La Résistance


La Résistance, c'est quatre années, de 1940 à 1944, de lutte contre l'occupant et contre le régime de Vichy. La Résistance, c'est le combat de nombreux hommes qui y laissèrent parfois leur vie ( comme Jean Moulin et bien d'autres) par leurs actes nés de leur conviction, pour une France libre !

Le théoricien de la guerre

L'homme de la France libre

Tensions et ralliements

 

Le théoricien de la guerre

A la veille de la Seconde Guerre mondiale, le colonel de Gaulle (promu en 1937, mais éloigné par sa hiérarchie des milieux politiques) prend la tête des chars de la 5e armée, en Alsace. Mais ces poussières d'unités n'ont qu'un lointain rapport avec la vision gaullienne de " masse blindée ", encore moins avec les Panzerdivisionen. En janvier 1940, brisant une nouvelle fois le devoir de réserve, Charles de Gaulle adresse un mémorandum intitulé L'avènement de la force mécanique. Son allié Paul Reynaud devient bien président du Conseil en mars 1940, mais se trouve ligoté par le maintien de Daladier au ministère de la Guerre. Et rien ne bouge. Le 13 mai 1940, les Allemands crèvent le front à Sedan. A la tête d'une unité de chars, sans soutien aérien, le général de brigade ne peut qu'égratigner l'ennemi à Montcornet et Abbeville. Au moins a-t-il attaqué avec cran, tranchant dans l'inertie générale du commandement. Dix ans plus tard, il écrit : " Alors, au spectacle de ce peuple éperdu et cette déroute militaire, (...) je me sens soulevé d'une fureur sans bornes. Ah ! c'est trop bête ! La guerre commence infiniment mal. Il faut donc qu'elle continue. Il y a, pour cela, de l'espace dans le monde. Si je vis, je me battrai, où il faudra, tant qu'il faudra (...). Ce que j'ai pu faire, par la suite, c'est ce jour-là que je l'ai résolu. " La carrière politique de De Gaulle commence le 5 juin 1940, lorsque Reynaud le nomme sous-secrétaire d'État à la Défense. L'armée française est sur le point de rompre sur la ligne Aisne-Somme. Reynaud affronte au sein de son propre cabinet ceux pour qui la guerre est déjà perdue, emmenés par Philippe Pétain, vice-président du Conseil, et par Weygand, commandant en chef. De Gaulle est le pôle le plus solide de la politique opposée : continuer la guerre, quoi qu'il en coûte, ailleurs qu'en métropole, aux côtés de l'Angleterre. Churchill le remarque lors d'une rencontre à Londres, le 9 juin 1940. Chacun reconnaît en l'autre " l'homme de caractère " qui ne se rendra jamais. La semaine suivante, de Gaulle pousse toutes les initiatives capables de renforcer l'alliance franco-britannique et de soutenir la volonté de lutte de Reynaud : l'idée d'un " réduit breton ", le départ du gouvernement pour Alger... Reynaud, empêtré dans ses manœuvres, démissionne le 16 juin. Aussitôt, le président de la République Albert Lebrun appelle Pétain. Dès lors, de Gaulle n'a plus aucune fonction politique, sa liberté même est menacée. Dans la matinée du 17, il s'envole vers Londres alors que Pétain annonce la demande d'armistice. Le lendemain, il lance son premier appel à la résistance sur les ondes de la BBC. le 28 juin, le gouvernement britannique le reconnaît comme " chef des Français libres ". Le Rubicon a été franchi. De Gaulle n'est plus qu'un déserteur aux yeux des autorités de son pays. Le 2 août, il est condamné à mort par contumace.

