Le siècle des Lumières et le désir des libertés

1700-1815

IV- REVOLUTIONS

1) La lutte pour l'indépendance de l'Amérique

Dans les années 1770-1780, le point de mire de l'Europe est l'Amérique. En effet, les idées de Locke et des autres philosophes ont réussi à se faire une place parmi les chefs de la révolution américaine. Beaucoup voient dans ces jeunes Etats-Unis d'Amérique la première application des théories des Lumières. C'est l'Europe qui a influencé ces colonies d'Amérique. La révolution américaine va avoir une influence considérable sur les mentalités européennes, qui souhaitent désormais abolir toute sorte de monarchie.

L'Angleterre dispose d'une puissante armée en Nouvelle-Angleterre. En 1763, le gouvernement anglais décide de faire payer de lourds impôts afin de supporter une partie des dépenses de la guerre contre la France ; c'est le début du conflit entre les treize colonies d'Amérique et le royaume d'Angleterre.

Indignés par ces mesures, non consenties par leurs assemblées, et qu'ils considèrent injustes, les colons protestent. En effet, le droit qu'ont les colons, sujets britanniques, de ne payer que les impôts qu'ils ont consentis a été violé. Le 16 décembre 1773, à Boston, une cargaison de thé venue des Indes orientales est jetée à l'eau par un groupe de colons, déguisés en Indiens. C'est la « Boston tea party » (la partie de thé).

En septembre 1774, les treize représentants des colonies, tiennent un premier congrès à Philadelphie, composé d'avocats, de médecins et de commerçants. Ils nomment le colonel George Washington au poste de commandant en chef de l'armée coloniale.

La Grande-Bretagne répond à ces menaces en établissant la Royal Navy le long des côtes américaines, afin de prévenir toute importation ou exportation de marchandises. Le 4 juillet 1776, la Déclaration d'indépendance, texte dont l'auteur est un avocat virginien de trente-trois ans, Thomas Jefferson , est adoptée. La Déclaration affirme que les hommes sont libres et égaux en droit et que la vie et la poursuite du bonheur sont des droits fondamentaux de l'Homme.

Evénement d'un grand retentissement mondial, les principes de la Déclaration d'indépendance est dans le droit fil des idées des Lumières. Unies et aidées par les Français et les Espagnols, les treize colonies imposent à l'Angleterre la naissance d'une nouvelle nation indépendante, les Etats-Unis d'Amérique du Nord. En 1783, par le traité de Versailles, l'Angleterre reconnaît officiellement l'indépendance des treize colonies et leur laisse le territoire situé entre les Appalaches et le Mississippi. A l'Ouest, la Louisiane redevient française.

2) Climat de malaise en France

La participation du gouvernement français dans la guerre d'indépendance de l'Amérique a considérablement augmenté les difficultés financières, qui sont déjà mal au point par la monarchie. Alors qu'une grande réforme sur la fiscalité s'avérerait idéale, aucun des gouvernements du roi Louis XVI ne souhaite entreprendre quoi que ce soit, si ce n'est quelques mesures timides. La couronne et les ordres privilégiés sont donc tenus comme responsable de ce malaise français par les critiques.

Les ordres privilégiés, ce sont le clergé et la noblesse, qui échappent, comme certaines villes, aux principaux impôts et charges, qui retombent sur les paysans et les artisans, les plus pauvres mais les plus nombreux du système. Noblesse et clergé, non seulement ne paient rien, mais obtiennent des grâces et des pensions qui épuisent l'Etat...qui se tourne vers les paysans.

Ces derniers sont redevables à leurs seigneurs de ce qu'on appelle les droits féodaux, en nature, en travail ou en argent. Leur origine souvent ancienne leur a fait perdre une part importante de leur rapport financier du fait de l'inflation ; elle a fait oublier leur raison d'être.

Deux facteurs majeurs vont être responsables du déclenchement des problèmes. Les récoltes agricoles de 1787 et 1788 sont désastreuses, et des difficultés d'approvisionnement augmentent considérablement le prix du pain. Les pauvres de la ville ont à peine les moyens d'acheter du pain. C'est la crise économique. Le deuxième facteur qui secoue la France de 1789 est une crise politique. Louis XVI , conscient des difficultés mais de caractère indécis, ne sait comment faire face. Nombre de ministres des Finances se succèdent, sans jamais trouver de solution, ou envisager un profond changement. Et lorsqu'un ministre présente une modification du système en mettant les trois ordres avec les mêmes droits et pour payer les impôts identiques, c'est une levée de boucliers de la part des privilégiés.

3) Les Etats-Généraux

Dans le but de faire voter de nouveaux impôts, le roi Louis XVI décide de convoquer les Etats-Généraux, ce qui ne s'est pas vu depuis 1614. Les trois ordres (le tiers état, la noblesse, le clergé) sont appelés à Versailles, salle des Menus Plaisirs, le 5 mai 1789.

