Sa biographie

(Ajaccio, Corse, 1769- Longwood, Sainte-Hélène, 1821)

IV - Le sacre de l'Empereur

1) L'Empire

En 1804, l'opposition est toujours décelable. Un royaliste nommé Cadoudal, fomente un enlèvement du Premier consul avec le soutien des Anglais. Mais le 29 janvier 1804, la police le découvre à Paris et l'arrête immédiatement. Après son arrestation, Cadoudal parle, et affirme qu'un prince de France, de lien direct avec la dynastie des Bourbons, aurait remplacé le Premier consul après l'enlèvement. Le 15 mars 1804, sur le conseil de Talleyrand, fait arrêter et exécuter (le 21), Louis de Bourbon-Condé, du d'Enghien. La mort ne provoque aucune émotion. Joseph Fouché pousse le Sénat à inviter le Premier Consul à "achever son ouvrage en le rendant immortel comme la gloire". Le 18 Mai 1804, le Sénat vote à l'unanimité l'instauration d'un gouvernement impérial, proclamant Napoléon Empereur héréditaire des Français. Le 2 décembre 1804, à Notre-Dame de Paris, Napoléon Bonaparte est sacré "Empereur des Français", après avoir épousé religieusement Joséphine de Beauharnais. Assis derrière l'Empereur Napoléon Ier, le pape Pie VII lui souhaite l'éternité avant d'entonner le Te Deum. Le déroulement de la cérémonie fit l'objet de négociations subtiles avec le Saint-Siège. Le sacre est aussi le triomphe de la famille Bonaparte ; tous les frères et sœurs de l'Empereur sont présents hormis Lucien et Madame Mère, qui ne souhaitent pas se plier à l'étiquette impériale. Les grands dignitaires du régimes sont aussi présents Caulaincourt, grand écuyer, Eugène de Beauharnais, archichancelier d'État, Talleyrand, grand chambellan... Le 17 mai 1805, Napoléon est à Milan. Il est fait roi d'Italie, et à la demande des Génois, il annexe la République ligurienne à l'Empire et devient médiateur de la confédération helvétique. Empereur et roi, Napoléon Ier doit maintenant faire face à une nouvelle coalition menée par l'Angleterre...

2) L'Europe à feu et à sang

A partir du 16 mai 1803, l'Angleterre rompt la fragile paix d'Amiens. Mais, entre 1803 et 1804, personne ne va se battre. Il faut attendre 1805 pour que la troisième coalition s'engage dans une nouvelles guerre contre la France. En effet, l'Angleterre a persuadé l'Autriche, la Russie, la Suède et Naples à rejoindre la troisième. Alors que Napoléon Ier est à Boulogne, dans l'idée d'envahir l'Angleterre, rassemblant une énorme armée, il apprend que l'Autriche menace les frontières de l'Est de la France. Aussi Napoléon lève-t-il le camp et retourne ses troupes contre l'Autriche et les forces austro-russes. Les premiers sont défaits à Ulm le 20 octobre 1805, les secondes mises en déroute lors de la bataille d'Austerlitz, le 2 décembre. La cinglante défaite navale qui lui inflige l'amiral Horatio à Trafalgar, le 21 octobre 1805, lui paraît être effacée par les victoires. L'Autriche capitule à nouveau et doit signer le traité de Presbourg, le 26 décembre 1805. Selon les termes de ce traité, l'Autriche cède les acquisitions qu'elle avait faites sur la République de Venise en 1797 ; le reste est rattaché au Royaume d'Italie ou constitue les provinces Illyriennes. En outre, l'Autriche perd ses territoires allemands au profit de la Bavière et du Wurtemberg. Pourtant, la défaite de Trafalgar démontre à Napoléon qu'il ne pourra attaquer l'Angleterre chez elle. Aussi, Napoléon se fixe-t-il de combattre l'Angleterre par l'arme économique.

L'Empereur offre le royaume de Hollande à son frère Louis, le 5 juin 1806, fait couronner son frère Joseph à Naples. Le 30 mars 1806 après avoir fait abdiquer le Roi Bourbon. De plus, Napoléon regroupe seize états allemands dans la Confédération du Rhin le 12 juillet 1806.

