I- Athènes et la politique maritime
a) La situation géographique
- L ‘Attique…-
Au cœur du monde grec, sur une superficie de 2650 km², la péninsule de l’Attique, où se situe Athènes, s’avance en mer Egée.
Plus vaste que la moyenne des cités grecques, l’Attique n’est pas une riche région agricole. Les plaines où l’on cultive le blé sont peu nombreuses, étroites, bordées d’un littoral marécageux. Sur les pentes des collines poussent la vigne et l’olivier. Les montagnes occupent plus de la moitié du territoire.
Cependant, l’Attique possède un riche sous-sol grâce aux mines d’argent du Laurion et aux carrières de marbre du Pentélique.
Enfin, elle s’ouvre largement sur la mer avec 180 km de côtes profondément découpées. La mer est un atout : elle offre les ressources de la pêche et surtout facilite le commerce. Athènes est une petite cité par la taille, mais qui va connaître un rayonnement très important grâce à la mer.
b) La mutation de l’économie athénienne
- mutation par rapport à la mer ; voir au VIe Siècle avant JC –
Si une grande partie des produits est vendue par l’artisan et le paysan, le commerce est une activité importante. Celui-ci est avant tout maritime et méditerranéen. La suprématie du commerce de la cité est composé de l’arrivée du bois de Thrace, le blé d’Egypte et de Sicile et le minerais de Pont-Euxin. Athènes exporte ses vases, son huile et son vin. C’est dans cette atmosphère qu’apparaît la première monnaie, ce qui bouleverse considérablement la donne économique. La monnaie athénienne est frappée avec la tête d’Athéna et la chouette. C’est le tyran Pisistrate, soutenu par l’aristocratie, qui est le lien de ces deux atouts économiques. Il va habilement booster l’économie, tout ce dont sa cité a besoin. Ainsi, tout en restituant une partie des terres des nobles en faveur des petits paysans, Pisistrate fait beaucoup pour la vie économique. Il favorise l’industrie de la poterie en particulier ; celle-ci se met à prospérer. C’est l’annonce pour Athènes d’un développement considérable.
c) Les guerres médiques (490-479 avant Jésus-Christ)
- importance de la mer pour Athènes -
Le conflit qui oppose les Grecs aux Perses entre 490 et 479, prend racine lorsque le roi perse Darius décide d’envahir les cités ioniennes et qu’Athènes porte secours aux cités menacées, en 499. La première guerre médique est marquée par la traversée de l’Egée par Darius, qui est finalement battu au cours de la bataille de Marathon (490). La deuxième guerre médique, qui débute en 481, est déclenchée par Xerxès, soucieux d’appliquer la même politique que son père. Il envahit la Grèce et détruit et incendie Athènes (480). La flotte perse est cependant anéantie à Salamine (septembre 480). Un an plus tard, l’armée perse est définitivement vaincue. En 449, la paix de Callias entérine la liberté des cités grecques.
Ainsi par deux fois, Athènes joue un rôle primordial dans la défense de la Grèce face aux envahisseurs perses, en remportant deux victoires grâce aux forces navales. C’est pourquoi, ce conflit est à l’origine de l’hégémonie grecque et surtout de la domination de la mer.
II- L’hégémonie athénienne
a) La ligue de Délos
- signification…-
La ligue de Délos naît, en 476 avant Jésus-Christ, des victoires athéniennes de Marathon et de Salamine. C’est une alliance de cités pour bénéficier de la protection d’Athènes contre les Perses. Elle est ainsi nommée parce qu’elle adopte Délos, l’île sainte des Ioniens et sanctuaire d’Apollon comme centre politique et religieux. C’est d’ailleurs dans le sanctuaire d’Apollon que se réunissent les délégués des villes et qu’est conservé le trésor. A l’origine, toutes les cités sont indépendantes et égales entre elles. En 431, 238 cités sont mentionnées dans les listes du tribut : c’est l’extension maximale. En tant que chef de la ligue, Athènes n’a que la présidence et dispose du même nombre de voix que tout autre allié. Toute décision d’importance doit être soumise à une assemblée fédérale où tous les alliés disposent d’une égalité de voix. Athènes surveille la gestion financière et n’hésitera pas à l’utiliser pour embellir la cité (Parthénon, Acropole…).