Partout en France, l'on organise des élections pour se faire représenter grâce à des délégués. Des débats sont mis en place et permettent d'aborder le malaise de la France. Des cahiers de doléances dans lesquelles sont rédigées des revendications locales et surtout le besoin d'une constitution qui réformerait le gouvernement de la France sont présentés au roi. Retranchés dans la salle du Jeu de Paume à Versailles, les députés du Tiers état, conscients de représenter 93% de la population et soutenus par le bas clergé, font le serment de ne pas se séparer avant d'avoir rédigé une Constitution et se proclament Assemblée nationale le 20 juin.

A l'Assemblée, rien ne bouge, la noblesse ne manifestant aucune volonté de changement. A Paris et dans les villes, la colère et le désespoir gagnent progressivement la majorité des habitants. Le chômage, l'inflation, la disette menaçante et la famine échauffent les esprits et cela provoque des manifestations de violence, qui atteignent leur sommet le 14 juillet 1789.

A Paris, on craint que le roi en appelle aux troupes royales pour rétablir l'ordre et que les nobles ne s'organisent contre les réformes. Le 14 juillet 1789, la population pPriseBastillearisienne assaille la prison royale de la Bastille, symbole de l'autorité royale, et espère y trouver des armes. Le lendemain, Louis XVI cède en acceptant le drapeau tricolore, qui réunit les couleurs de Paris (Bleu et rouge) au blanc de la monarchie.

C'est le début d'une émigration massive vers les pays voisins des nobles, qui craignent une rapide propagation des troubles à travers tout le pays. L'Allemagne et l'Angleterre sont les deux principaux pays d'accueil. D'autre part, les paysans s'inquiètent des rumeurs selon lesquelles la noblesse aurait fait appel à des brigands pour saccager les campagnes. Des groupes de paysans sont formés et attaquent les châteaux, dans le but de détruire les registres terriers, où se trouvent les redevances qu'ils doivent à leurs seigneurs.

4) La société féodale, une époque révolue

Dans la nuit du 4 août, craignant une révolte des campagnes, l'Assemblée constituante vote l'abolition des privilèges et de la dîme ; les droits seigneuriaux sont abolis à condition que les paysans les rachètent. En quelques jours, le vieux système féodal tombe en ruine. Aussi, une grande partie des doléances sont satisfaites. Trois semaines plus tard, une Déclaration des droits de l'homme et du citoyen est adoptée. Elle consacre les deux années suivantes à doter la France de sa première constitution écrite.

En 1791, la Constitution fait du roi un souverain constitutionnel qui n'est plus au-dessus des lois mais lié par elles et tenu de les faire respecter. Le suffrage censitaire est adopté ; il consiste à donner le droit de vote à ceux qui paient un minimum d'impôts. La bourgeoisie est ainsi privilégiée. Les départements sont créés et ont un pouvoir d'administration locale.

La réorganisation de l'Eglise de France ne donne plus au pape qu'une autorité très affaiblie. Moines et religieuses sont incités à rompre des voux qu'il n'est plus nécessaire de prononcer. Les biens du clergé sont confisqués par l'Etat et seront ultérieurement vendus aux enchères. Chaque diocèse doit désormais correspondre à un département ; les évêques et les prêtres, élus localement, sont rétribués par l'Etat. Le Pape condamne ces nouvelles dispositions et la plupart des prêtres et évêques qui refusent de prêter serment de fidélité à la nation sont persécutés. Sans en avoir conscience, la Constituante vient, sinon de compromettre l'avenir de la Révolution, du moins rendre sa tâche plus délicate.

Louis XVI est poussé à ratifier cette « Constitution civile du clergé » même si, par conscience, il ne saurait approuver. La situation de Louis XVI est de plus en plus critique. Retenu prisonnier au palais de Tuileries avec la famille royale, il décide de s'enfuir, le 20 juin 1791. Son objectif : gagner l'est, franchir la frontière et tenter de se réfugier en Autriche, le pays d'origine de Marie-Antoinette, où il pourra reconstituer une armée. Mais la famille royale est reconnu et arrêtée à Varennes en Argonne. Le roi est contraint de regagner la capitale. Par cet épisode, le peuple sait désormais que leur souverain l'a trahi. Des révolutionnaires comme Marat et Robespierre, qui sont très influents dans les milieux politiques, montrent leur hostilité envers le roi. C'est le début de la fin...

5) Les puissances étrangères interviennent

Après son arrestation à Varennes en juin, Louis XVI suspendu de ses droits, les élus de la Constituante soumettent au roi le texte de la Constitution, qui introduit la séparation des pouvoirs. Louis XVI se résout à y prêter serment, le 13 septembre 1791. Mais la méfiance s'accroît à l'égard du roi, quand la menaces d'une contre-révolution des puissances étrangères apparaît.

