Mai 68


Durant les Trente Glorieuses, la France connaît une réelle prospérité mais les inégalités restent fortes. Dès le début des années 1960 des grèves éclatent et d'autres formes de contestation apparaissent. La guerre d'Algérie soulève de vives protestations. La jeunesse, qui s'ouvre à d'autres cultures, supporte mal une société figée qui ne semble pas prendre en compte ses aspirations. Les femmes, dont la place économique s'accroît revendiquent l'égalité des droits.

La rigidité du régime gaulliste et, après 1965, l'usure du pouvoir font également naître une contestation plus politique. En mai 1968, la conjonction de ces mécontentements provoque une crise majeure.

 

Survenue brusquement, la crise de mai 1968 fait éclater en plein jour les lignes de faille d'une société marquée par l'inadéquation entre les valeurs traditionnelles, héritées du XIXe siècle, et les réalités nouvelles issues de la croissance et de la consommation que connaît la France de l'après-guerre. Le coup d'envoi vient de l'université de Nanterre. Inaugurée en 1963 au cœur d'un bidonville peuplé de population immigrée, elle symbolise les contrastes insupportables d'une société désormais tourné vers le profit et oublieuse des déshérités. Le 22 mars 1968, le mouvement de contestation s'empare de la salle du Conseil de la faculté, conduit par un étudiant en sociologie, Daniel Cohn-Bendit. Attentif aux mouvements étudiants qui embrasent l'Europe, il cherche à associer les étudiants aux "travailleurs en lutte". Mais les "Gaullistes" ne semblent répondre à aucun projet spécifique. Se faisant l'écho d'une aspiration vague, ils voudraient abolir les hiérarchies, démanteler l'autorité et dessiner une société où l'imagination se donnerait libre cours. Après la fermeture de Nanterre (2 mai 1968), qui est chaque jour depuis le mois d'avril le théâtre de manifestations spectaculaires, l'agitation se transporte au centre de Paris à l'université de la Sorbonne.

Le point culminant de cette phase de bouillonnement est "la nuit des barricades" (10-11 mai). Le Général de Gaulle donne les directives les plus nettes : assurer avant tout le maintien de l'ordre et arrêter tous ceux qui tentent de le troubler. Il accepte cependant, après beaucoup d'hésitation, d'effectuer un voyage présidentiel en Roumanie le 14 mai. Pendant son séjour, le conflit social se généralise. De retour de Roumanie, de Gaulle s'adresse à la nation : "La réforme, oui, la chienlit, non." Le message reste sans effet. La France est en panne. Les syndicats se livrent à des dialogues de sourds. Des hommes politiques tels que Pierre Mendès France, François Mitterrand ou Waldeck-Rochet se placent du côté des étudiants et des intellectuels. Syndicats ouvriers et patronaux se réunissent au ministère des Affaires sociales. Engagé dans la négociation syndicale, Georges Pompidou, alors Premier ministre, voit poindre du côté de la CGT (Confédération Générale du Travail) le début d'une crise qui menace de devenir dangereuse. Le 27 mai à l'aube, il établit avec la CFDT (Confédération Française Démocratique du Travail) et la CGT réunies le protocole des accords de Grenelle qui prévoient notamment une augmentation du SMIC de 35%. Mais ces accords ne sont pas entérinés par la base syndicale et la grève continue. Ce sont quatre jours terribles, du 25 au 28 mai. La Bourse brûle, les barricades s'enflamment, les slogans pleuvent. Le 29 mai, de Gaulle disparaît, va rencontrer le général Jacques Massu à Baden-Baden (Allemagne), afin de s'assurer du soutien militaire. La manœuvre est couronnée de succès. le 30 mai, au cours d'une allocution télévisée, le Général retourne la situation en appelant à l'action civique des Français pour soutenir le pouvoir. Il ressort cependant affaibli de cette crise : un an plus tard, il quittera la tête du pays...

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