Sa biographie

(Ajaccio, Corse, 1769- Longwood, Sainte-Hélène, 1821)

II - La Construction de la légende

1) Le général Vendémiaire

Renvoyé à l'armée d'Italie, il noue, à Marseille, une idylle avec Désirée Clary, mais doit quitter la Provence. Nommé commandant d'une brigade d'infanterie en Vendée, il se soucie peu d'accepter ce poste, qu'il juge sans intérêt et compromettant. Il se fait alors mettre en congé et traîne à Paris une vie découragée, promenant en tous lieux son visage hâve, ses cheveux raides et son doux regard. C'est au moment où il croit tout perdu, et sa carrière finie, que les circonstances travaillent pour lui. Les Thermidoriens sont dans une situation difficile, pris en tenaille entre les Jacobins et les royalistes qui se soulèvent. Frappant d'abord à gauche, ils écrasent le mouvement populaire le 12 germinal (1er avril 1795) et le 1er prairial (20 mai). Il leur fait ensuite se retourner contre la droite : la chance de Bonaparte est venue.

Une insurrection éclate le 11 Vendémiaire (3 octobre 1795) et la Convention organise aussitôt la résistance. Une commission de cinq membres dont Barras fut l'homme fort, est créée. Barras cherche un sabre et trouve Bonaparte, sans emploi, battant le pavé de Paris. Le général ordonne d'amener des canons, assure la défense de la Convention. L'insurrection est réprimée le 13 Vendémiaire an IV (5 octobre 1795), Barras a gagné, et Bonaparte fait figure de sauveur. Couvert d'honneurs, Bonaparte accède aux plus hautes charges. Il est fait général de division et nommé commandant de l'armée de l'Intérieure, donc chargé du maintien de l'ordre dans la capitale - énorme pouvoir pour qui sait se servir d'une semblable position. Le nom du "Général Vendémiaire" court alors sur toutes les lèvres, mais Bonaparte a d'autres ambitions. Il veut un grand commandement, et l'amitié du directeur Barras peut le lui faire obtenir.

2) La Campagne d'Italie (1796-1797)

Napoléon épouse l'ancienne maîtresse de Barras, Joséphine de Beauharnais, belle créole de six ans plus âgée que lui. Le mariage a lieu le 9 mars 1796, mais Bonaparte a d'autres idées en tête que la bagatelle...

Deux jours plus tard, Napoléon part pour l'armée d'Italie dont il a reçu le commandement en chef le 2 mars. Bonaparte pense en effet non sans raison, que l'Angleterre est intouchable et qu'elle le restera tant que la France ne sera pas assurée de la maîtrise des mers. Son alliée sur le continent, l'Autriche, est au contraire vulnérable à la fois par l'Allemagne, et par l'Italie. Devant l'obstination de Bonaparte, le Directoire et Carnot lui-même finissent par se rendre à ses arguments. Une grande offensive contre l'Autriche est décidée : une armée avancera par la vallée du Main, une autre par la Vallée du Danube, une troisième par les vallées du Pô et des Alpes autrichiennes. Cette dernière est confiée à Bonaparte, dont le rêve se réalise enfin.

Aussitôt, la Campagne d'Italie commence. Bonaparte est secondé par ses généraux : Masséna, Sérurier et Augereau, qui ont immédiatement subi son ascendant.

Bonaparte, qui a 36000 hommes, doit faire face à une armée austro-sarde de 70000 soldats. Le plan du général Bonaparte est de diviser les forces de l'Adversaire, de séparer l'armée sarde de l'Autrichienne et les combattre séparément. Les autrichiens sont d'abord vaincus les 12 et 14 avril 1796 à Montenotte et à Dego. Il tombe alors sur les Sardes à Millesimo, le 13 avril, à Mondovi, le 21. Découragés, ceux-ci signent un armistice, tandis que, sans leur laisser le temps de souffler, l'armée française se retourne contre les Autrichiens, qu'elle défait à Lodi, le 10 mai 1796.

Après le Piémont, la Lombardie tombe aux mains de Napoléon, qui fait une entrée triomphale à Milan. Bonaparte est alors conscient de la fragilité du Directoire et sait que tôt ou tard, un homme fort comme lui, ambitieux et couvert de lauriers, aurait son rôle à jouer. L'Autriche se retourne une fois, et c'est après une rude résistance qu'il parvient à remporter la victoire à Rivoli (14 janvier 1797) puis à Mantoue (2 février).

Désormais maître de l'Italie du Nord, il marche sur Vienne et parvient rapidement à 100 km de la capitale. L'Autriche vaincue, il lui impose un armistice, puis, le 18 avril 1797, les préliminaire de Leoben qui lui permettent de réorganiser l'Italie du Nord. Désormais, aucun autre capitaine ne peut concurrencer la fortune et la gloire de Bonaparte.

Le 17 octobre 1797, il signe le traité de Campoformio. C'est lui seul qui négocie. Ainsi, contre l'avis des directeurs, il abandonne Venise à l'Autriche qui, en échange, cède la Belgique à la France et reconnaît la République Cisalpine.

Le prestige de Bonaparte s'en trouve grandi. Pendant toute la campagne, Napoléon est un véritable génie militaire et un grand protagoniste. Il dirige tout, écrit tout, publiant bulletins et journaux glorifiant ses exploits.

Le 15 décembre 1797, Napoléon est de retour à Paris. Partout où il passe, c'est un événement.

3) L'expédition d'Égypte (1798-1799)

Le Directoire précipite le vainqueur d'Italie en Égypte pour contrecarrer la puissance anglaise et se débarrasser de lui. Campagne difficile, marquée par d'important revers (destruction en rade d'Aboukir de la flotte française commandé par l'Amiral Brueys d'Aigailliers, qui n'a pas fait le poids face à Nelson), par de nombreux massacres et par risque permanent d'enlisement dan un pays hostile, l'Égypte aurait dû mettre un point final à la carrière croissante du général Bonaparte.

L'armée d'Égypte, engagée en Syrie, est décimée par la peste de Jaffa et échoue au siège de Saint-Jean-d'Auc. Le premier succès est enfin remporté en juillet 1799, toujours à Aboukir, mais cette fois-ci sur terre. Confiant l'armée à Kléber, Bonaparte quitte le pays ; dans la France du Directoire, il apparaîtra auréolé de nouvelles et exotiques gloires, habilement mises en scène. Parallèlement, l'expédition d'Égypte comporte une dimension scientifique et intellectuelle, car Bonaparte embarque avec lui un groupe de savants : Monge, Berthollet, Geoffroy, Saint-Hilaire, Denon... Les volumes de la Description de l'Égypte, publiés à partir de 1809, connaissent une diffusion européenne, et le style "retour d'Égypte" fait fureur dans les décors intérieurs. Découverte en 1799 par l'officier Bouchard, la Pierre de Rosette fournira à Champollion la clé permettant de déchiffrer les hiéroglyphes (1822). L'égyptologie était née.

Benjamin HUS

 

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