Les souverains d'Europe s'inquiètent des répercussions de la Révolution française et se trouvent menacés, même si l'effacement de la France sur la scène internationale est appréciée. Cependant, les pays voisins ne veulent pas déclencher la moindre guerre contre la France.

Par stratégie, Louis XVI souhaite déclarer la guerre aux puissances étrangères car il y voit un moyen de retrouver ses anciennes prérogatives ; les républicains, qui ne sont pas dupes, n'attendent que la traîtrise du roi pour le juger et l'éliminer. La guerre entre la Révolution française et l'Europe est déclenchée le 20 avril 1792 par Louis XVI . Elle ne se terminera qu'en 1815...

La guerre, mal préparée, commence par une série de défaites françaises sur les frontières des Pays-Bas autrichiens. La Fayette n'a pas l'autorité nécessaire pour reprendre en mains l'armée française. D'autre part, le roi de Prusse, dont on espérait la neutralité, s'allie à l'Autriche, première puissance entrée en guerre.

Au début de juillet 1792, l'armée prussienne menace la France en Lorraine puis en Champagne et l'Assemblée législative proclame : « la patrie en danger » (10 juillet 1792). Les fédérés de provinces affluent à Paris, identifiant la défense de la France à celle des idéaux révolutionnaires. L'Assemblée législative, pour rétablir la situation, vote plusieurs décrets dont l'un prévoit la création d'un camp de fédérés pour protéger Paris. Le roi oppose sont veto et congédie les ministres girondins.

Tout s'accélère lorsqu'un noble français, réfugié en Allemagne, rédige la Manifeste de Brunswick (25 juillet) qui met Louis XVI dans une fâcheuse position car il proclame le désir de la Prusse et de l'Autriche de rétablir le monarque français dans ses droits. Le 1er août, la foule parisienne prend en connaissance. Les sections de sans-culottes parisiennes, qui se sont armées, et les fédérés exigent la déchéance du roi et, le 10 août 1792, prennent d'assaut les Tuileries. L'Assemblée vote la déchéance du roi et l'emprisonnement de la famille royale à la prison du Temple.

6) La République en danger

L'internement du roi rend la Constitution de 1791 caduque. Aussi, une Convention nationale, première assemblée élu au suffrage universel masculin, se réunit et proclame, le 21 septembre 1792, la Ire République. La veille, au pied du moulin de Valmy, les troupes des généraux Kellerman et Dumouriez arrêtent l'avancée prussienne. Cette modeste bataille sauve Paris ainsi que la Révolution et apparaît comme une victoire morale : une armée nationale et populaire a repoussé l'armée d'un « tyran ».

Les Français prennent l'avantage de la guerre à l'automne 1792. Après Valmy, les armées françaises portent la guerre à l'extérieur des frontières. La victoire de Jemmapes (6 novembre 1792) permet la conquête de la Belgique. La guerre est ensuite déclarée à la Hollande et à l'Angleterre. Souvent accueillis en libérateurs, les Français appliquent les réformes de 1789 ; mais l'enthousiasme ne dure pas à cause de leur comportement d'occupants et du versement d'indemnités de guerre. Néanmoins, la France pose le principe du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, incompatible avec le droit dynastique.

En 1793, Louis XVI est jugé et condamné à mort. Il est exécuté le 21 janvier 1793 après avoir déclaré « Je meurs innocent ». L'exécution d'un souverain fait réagir les cours royales européennes, qui forment la Première coalition afin de stopper la Révolution qui se développe en Europe.

La France doit évacuer la Belgique qu'elle avait occupée à la suite de la victoire de Jemmapes, en novembre 1792. Le général Dumouriez, qui commande l'armée du Nord, passe à l'ennemi. Devant le danger, la Convention ordonne, en mars 1793, une levée de 300 000 hommes. Les paysans de l'ouest n'ont pas accepté la Constitution civile du Clergé, l'exécution du roi et la vente des biens nationaux aux bourgeois, refusent de partir pour l'armée et s'insurgent. La guerre de Vendée commence. Les paysans se donnent pour chefs des nobles locaux, qui transforment le mouvement en contre-révolution. Les sans-culottes parisiens sont de plus en plus hostiles aux Girondins. Au printemps 1793, les Girondins ne parviennent pas à repousser l'ennemi. Les mesures qu'ils prennent contre les opposants de la Révolution semblent trop timides. L'émission d'une grande quantité d'assignats fait monter les prix et aggrave la peur. Le 2 juin 1793, 29 députés Girondins sont arrêtés ; les Montagnards sont désormais au pouvoir.