b) Athènes : le centre de la Grèce
- Epanouissement et consolidation de l’Empire… Comment Athènes va asseoir sa domination ; importance de la mer-
Peu à peu, la ligue de Délos se transforme en empire athénien. La flotte est ainsi quasi-exclusivement athénienne. Les alliés doivent prêter serment de fidélité à Athènes et modeler leurs institutions sur les siennes (démocratie). La cité impose l’usage de sa monnaie et de celui de son système de poids et mesures. Parfois, une garnison athénienne s’installe sur place pour appuyer l’autorité de son envoyé spécial chargé de surveiller les alliés. Ces derniers continuent à verser un tribut, tous les quatre ans, fixé par la Boulé. Cet impôt devient considérable. Toute ville qui rompt l’alliance est coupable de trahison. Athènes s’autorise à puiser dans le trésor, destiné à la défense commune, à des fins qui lui sont propres. Le trésor de la ligue de Délos nourrit et appuie l’organisation politique d’Athènes, la démocratie. Les aristocrates qui conduisent la ligue non seulement lui font faire des progrès décisifs, mais répriment durement les révoltes, comme à Naxos en 470. Des colons athéniens sont envoyés sur les terres enlevées aux cités alliées.
Athènes influente ; Athènes impérialiste ; Athènes autoritaire. Telles sont les trois phrases qui peuvent résumer le développement considérable de la cité, la distinguant des autres. Sa démocratie vit de l’empire, de la richesse qu’il lui procure, grâce à la maîtrise de la mer, mais aussi des terres prises aux anciennes cités. Athènes pratique une politique de prestige utile à l’économie et décisive pour cimenter la communauté toute entière.
c) Le complexe Athènes – Le Pirée
- expliquer la construction ; style d’architecture ; forme ; plan du port ; qui est l’architecte ? Construction avec quel argent ?-
Le dernier élément qui va favoriser l’hégémonie athénienne et le contrôle de la mer est la construction d’un port révolutionnaire appelé Le Pirée (encore de nos jours le principal port de la Grèce), grâce au trésor de la ligue de Délos. Vers 445 avant Jésus-Christ, le philosophe, théoricien politique, urbaniste et architecte Hippodamos de Milet apporte de nouvelles donnes dans l’aménagement des villes. En effet, il met en œuvre un projet ambitieux : la construction d’un port, établi en damier, pour accueillir la flotte de la puissante Athènes.
Durant près de deux siècles, du VIIe au VI siècle avant Jésus-Christ, la rade de Phalère était l’unique port de la cité. Les Athéniens, sous la direction d’un homme avisé, Thémistocle, décidèrent l’établissement du Pirée. Pour Hippodamos de Milet, qui est architecte ionien, la cité idéale doit respecter un quadrillage orthogonal orienté suivant les points cardinaux. Les deux axes principaux découpent la ville en quatre îlots qui sont eux-mêmes redécoupés en lots géométriques en fonction des activités (sacrée, publique, privée) et des classes sociales (artisans, agriculteurs, combattants).
D’ailleurs, l’intense activité du Pirée, traduit bien la supériorité d’Athènes. A l’Ouest, le port de guerre abrite les trières ; à l’Est, sur les quais de deux petits bassins, accostent les vaisseaux marchands. La maîtrise de la mer assure à la cité l’indispensable ravitaillement en blé et lui permet de vendre son huile, ses vins et ses céramiques. Le Pirée est un centre de transit pour tout le commerce méditerranéen. En cas d’invasion, Athènes, reliée à son port par de longs murs protecteurs peut vivre grâce à la mer.
III- L’échec de la thalassocratie
a) La révolte des alliés
- pourquoi ? –
Alors que Périclès est à la tête d’Athènes pendant près de 14 ans, et fait rayonner la cité qui devient un incomparable foyer artistique, littéraire et intellectuel, le rendez-vous même de la pensée et de la beauté dans le monde méditerranéen, la volonté de domination de la cité provoque de vives résistances et jalousies. En effet, l’orgueil d’Athènes exaspère les cités restées indépendantes. La plus désireuse d’en finir avec l’arrogance athénienne est Sparte, alliée d’Athènes depuis les guerres médiques, qui forme une coalition constituée notamment de Corinthe et Thèbes. C’est une réaction contre la politique hégémonique et le comportement autoritaire envers le reste de la Grèce d’Athènes.