Persuadé de sa supériorité, le roi de Prusse, Frédéric-Guillaume III (1770-1840) engage son pays dans une quatrième coalition. Avec la Prusse, l'Angleterre, la Russie et la Suède se joignent à cette coalition, tous inquiets du pouvoir grandissant de Napoléon, qui vient de dissoudre le Saint-Empire Romain Germanique de François II, le 1er Août 1806, le remplaçant par un pays beaucoup moins vaste, l'Autriche. Mais la Prusse est écrasée le 14 octobre 1806 à Iéna et à Auerstedt. Napoléon entre à Berlin le 27. De cette ville, il décrète le Blocus Continental, instrument principal de Napoléon à la lutte contre l'Angleterre. La Prusse battue, il reste alors la Russie. Napoléon et la Grande Armée avancent en Pologne afin d'y rencontrer l'armée russe. Il emporte une victoire très difficile à Eylau, le 8 février 1807.

En effet, Napoléon 1er a beaucoup de difficultés à manœuvrer son armée face aux armées russes du général Bennigsen. Véritable boucherie, le champ de bataille d'Eylau compte plus de 40000 blessés ou tués. Néanmoins, il décime l'armée ennemie à la bataille de Friedland, le 14 juin 1807. Ne disposant plus de forces nécessaires à la poursuite de la guerre, le Tsar Alexandre Ier (1777-1825) demande la paix. Le Traité de Tilsit, conclu sur un radeau au milieu du Niémen, entre l'Empereur et le tsar, émiette le royaume de Prusse et donne au frère de l'Empereur Jérôme, le royaume de Westphalie, le 16 Août 1807. De plus, le traité de Tilsit, signé le 7 juillet 1807, crée le Grand-Duché de Varsovie, le 22.

En Pologne, Napoléon noue une liaison avec Marie Walewska (1786-1817). Ce réel amour ne cesse d'exister que lorsque Napoléon est exilé. De leur union naîtra un enfant, le Comte Alexandre Walewski.

Le décret de Berlin de Blocus Continental est à l'origine de la Guerre d'Espagne et de l'invasion du Portugal. En effet, le Portugal lié depuis très longtemps avec le Royaume-Uni de Grande-Bretagne, accueille toujours à bras ouverts les marchandises anglaises alors que le Blocus est mis en application. Quant aux Espagnols, ils sont un frein au bon fonctionnement du Blocus. Donc l'étranglement de l'Angleterre passe par l'Espagne et le Portugal. Dès le 29 Novembre 1807, le Général Junot entre à Lisbonne. La famille royale des Bragance est détrônée et se réfugie au Brésil.

Le printemps 1808 s'ouvre en Espagne sur des désordres :

Le point critique est atteint, d'une part, lors de l'émeute d'Aranjuez qui, le 17 mars, déboulonne Goday, le favori, accusé de "despotisme ministériel" (Goday est le Premier Ministre de l'époque) et écarte le roi Charles IV.

Napoléon Ier en profite pour se "jeter" sur Madrid, sachant que 51000 hommes sont au Portugal et que 100000 soldats sont envoyés de l'Empire napoléonien.

C'est le Maréchal Murat, grand-duc de Berg, qui a l'honneur d'entrer le premier à Madrid, le 23 mars 1808, sans avoir rencontré de résistance...

D'autre part, avec la journée du 2 mai qui désigne clairement les nouveaux ennemis : les troupes françaises.

En effet, le 30 avril 1808, la famille royale espagnole est invitée par Napoléon à Bayonne, près de la frontière espagnole. Le dessein de Napoléon est clair : après avoir perfidement attiré à Bayonne toute la dynastie espagnole, il se dispose à proclamer leur résistance et à les arrêter, puis sous un prétexte ou un autre, il annexera l'Espagne à la France. Madrid s'indigne. Le 2 mai, l'insurrection éclate dans la capitale espagnole contre les troupes françaises qui occupent la ville. Murat noie le soulèvement dans le sang, mais ce n'est que les premières flammes du terrible incendie de la Guerre Nationale d'Espagne. Napoléon place sur le trône d'Espagne son frère, Joseph Bonaparte. Mais les Espagnols se révoltent à nouveau et chassent leur nouveau souverain. Malgré quelques victoires (Burgos, Somosierra, et Saragosse), la guérilla espagnole se prolonge, entretenue par les Anglais. Coûteuse en hommes et mobilisations, la guerre d'Espagne et le premier revers de l'Empire Napoléonien. De plus, les Espagnols résistant, la Grande Armée n'est plus invincible. Joseph devenu roi d'Espagne, Napoléon met sur le trône de Naples le maréchal Murat, son beau-frère, puisqu'il a épousé Caroline Bonaparte, la sœur de l'Empereur.