Maîtres de l'Assemblée, les Montagnards ne sont pas dans une situation enviable. La République et son unité sont menacées. Face aux puissances étrangères, les défaites militaires se succèdent. Les Vendéens remportent de nombreux succès. Les royalistes et les partisans des Girondins soulèvent les provinces ; à Paris, Marat, l'idole des sans-culottes, est assassiné ; à Lyon, Marseille, Avignon, les « fédéralistes » liquident les municipalités montagnardes : Toulon ouvre son port aux Anglais.

7) Le règne de la Terreur

Durant un an (juin 1793 - juillet 1794), le Comité du Salut Public, créé au sein de la Convention quelques mois auparavant, est entre les mains de douze montagnards qui se réunissent tous les jours. Il met en place un gouvernement d'exception, le gouvernement révolutionnaire, disposant de moyens exceptionnels, la Terreur. Les Montagnards luttent avec vigueur contre les envahisseurs. En août 1793, la levée en masse est décrétée : la Convention dispose de près d'un million d'hommes, commandés par de jeunes chefs « tenus de vaincre ». Maximilien de Robespierre (1758-1794) ont tous les pouvoirs ; les libertés sont suspendues pour défendre d'abord la République menacée.

La loi ses suspects ordonne la liquidation des ennemis de la République. Toute personne soupçonnée de trahison est guillotinée. Il est donc important d'afficher son soutien à la République en arborant ses emblèmes comme le bonnet phrygien ou la cocarde tricolore. Un tribunal révolutionnaire a pour mission de condamner à mort les suspects. On reprend souvent le chiffre de 40 000 personnes guillotinées à travers toute la France sous la Terreur. Des dizaines de milliers d'autres sont arrêtées sur des preuves quasi-inexistantes. On persécute tous les prêtres qui refusent de prêter serment.

Par peur de perdre leur vie, nombre de gens souscrivent au régime de Terreur dont le principal acteur est Robespierre, accompagné des Montagnards qui agissent par conviction profonde. Mais personne ne se sent en confiance et en sécurité.

La révolte fédéraliste puis l'insurrection vendéenne sont écrasées. Sur les frontières, les soldats de l'An II prennent de nouveau l'offensive. Mais le bilan est lourd -la Vendée ravagée par les colonnes révolutionnaires, a perdu le tiers de sa population- et les conditions de vie restent très difficiles pour le petit peuple.

La Terreur doit être arrêtée pour certains comme Danton puisque les victoires militaires sont là ; d'autres, au contraire, souhaitent une accentuation de la Terreur. Robespierre les fait tous exécuter, dont Danton en avril 1794. Robespierre impose alors sa propre terreur mais est renversé et décapité à son tour en juillet 1794.

8) L'ascension de Bonaparte

La Terreur prend fin à la chute de Roberpierre (9/10 Thermidor an II) ; c'est la « réaction thermidorienne ». Par crainte des Jacobins et des royalistes, la Convention thermidorienne adopte le 22 août 1795 une nouvelle Constitution : celle de l'An III. Le pouvoir exécutif est confié à un Directoire de cinq membres. L'Assemblée est remplacée par deux Conseils : le Conseils des Anciens, composé d'hommes mariés, âgés de quarante ans au moins, et celui des Cinq-Cents réunissant les députés de plus de trente ans. Ces deux Conseils ont le pouvoir législatif.

Mais ces conditions nouvelles mène le Directoire à une crise sans précédent. Aux élections d'avril 1797, les royalistes remportent une majorité de sièges. Immédiatement, ils demandent la paix. C'est pourquoi, les Directeurs craignant le retour à la monarchie et au jacobinisme en appellent à l'aide d'un général appelé Bonaparte pour mater et se débarrasser des royalistes. Napoléon Bonaparte par ses campagnes glorieuse dont celle en Italie (1796-1797) où il remporte de nombreuses victoires contre les Autrichiens. Il les oblige à signer le Traité de Campo-Formio (18 octobre 1797) et s'impose. Désormais, l'armée a une place indiscutable dans la vie politique.

Le seul ennemi restant en guerre contre la France est l'Angleterre. Par divers moyens dont l'Expédition d'Egypte (1799) dans le but de couper la route des Indes, on tente de le frapper, sans grand succès.

La Révolution française et le système de la levée de masse s'est imposé sur la scène politique. La France a agrandi par ses victoires son territoire, en annexant la rive gauche du Rhin et ce qui est aujourd'hui la Belgique, ainsi que la Savoie et Nice. L'art de la guerre est bouleversé par les méthodes françaises.

Les pays conquis par la France sont « libérés » et transformés en Républiques soeurs : la République batave (Hollande) en 1794, cisalpine (Milan) et ligurienne (Gênes) en 1797, helvétique et romaine en 1798... Ce sont des Etats satellites où les idées révolutionnaires véhiculent affaiblissant la féodalité et l'Eglise. Cependant, les troupes d'occupation pillent et réquisitionnent des trésors artistiques envoyés à Paris.

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