quelque consolation, nous lui parlions de vous, souvent il nous a répondu : « Soyez persuadés que, si l'Impératrice ne fait aucun effort pour alléger mes maux, c'est qu'on la tient environnée d'espions qui l'empêchent de rien savoir de tout ce qu'on me fait souffrir, car Marie-Louise est la vertu même. »

Privé donc du bonheur de me rendre près de vous, j'ai cherché, depuis mon arrivée ici, à vous faire parvenir ces nouvelles. Ce n'est qu'à présent qu'une occasion sûre vient de m'être offerte, et je me hâte d'en profiter pour vous faire parvenir cette lettre, plein d'espoir et de confiance dans la générosité de votre caractère et la bonté de votre coeur. Le supplice de l'Empereur peut durer encore longtemps ; il est temps de le sauver, le moment semble bien favorable. Les souverains vont se réunir au Congrès d'Aix-la-Chapelle, les passions paraissent calmées, Napoléon est loin d'être à craindre, il est si malheureux que les âmes nobles ne peuvent que s'intéresser à son sort.

Dans de telles circonstances, que Votre Majesté daigne réfléchir à l'effet que produirait une grande démarche de votre part, celle par exemple d'aller à ce Congrès, d'y solliciter la fin du supplice de l'Empereur, de supplier votre auguste père de joindre ses efforts aux vôtres, pour obtenir que Napoléon lui soit confié, si la politique ne permettait pas encore de lui rendre la liberté. Lors même qu'une telle démarche ne réussirait pas en entier, le sort de l'Empereur en serait bien amélioré. Quelle consolation n'éprouverait-il pas en vous voyant agir ainsi ! Et vous, Madame, quel serait votre bonheur : combien d'éloges, de bénédictions vous attirerait une telle conduite, que vous prescrivent la religion, votre honneur, votre devoir, conduite que vos plus grands ennemis peuvent seuls vous conseiller de ne pas suivre.

On dirait : Les souverains de l'Europe, après avoir vaincu le Grand Napoléon, l'ont abandonné à ses plus cruels ennemis. Ceux-ci le faisaient mourir du supplice le plus long et le plus barbare, la durée de son agonie le forçait à leur demander des bourreaux plus prompts, il paraissait oublié, sans secours, mais Marie-Louise lui restait, et la vie lui a été rendue...»

Signé

général Gourgaud

Saint-Denis dit ALI (valet de chambre de l'Empereur)(2)

Janvier 1821
«L'Empereur ne se souciant pas d'aller se promener dehors, fit établir dans le parloir une machine nommée bascule et vulgairement tape-cul, qui consiste en une longue pièce de bois supportée à son milieu par un poteau entaillé. Il espérait que le mouvement de monter et de descendre entretiendrait ses forces. Les deux extrémités de la pièce de bois furent façonnées en selles bien rembourrées, et un T en fer placé en avant pour les mains du cavalier. Comme l'Empereur était d'un poids assez fort, on chargea le bout qui était opposé au sien d'une quantité de plomb suffisante pour qu'il y eût égalité. C'était M. de Montholon qui montait habituellement. Cet exercice convint à l'Empereur pendant une quinzaine de jours environ et, ensuite, il l'abandonna.»


Général comte Bertrand (Mémoires)(1)

«21 janvier 1821. - Il fait mauvais temps. L'Empereur ne sort pas ; Napoléon a fait établir dans sa salle de billard une bascule. Il demande au grand maréchal s'il sait ce que c'est.

- C'est une machine de guerre. Est-ce pour servir à descendre sur un rempart ?
- Peu d' esprit pour un ingénieur, sacré f...

Il dit d'abord que c'est une balançoire pour les enfants enfin (que) c'est pour lui. Il paraît que ce sera un bon exercice s'il peut monter là-dessus une demi-heure par jour ; cela le fera suer.

Mme Bertrand rit de voir l'Empereur sur une bascule et dit qu'on en fera une caricature : l'Empereur d'un côté et tous les souverains de l'autre ne pouvant l'enlever, avec l'épigramme : remède pour l'hépatite. Le fait est que l'Empereur est très lourd, il pèse plus que Noverraz qui a plus de six pieds.»


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