Alors que la plupart de la Grande Armée est en Espagne et subit les menaces permanentes des résistants espagnols, à l'Est et au Nord de l'Europe, les Autrichiens, animés d'un désir de revanche, se joignent, aux côtés des Britanniques, à la cinquième coalition, en avril 1809. Napoléon bat à nouveau les Autrichiens à Eckmühl (le 22 avril 1809) et surtout à Wagram (le 6 juillet 1809). De plus, Pie VII est mis en état d'arrestation, ayant désapprouvé les guerres incessantes de Napoléon. Napoléon occupe Vienne, où il signe un nouveau traité, le 14 octobre 1809. Il annexe l'Illyrie et États Pontificaux, plus Brême, Lübeck et plusieurs régions du Nord de l'Allemagne ainsi que la totalité du Royaume de Hollande, à la suite de l'abdication qu'il impose à son frère, l'indocile Louis Bonaparte qui a refuse l'application du Blocus Continental dans son royaume.

Cette époque marque l'apogée de l'Empire napoléonien, constitué de 130 départements et s'étendant sur pus de 750000 km², gouvernant 70 millions d'habitants.

3) Le chef dynastique

 

Napoléon organise une cour impérial, dite Noblesse d'Empire, digne des fastes de l'Ancien régime. Il crée la noblesse d'Empire pour récompenser ses plus grands généraux, maillons essentiels et fidèles de ses victoires. Il fonde des royaume en Europe, États satellites adossés à l'Empire, à la tête desquels il place les membres de sa famille.

En 1805, il désigne son beau-fils, Eugène de Beauharnais, comme son héritier en le nommant vice-roi d'Italie, dont il se proclame lui-même roi. Pour des raisons diplomatiques, Napoléon épouse la fille de l'Empereur d'Autriche, Marie-Louise, le 2 avril 1810, après avoir divorcé de l'Impératrice Joséphine qui ne lui a pas donné d'enfant. En s'alliant ainsi aux Habsbourg, il espère légitimer sa dynastie et particulièrement son fils, François Charles Joseph, le jeune roi de Rome, né le 20 mars 1811. D'ailleurs, la naissance du roi de Rome assure deux ans de paix relative où l'Empire connaît son apogée géographique. Malgré les dérives de grandeur imitées de l'Empire romain et de Charlemagne, Napoléon Ier réussit, par cette habile politique, à faire disparaître toute opposition intérieure.

4) Le bâtisseur d'une nouvelle nation

 

Tout en menant la guerre en Europe, Napoléon s'occupe de la France. Il exige une gestion sévère et habile des deniers publics, et cherche à équilibrer les recettes et les dépenses sans faire appel à l'emprunt. Les contributions étrangères enrichissent son budget et lui permettent d'entreprendre d'immenses travaux sur tous les points du territoire. Il prolonge ainsi l'œuvre réformatrice commencée sous le Consulat, à aboli la féodalité de l'Ancien Régime et à dessiner les prémices d'une unité européenne. Chaque État dépendant de l'Empire reçoit une constitution établissant le suffrage universel, créant un parlement et intégrant une déclaration des droits sur le modèle révolution. Le Code Napoléon est introduit partout, et la justice est réformée sur le modèle français. Napoléon propage le système administratif centralisateur et l'enseignement public, ouvrant à tous l'enseignement supérieur.

Napoléon dote la France d'institutions solides en créant l'Université, le conseil des Prud'Hommes (18067), la cour des comptes (1807). Sa politique de grands travaux l'amène à créer ou agrandir de nouveaux ports (Cherbourg, Anvers...). Il érige d'importantes lignes de navigation intérieure (Nantes - Brest). De nouvelles routes apparaissent ouvrant le commerce notamment en vendée. Mais surtout, il veut faire de Paris la plus belle des villes : canal Saint-Martin, cimetière du Père-Lachaise, unification du palais du Louvre et des Tuileries (achevée sous Napoléon III), Arc de Triomphe du Carrousel et sur les Champs-Élysées, et la colonne Vendôme sur laquelle est inscrite la campagne d'Austerlitz. Il veut dédier un temple à la gloire de la Grande Armée (ce qui deviendra l'Église de la Madeleine). La Bourse est également commencée, le Panthéon achevé... Le Blocus renforce l'industrie française, du moins au début. Les entreprises chimiques et textiles connaissent une prospérité nouvelle. Néanmoins, les entreprises liées à l'exportation sont contraintes à faire faillite.

Benjamin HUS

RETOUR SUITE

© 2004 - 2005   Bonhus & Manuvb   Tous droits réservés