L'homme de la France libre

L'objectif de De Gaulle ? Poursuivre la guerre. Vaste programme, vu la faiblesse des moyens. Aucune personnalité d'envergure ne rallie la France libre des débuts, à la seule exception du juriste René Cassin. Charles de Gaulle, " général politique ", qui " n'écoute rien " d'après Jean Monnet inquiète ceux-là même qui sont opposés à Pétain. Sa raide intransigeance et son autoritarisme font le vide. " Quant à moi, commentera-t-il a posteriori, qui prétendais gravir une pareille pente, je n'étais rien, au départ. (...) Mais ce dénuement même me traçait ma ligne de conduite. C'est en épousant, sans ménager rien, la cause du salut national que je pourrais trouver l'autorité. (...) Les gens qui, tout au long du drame s'offusquèrent de cette intransigeance ne voulurent par voir que, pour moi, tendu à refouler d'innombrables pressions contraires, le moindre fléchissement eut entraîné l'effondrement. Bref, tout limité et solitaire que je fusse, et justement parce que je l'étais, il me fallait gagner les sommets et n'en descendre jamais plus " (Mémoires de guerre).
Qui, à l'été 1940, est avec de Gaulle ? 4 500 soldats, 86 navires de guerre sans marins, quelques centaines d'aviateurs : l'embryon des Forces françaises libres (FFL) ; une poignée d'hommes d'affaires (René Pleven), d'intellectuels (Maurice Schumann, Gaston Palewski) ; et des " sans grade ", issus des classes moyennes, échappés de France, en majorité des régions côtières. L'attaque de la flotte française de Mers el-Kébir, le 3 juillet 1940, par les Britanniques, empêchera les ralliements sur lesquels de Gaulle comptait le plus : ceux des grands territoires coloniaux. C'est contre eux qu'il fait donner ses maigres forces. Il échoue devant Dakar, mais le commandant Leclerc, en son nom, s'empare du Cameroun, de l'Afrique équatoriale et du Gabon. L'Afrique noire sera la base territoriale de la France libre. La rentrée dans la guerre se fait aux côtés des Britanniques, notamment en Libye, où la brigade de Kœnig retarde Rommel à Bir Hakeim (mai-juin 1942). Apprenant la nouvelle, de Gaulle, avare de démonstrations, se met à sangloter...

Tensions et ralliements

De Gaulle doit aussi lutter contre les empiètements britanniques et assurer partout la souveraineté française dont il s'estime dépositaire. Il provoque la fureur de Roosevelt, qui le déteste, en s'emparant de Saint-Pierre et Miquelon en décembre 1941. Il accepte le combat fratricide en Syrie, contre les troupes vichystes, en juin 1941. Il va jusqu'à menacer Churchill de rompre l'alliance lorsque celui-ci fait occuper Madagascar, territoire français, à l'automne 1942. La grande crise entre Français libre et Alliés intervient après le débarquement au Maroc et en Algérie, le 8 novembre 1942. Soucieux de mettre l'armée française d'Afrique au combat, les Américains jouent la carte de l'amiral Darlan, puis du général Giraud, vichystes patentés. Il faudra à de Gaulle une année de lutte pour se débarrasser de Giraud et rester seul président du Comité français de Libération nationale. Encore est-ce le ralliement de la Résistance intérieure qui fait basculer le rapport des forces en sa faveur. Qu'en est-il des rapports entre de Gaulle et les combattants de l'ombre ? Admiration et suspicion résument le point de départ. De Gaulle admire ceux qui luttent sur le territoire national ; mais la forte participation communiste, la réapparition des partis politiques, à ses yeux discrédités, l'inquiètent et l'irritent. les résistants, eux, saluent le courage du solitaire de Londres. Néanmoins ce général autoritaire n'est-il pas un homme de droite, une variante patriote de ce Vichy abhorré ? De Gaulle et la Résistance intérieure mettront deux années pour cheminer 'lun vers l'autre. Jean Moulin sera la clé de ce cheminement. La tension entre de Gaulle, les Alliés et la Résistance resurgit lors de la Libération. Aux Américains qui veulent imposer une administration militaire, de Gaulle oppose ses propres commissaires de la République. Le 14 juin 1944, il va installer lui-même à Bayeux le premier d'entre eux. Autre pouvoir concurrent : celui des divers comités et milices résistants qui s'installent dans le vide laissé par Vichy. Sans états d'âme, de Gaulle les met au pas. L' État, en sa personne, est rentré chez lui. A ceux qui le pressent de proclamer la République à l'Hôtel de Ville, il refuse net, arguant que la République n'a jamais cessé de vivre à travers la France libre. Le 25 août 1944, de Gaulle arrive dans Paris encore bruissant des combats de la Libération. Le lendemain, c'est la descente triomphale des Champs-Élysées. Enfin, les Français voient ce " général-radio "...

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