Résultats des élections présidentielles de 1958 et 1965


Par référendum du 28 octobre 1962, Charles de Gaulle fait remplacer le suffrage restreint par le suffrage universel pour l'élection du président de la République. Dans l'esprit du Général, comment s'est opéré ce cheminement ? Le discours-programme de Bayeux (1946) n'en fait pas encore état. Dans l'entourage du Général, quelques-uns de ses collaborateurs avaient manifesté leur opposition à l' élection du Président au suffrage universel. C'est le cas de Michel Debré qui, dans son livre Refaire la France publié en 1945, se montre hostile à cette thèse, écrivant que cela "signifierait que nos enfants seraient gouvernés par un général à la manière des pronunciamientos". De même en 1958, Debré se prononce contre le suffrage universel. Il y ajoute l'argument que l'Algérie pourrait, par exemple, voter pour un Président contre le gré de la majorité de la France métropolitaine (discours du 27 août 1958 devant le Conseil d'Etat). La Constitution française de 1958 prévoit donc l'élection du président de la République par un collège de 100 000 électeurs environ, élection qui porte le Général de Gaulle à la présidence de la République, le 21 décembre 1958, par 78, 5% des suffrages exprimés.Les choses en restent là pour trois ans.

En 1961, de Gaulle est pris de cours pas une déclaration de Jacques Richard, secrétaire général de l'U.N.R. (Union pour la Nouvelle République) qui, le 17 mars, Strasbourg, propose que le président de la République soit élu au suffrage universel. La réplique du Général ne traîne pas. Le 20 mars, il charge le ministère de l'information d'un démenti catégorique : "Toutes les informations se rapportant à des hypothèses de réforme constitutionnelle sont dénuées de fondement". Et pourtant, moins d'un mois plus tard, le 11 avril, Charles de Gaulle évoque lui-même cette idée et déclare que l'élection au suffrage universel de président de la République "peut être envisagée". En privé, le 30 décembre 1961, le Général de Gaulle, répondant au journaliste du Monde André Passeron, indique que la réforme pourrait intervenir dans le courant de l'année 1962. Le 8 juin 1962, il se montre plus précis, déclarant que "l'accord direct entre le peuple et celui que a la charge de le conduire est devenu dans les temps modernes essentiel à la République". "Depuis quatre ans, ajoute-t-il, en dépit des orages, nous sommes un grand peuple rassemblé (...) comme nous l'avons décidé alors, massivement et solennellement par le suffrage universel." Dès lors, le principe est publiquement défini. La réforme, en revanche, tarde à être promulguée. Fin août, à l'issue d'un Conseil des ministres, le ministre de l'Information annonce que le Général de Gaulle a fait part de son intention de modifier la Constitution "en vue d'assurer la continuité de l'État". Le 20 septembre 1962, de Gaulle annonce, au cours d'une allocution, le référendum qui doit décider de l'élection du président de la République au suffrage universel. Il aura lieu le 28 octobre 1962, le "oui" l'emportera par 62%.

l' ABCdaire de De Gaulle

 

ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE DU 21 DÉCEMBRE 1958

Résultat de l'élection : le scrutin a lieu au suffrage restreint. Un seul tour suffira.
Inscrits : 81 764 Votants : 81 290 Suffrages exprimés : 79 471

Ont obtenu :

De Gaulle 62 394 voix 78,5 %
Marrane 10 335 voix 13,1 %
Chatelet 6 791 voix 8,4 %

Charles de Gaulle est élu président de la République

ÉLECTIONS PRÉSIDENTIELLES DES 5 ET 19 DÉCEMBRE 1965

Première élection au suffrage universel direct !

Inscrits : 28 913 422 Votants : 24 502 957 Abstentions : 4 410 465

Blancs ou nuls : 248 403 Suffrages exprimés : 24 254 554

1er tour du scrutin : Il a plu ce jour-là, sur toute la France, mais les records de participation du référendum de 1958 et des élections du Front Populaire ont été battus. En effet, le 28 octobre 1962, le référendum sur l'élection présidentielle est adopté par 61,75 % des suffrages exprimés. Pour cette première élection au suffrage universel, il n'y a eu que 15,2 % d'abstentions, 0,8 % de bulletins blancs ou nuls. Mitterrand est en tête dans 20 départements (6 du centre, 14 du Sud-Ouest et du Midi méditerranéen), dans 37 des 80 communes de la Seine, dans 90 villes importantes. D'après les sondages, il aurait recueilli 87 % des voix communistes, 55 % des voix socialistes et radicales, 6 % des voix MRP.

De Gaulle : des ministres et ses partisans organisent chaque soir des meetings dans des villes différentes ; le plus important aura lieu le 14 décembre au palais des Sports de paris.

Mitterrand : Il organisera trois réunions à Nantes, Nice et Toulouse (où l'on dénombrera 25 à 30 000 personnes).

2nd tour de scrutin : la proportion des abstentions (15,6 %) est comparable à celle du 1er tour. Celle des bulletins nuls ou blancs est un peu plus élevé (2,3 %=). Les villes, les éléments catholiques, les femmes de plus de 35 ans ont, en général, voté pour de Gaulle ; les campagnes, les hommes, les jeunes ont préféré en majorité Mitterrand.

Ont obtenu :

CANDIDATS

1er TOUR

5 décembre 1965

2nd TOUR

19 décembre 1965

De Gaulle 10 828 521voix soit 44, 65%

13 083 699 voix soit

55, 2%

François Mitterrand 7 694 005 voix soit 31, 72 %

10 619 735 voix soit

44, 8%

Jean Lecanuet 3 777 120 voix soit 15, 57 % -
Jean-Louis Tixier Vignancourt 1 260 208 voix soit 5, 20% -
Pierre Marcilhacy 415 017 voix soit 1, 71% -
Marcel Barbu 279 685 voix soit1, 15% -

Charles de Gaulle est réélu président de la République pour sept ans (jusqu'en 1972). Mais il démissionnera en 1969

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