b) La guerre du Péloponnèse (431 – 404 avant Jésus-Christ)
- dates, faits, personnages -
Bien que les deux alliées des guerres médiques aient essayé d’éviter le plus longtemps possible un conflit ouvert, les dissensions fondamentales sont trop grandes. La guerre entre Athènes et Spartes éclate en 431 avant Jésus-Christ. La puissante flotte athénienne pille les côtes du Péloponnèse, tandis que Sparte, avec une armée supérieure, ravage chaque été l’Attique. Pendant le deuxième été de guerre, la peste frappe Athènes surpeuplée car protégée derrière les Longs Murs et décime sa population. Périclès lui-même en meurt.
A la longue, la ligue du Péloponnèse et la discipline militaire sévère de Sparte résistent mieux aux épreuves de la guerre. Les Spartiates, aidés par le roi des Perses, construisent une flotte, ce qui détermine l’issue de la guerre. Sparte inflige à Athènes des défaites dans les batailles navales décisives. En 404 avant Jésus-Christ , les Athéniens capitulent et doivent livrer leur flotte, dissoudre la Ligue de Délos et abattre les Longs Murs. La guerre du Péloponnèse a duré 26 ans.
c) Conflits intérieurs
- Athènes et la mer ; expliquer l’affrontement entre deux clans à Athènes ; parler de Socrate –
Le monde grec semble changé après la guerre du Péloponnèse ; la démocratie tombe en décadence du fait de querelles internes. D’un côté les sophistes, dont le principe est la pensée libre avec comme fondement le débat démocratique en dépit d’un subjectivisme et d’une dissolution de la morale collective ; de l’autre, un philosophe appelé Socrate qui, comme eux, s’entoure d’un groupe d’auditeurs qu’il provoque par ses questions impitoyables, en quête de vérité. Beaucoup d’Athéniens ont le sentiment que les sophistes sont en train de miner la base idéologique de l’Etat. Ils trouvent un bouc émissaire : Socrate. Il est accusé de blasphème et de débauche de la jeunesse à cause de ses raisonnements tenus pour du sophisme. Hors, Socrate fut toute sa vie opposé au relativisme démoralisant des sophistes. Il croyait en des valeurs absolues indépendantes de l’opinion de chacun : justice, vérité, Dieu…
Socrate est injustement déclaré coupable de corrompre la jeunesse par une très juste majorité. Cependant, le philosophe, par son arrogance, pousse davantage de juges à voter sa culpabilité : il est condamné à mort. Enfermé en prison, il n’est pas exécuté immédiatement car le vaisseau qui va tous les ans porter à Délos des offrandes à Apollon vient de partir et aucune exécution capitale ne peut se faire avant son retour. Le philosophe innocent reste donc trente jours aux enfers, continuant chaque jour à s’entretenir avec des amis. Le jour de l’exécution, saisissant la coupe de ciguë d’une main ferme, Socrate boit le breuvage mortel sans hésitation ni dégoût. Il meurt 399 avant Jésus-Christ
Conclusion
- synthèse de la dissertation ; ouverture sur un sujet traité sous forme de questions -
Athènes représente, dans l’Antiquité, l’unique vraie thalassocratie : elle dure près de trois quarts de siècle et a pour objectif stratégique de conserver à la cité la maîtrise de la mer à tout prix et pour objectif tactique de rendre la flotte efficacement offensive. Sans la domination de la mer, Athènes n’aurait ni pu ni su « régner » sur les autres cités grecques pendant près d’un siècle.
Néanmoins, Athènes a usé de l’impérialisme qui l’a mené aux armes et à sa défaite. A partir du moment où les cités ne furent plus unies, non seulement cela provoqua une désorganisation, la montée en puissance d’autres cités comme Sparte mais également la menace d’autres pays voisins… Au crépuscule de la puissance athénienne, la cité trouvera-t-elle enfin la véritable voie de la sagesse, en ne recommençant plus les mêmes erreurs qui provoquèrent sa chute ? Saura-t-elle en tirer toutes les conclusions qui s’imposent ? Athènes retrouvera-t-elle un jour le contrôle des mers ? |
